85i T A I les accident qui furviennent caufent fouvent des de-
fordres irréparables.
C’eft par toutes ces confidérations qu’on defiroit
pouvoir mettre communément en ufage le haut appareil
; il met à l’abri des délabremens du col de la
veflie, d’où réfultent les fiftules & les incontinences
d’urine : dans cette méthode la pierre ne trouve à
l'on paflage que des parties d’une tiflure affez lâche :
l’incilion des parties contenantes peut être fuffifam-
ment étendue ; le corps de la veflie fouffre fans ré-
fiftance une extenfion affez conlidérable, & une di-
vifion qui difparoît prefque tout-à-fait aufli-tôt que
la pierre en eft fortie ; ce feroit donc la méthode de
préférence , li certainees circonftances que nous
avons rapportées ne la rendoient fouvent impraticable
; il y a même des cas où elle feroit pofîible
fans qu’on dût la mettre en ufage , comme lorfqu’il
faut faire fuppurer & mondifîer une veflie malade.
Tout concourt donc à faire fentir le prix d’une méthode
par laquelle on ouvriroitle corps même de la
veflie par une incifion au périnée, fans intéreffer le
col de la veflie ni l’uretre. Cette méthode a été trouvée
par M. Foubert ; elle eft le fruit des recherches
qu’il a faites pour découvrir la maniéré de tailler
attribuée à M. Raw par M. Albinus.
La méthode de M. Foubert eft la feule à laquelle
on a pu donner légitimement le nom de taille latérale.
Nous allons en donner la defcription, d’après
le mémoire communiqué par l’auteur à l’académie
royale de Chirurgie , & qui eft inféré dans le premier
volume des recueils de cette compagnie.
Opération de M. Foubert. La méthode de M. Foubert
confifte à ouvrir un paflage aux pierres, par
l ’endroit le plus large de l’angle que forment les os
pubis , fans intéreflèr le col de la veflie ni l’uretre.
Toutes les perfe&ions qu’on a données au grand appareil
, etf procurant une ouverture plus grande que
celle qu’on pratiquoit anciennement , tendoient à
diminuer les inconvéniens de cette opération, parce
qu’elles facilitent l’introduttion des inftrumens, &
qu’elles épargnent une partie du déchirement que
feroit la pierre li l’ouverture étoit moins étendue.
Cependant il eft toujours vrai qu’elles n’empêchent
pas que les pierres un peu grofles ne faffent une dilacération
fort confidérable , & qu’elles ne remédient
point à d’autres inconvéniens qui dépendent du lieu
où l’on opéré , qui eft trop ferre par l ’angle que forment
les os pubis, ce qui rend l ’extraftion de la
pierre fort difficile , & occalionne des contufions qui
ont fouvent des fuites fâcheufes. D