
Amplement une ligne ouune rangée ; car vcrfus vient
de vertere, qui fignifie tourner ; 8c quand 1 écrivain
eft au bout de fa ligne , il faut qu’il retourne , 8c le
le fleur tout de même. Voÿc{ Menagii obferv. in Dio
Laèrtii, l. IV. n°. 2 4. S. Jérôme dit aufli dans fa préfacé
à fa verfion latine de Daniel, que Méthodius ,
Eufebe 8c Apollinaire avoient_ répondu aux objections
de Porphyre contre l’Ecriture, multis yerfuum
miLLibus, c’eft-à-dire dans des ouvrages qui conte-
noient plufieurs milliers de lignes ; car ces auteurs
ont tous écrit en profq. Cornélius N cpos, dansEpa-
minondas, l .X V L v j . dit : Uno hoc volumine vitas
excellentium virorum concludere çonflituimus , quorum
feparatim multis millibus verfuum comp litres fcriptores
ante nos explicarunt, Jofephe , à la fin de fes antiquités
, dit que fon ouvrage contenoir vingt livres 8c
foixante mille vers ou Jtiques. Voye{ V erset , Critiq.
facrée. ( D . J. )
STIRI, ( Géog. mod. ) montagne de la Turquie
européenne, dans la’Livadie, avec un village qui lui
a communiqué fon nom, 8c qui eft l’ancienne S tins.
On voit fur cette montagne le monaftere d un her-
mite de ce defert, qu’on nomme le couvent de S. Luc
Stirite, 8c qui eft l’un des plus beaux de toute la
Grece ; il eft compofé de plus de cent caloyers, qui
s’occupent dans leurs cellules 8c dans lés campagnes
à divers ouvrages nécefîaires ; leur eglife eft-belle 8c
bâtie à la greque. Voye%_ ce qu’en dit 'NS^heler dans
fon voyage deDahnatit. ( D . J.f) . . .
ST1RIE, en allemand STEYER, (Géog. mod.) province
d’Allemagne, 8c l’un des états héréditaires de
la maifon d’Autriche, au cercle de ce nom. Elle a
pour bornes l’archiduché d’Autriche au nord , la Hongrie
à l’orient , laCarniole au midi, la Carinthie 8c
l’archevêché de Saltzbourg à l’occident. Elle étoit anciennement
comprife partie dans la Pannonie & partie
dans la Norique. Elle fut fous la .domination des
ducs de Bavière jufqu en 1030, que l’empereur Conrad
II. l’érigea en marquifat ; Frédéric I. érigea ce
marquifat en duché, 8c par la donation qu’il en fit
à Léopold, duc d’Autriche, fon beau-pere , du consentement
des états du pays, la Stirie pafla dans la
tnaifpn d’Autriche. Cette province a 32 lieues de
long fur 20 de large. C ’eft un pays fort montagneux,
arrofé de la Dr-ave , du Muer , 8c d’autres rivières ,
défert 8c ftérile dans fa plus grande partie, mais
abondant en mines de fer. Ç>n le divife en haute &
baffe Stirie. Gratz en eft la capitale. (D . J .)
STIRIS , ( Geog. anc. ) ville de la Grece dans la
Phocide. Paufanias , l. X . c. xxxv. dit : « On ne va
» pas feulement de Chéronée dans la Phocide par
» le chemin qui mene à Delphes7, ni par celui qui
» traversant Panopée , pafl'e auprès de Daulis , 8c
» aboutit au chemin qui fourche ; il y en a encore
» un autre fort rude,.-par lequel ên montant prefque
>> toujours , on arrive enfin é. Stiris, autre ville de la
» Môcide. ‘ Ce chemin peut avoir fix-vingt ftades de
>> longueur ». ; -, ..- jfl||jB| ,-!•/ .•/
Les^fin/w.fe vantoien.t.d’ être athéniens d’origine.
Ils difoient qu’ayant fuivi la fortune de Peteiis, fils
dïOrneus , chaffé d’Athènes par Egée , ils vinrent
s’établir dans un coin de la Phocide, où ils bâtirent
une-ville qu’ils nommèrent Suris , parce qu’ils étoient
la'plûpart de la bourgade Stirium ou S te ire a , quîfai-
fpit partie de la tribu Pandio.nide. Us habitoient fur la'
cime d’un roc fort élevé ,8c par'cette raifon ils man-
qup-ient fouvent d’eau, particulièrement en été : car
ils n’a voient que des puits, dont l’eau n’étoit pas
même fort bonne : aufli ne s’en fervoient-ils qu’à fe
laver 8c à abreuver leurs chevaux. Ils étoient obligés
de defcendre quatre ftades pour aller chercher de
l’eau d’unefontaine creufée dans le roc, . ..
• O11 voypit à Stiris un temple de Cérès, furnom-
jhé Stiritis : ce temple étoit bâti de briques crues ;
mais la déetfe étoit du plus beau marbre , 8c tenoit
un flambeau de chaque main. Près de cette ftatue, il
y en avoit une autre • fort ancienne , couronnée de
bandelettes , 8c ces peuples rendoient à Cérès tous
les honneurs imaginables. 1 - ■ .
De Stiris à Ambryffuni, on comptoit environ 60
ftades, 8c l’on y alloit par une plaine qui étoit entre
deux montagnes. Le chemin étoit bordé de vignes
à droite 8c à gauche , 8c tout le pays étoit un vignoble
; mais entre les ceps de vigne , on élevoit une
efpece de chêne-verd.
Stiris , félon M. Spon ,i voyage de Grece, tome II.
fublifte encore aujourd’hui, 8c conferve fon ancien
nom : car on l’appelle Stiri j mais ce n eft plus qu’un
village. ( D . J . )
STJRITIS, ( Mythol. ) Cérès avoit un temple à
Stiris ville de Phocide , fous le nom de Cirés Stiritis
dans lequel on lui rendoit, dit Paufanias, tous
les honneurs imaginables. Ce temple.étoit bâti de
briques; mais la deeffe étoit du plus beau marbre , 8c
tenoit un flambeau de chaque main. ( D . J. )
STIRONE , LE, (Géog. mod.) riviere d’Italie dans
leParmefan. Elle afafource dans les montagnes, ÔC
après s’être groflie de la Vezola 8c de laParola, elle
fe jette dans le Tarro. ( D . J. )
STIVA , le m o n t , ( Géog. mod.) montagne de
la Turquie européenne, dans la Livadie. C ’eft le
Cyrhis des anciens , félon M. Spon. Les Grecs l’ont
appellé Stiva , d’un village de ce nom qui eft au-
deflus. (D - J -) (
STOÆ, ( Antiq. athén.) çôeti ; c’eft ainli -que les
Athéniens nommoient leurs portiques plantés d’arbres
pour la promenade , de fieges pour fe repofer ,
8c de cabinets de feuillage pour fe retirer ou pour
’ cpnverfer. Potter, archceol. groec. 1. 1. c. viij. t. I. p.
j 8. Voyez aufii le mot Portiq ue. (D. J.)
STOB I, ( Géog. arïc. ) ville de la Macédoine dâns
laPélagonie. Il y a apparence qu’elle prit fes adcroif-
femens 8c fon luftre.aprèsv la deftruélion de Pélago*
nia, métropole de la province-: car perfonne , depuis
Tite-Live , ne fait mention de cette derniers
ville, au-lieu que Stobi eft fort connue. Pline, L. IV.
c. x . en fait une colonie romaine. Il en eft parlé dans
le digefte , leg. ult. de cenjib. 8c on a des médaillés de
Vefpafienôc de Trajan, où elle a le titre à& muni-
cipe, Mu nicip. Sto b e u s , ou Mu nicip . Stoben-î
sium. Ptolomée, l . l l l . c.xiij. connoît aufli cette
ville au’il donne aux Pélagoniens. Il y en a qui veulent
que le nom moderne, foit Staraçhino. (D . J .)
S T O C , f. m. ( Forges. ) bafe fur laquelle eft appuyée
l’enclume de groffes forges. Voye^Varticle
G rossies forges.
STOCFISH, f. m. ( Commerce de poijfon. ) poiflon
de mer falé 8c défleché, couleur de gris cendré, ayant
néanmoins le ventre un peu blanc.; fa longueur ordinaire
eft d’un pié ou deux. La morue feche ou
parée , que l ’on appelle autrement merlu ou merluche,
eft une efpece deftockfish. Savary. ( D . J . )
STOCKHEIM, ( Géog. mod. ) nom de deux petites
villes d’Allemagne. La première eft dans l’éve-i
ché de Liege, fur la Meufe , à 5 lieues au-deflfous de
Maftricht. La fécondé , autrement nommé Stockak,
eft dans la Suabe , au landgraviat de Nellenbourg ,■
■ fur une petite riviere de ce nom ,, à deux lieues du
la c , 8c à fix au nord de la ville de -Confiance. Long.
de cette derniere, 32. latit. (D . J.)
STOCKHOLM, ( Gèogr.mod.) ville de Suède,
dans l’UpIand, la capitale du royaume, 8c la réfiden-
ce des rois, à 7 5 lieues de Copenhague, à 260 devienne
, 8c à environ 310 de Paris.'
Cette ville eft bâtie à l’embouchure du lac Mêler
dans la mer Baltique ; tout y eft fur pilotis, dans plu- •
fleurs îles voifines .les unes des autres; il n’y a que
deux fauxbourgs qui foient en terre ferme.
Stockholm eft grande , fort peuplée , 8c fait un
commerce confidérable. La plupart de fes maifons
l'ont actuellement bâties en brique, au-lieu que précédemment
elles étoient prefque toutes de bois. On y
remarque entr’autres beaux édifices le palais du chancelier
, celui de la noblefle, 8c le château, qui eft un
bâtiment fpacieux, où non-feulement la cour loge,
mais oùs’aflèmble aufli la plupart des cours fupérieu-
res du royaume. Ce château eft fitué de façon que
d’un côté il a vue fur le port, 8c de l’autre fur la
ville , où il fait face à une grande place décorée des
plus belles maifons. Le palais de la noblefle eft le lieu
où elle tient fes féances.
Stockholm n’oublira jamais la fête fùnefte de ce même
palais, dans laquelle Chriftiern rétabli roi, 8c fon
primat Troll, firent égorger en 1520 le fénat entier,
8c tant d’honnêtes citoyens. Le tyran devenu partout
exécrable, fut enfin dépofé, 8c finit fes jours en
prifon ; Troll mourut les armes à la main ; dignes l’un
8c l’autre d’une fin plus tragique !
On divife ordinairement Stockholm en quatre parties;
l'avoir , Sud-Malm, 8c Nor-Malm , qui font les
deux fauxbourgs , au milieu defquels la ville eft fi-
tuée, 8c dans une île. La quatrième partie eft Garce-
land , & le tout compofe une des grandes villes de
l’Europe.
L lle dans laquelle la plus grande partie de Stockholm
fe trouve enfermée , eft environnée de deux
bras de riviere, qui fortent impétueufement du lac
Meier , & fur chacun de ces bras, il y a un pont de
bois ; enfuite il fe forme encore quelques autres îles
qui n’en font féparées que par un peu d’eau. D’un
côté on a la vue furie la c , 8c de l’autre fur la
mer , laquelle forme un golfe qui s’étend à-travers
plufieurs rochers, enforte qu’on le prendroit pour un
autre lac. L’eau en eft fi peu falée, qu’on en pour-
roit boire devant Stockholm, à caiife de la quantité
d’eau douce qui y tombe du lac Meier.
On rapporte la fondation de la ville à Birger , qui
fut gouverneur de Suede après la mort du roi Erric,
furnommé le Begue , 8c on prétend qu’elle reçut le
nom de Stockholm d’une grande quantité de poutres
qu’on y apporta des lieux circonvoifins ; flok fignifie
en fuéaois une poutre, 8c holm une île , oc même un
lieu defert. Quoi qu’il en foit, outre la force de fa fi-
tuation, elle eft encore défendue par une citadelle
toute bordée de canons.
Prefque tout le commerce de Suede fe fait à Stockholm
; il confifte en fe r , fîl-de-fer, cuivre, p oix,
réfine, mâts , 8c fapins, d’où on les tranfporte ailleurs.
La plupart des marchandifes 8c denrées qu’on
reçoit des pays étrangers viennent dans ce port,
dont le havre eft capable de contenir un millier de
navires : il y a encore un quai qui a un quart de lieue
de long, où peuvent aborder les plus grands vaif-
feaux ; mais fon incommodité confifte en ce qu’il eft
à dix milles de la mer, 8c que fon entrée eft dange-
reufe à caufe des bancs de fable.
On compte dans cette ville neuf églifes bâties de
brique, 8c couvertes de cuivre, indépendamment
de celles des fauxbourgs. La noblefle 8c les grands du
royaume réfident à Stockholm, où l’on a établi, en
■ *735 > une académie des Sciences 8c de Belles-Lettres.
Le gouvernement de la ville eft entre les mains du
ftadtholder, qui eft aufli confeiller du confeii privé.
Apres lui font les bourg-meftrès , au nombre de quatre
, 1 un pour la juftice, l’autre pour le commerce,
le troifieme pour la police, 8c le quatrième pour
l ’infpe&ion fur tous les bâtimens publics 8c particuliers.
Les tributs qui s’impofent fur les habitans pour
le maintien du gouvernement de la ville,les bâtimens
publics, la paie d’une garde de trois cens hommes,
les tributs , dis-je , que les bourgeois Riven t
Tome X V ,
payer pour cette dépenfe, feroient regardés comme
un pefant fardeau, même dans les pays le plus opu-
lens ; aufli tâche-t-on de dédommager les citoyens
fur lefquels tombent ces charges, par les privilèges
qu’on leur a ccorde, foit pour les douanes, foit pour
le commerce du pays qui pafl'e néceflairement par
leurs mains. Long, de Stockholm, fuivant Harris, g 51.
1. iS. latit. 58. 5o. Long, fuivant C aflini, g S. 56.
5 o. latit. 5pj. 20.
La célébré reine Chriftine naquit à Stockholm, en
1626, de Guftave Adolphe , roi de de Suede, 8c de
Marie-Eléonore de Brandebourg.Elle avoit beaucoup
de fagacité dans l’efprit, l’air mâle, les traits grands,
la taille un peu irrégulière. Elle étoit affable , géné-
reufe, 8c s’illuftra par fon amour pour les fciences ,
8c fon affeftion pour les gens de lettre. Elle fuccéda
aux.états de fon pere en 1 6 5 3 ,8c abdiqua la couronne
en 1654, en faveur de Charles Guftave , duc
des Deux-Ponts, de la branche de Bavière palatine,
fon coufin germain, fils de la foeur du grand Guftave.,
Peu de tems après cette abdication, Chriftine vint
en France , 8c les fages admirèrent en elle une jeune
reine qui, à 27 ans , avoit renoncé à la fouveraineté
dont elle étoit digne , pour vivre libre 8c tranquille.
Si l’on veut connoître le génie unique de cette reine,
on n’a qu’à lire fes lettres, comme M. de Voltaire l’a
remarqué.
Elle dit dans celle qu’elle écrivit à Chanut, autrefois
ambafladeur de France auprès d’elle : «j’ai pof-
» fédé fans fafte, je quitte avec facilité. Après cela
» ne craignez pas pour m oi, mon bien n’eft pas au
» pouvoir de la fortune ». Elle écrivit au prince de
Condé. « Je me tiens autant honorée par votre efti-
» me quqpar la couronne que j’ai portée. S i, après
» l’avoir quittée, vous m’en jugez moins digne ,
» j’avouerai que le repos que j’ai tant fouhaité, me
» coûte cher; mais je ne me repentirai point pour-
» tant de l’avoir acheté au prix d’une couronne, 8fc
» je ne noircirai jamais par un lâche repentir une
» aétion, qui m’a femblé fi belle ; s’il arrive que vous
» condamniez cette aôion, je vous dirai pour toute
» excufe , que je n’aurois pas quitté les biens que la
» fortune m’a donnés, fi je les eufle cru nécëfl’aires
» à ma félicité, 8c que j’aurois prétendu à l’empire
» du monde, fi j’euflé été aufli afliiré d’y .réuflîr que
» le feroit le grand Condé.
Telle étoit l’ame de cette perfonne fi 'fingulxere ;
tel étoit fon fty le dans notre lange qu’elle avoit parlé
rarement. Elle favoit huit langues; elle avoit été difci-:
pie 8c amie de Defcartes qui mourut h Stockholm dans
fon :palais , après n’avoir pu obtenir feulement une
penfion en France, où fes - ouvrages furent même
profcrits pour les feules bonnes chofes qui- y fuflent.
Elle avoit attiré en Suede tous ceux qui p'ouvoient
l’éclairer. Le chagrin de n’en trouver aucun parmi
fts fujets , l’avoit dégoûtée de regner fur un peuple
qui n’étoit que foldat. Elle crut qu’il valoit -mieux
vivre avec des hommes qui penfent, que de comman-:
der à des hommes fans lettres ou fans génie. Elle avoit
cultivé tous les arts dans un climat où ils étoient alors
inconnus. Son deffein étoit d’aller fe retirer au milieu
d’eux en Italie. Elle ne vint en France que pour;
y pafler , parce que ces arts ne commençoient qu’à
y naître.
Son goût la fixoit à Rome. Dans cette vûe elle
avoit quitté la religion luthérienne pour la catholique;
indifférente pour l’une 8c pour l’autre,elle ne fit
point fcrupule de fe conformer en apparence aux fen- :
timens du peuple chez lequel elle vouloit pafler fa
vie. Elle avoit quitté fon royaume, en 18 54 ,8c fait-
.publiquement à Infpruck la cérémonie de fon abju* ■
ration. Elle plut allez peu à la Cour de France, parce
qu’il ne s’y trouva pas une femme dont le génie pût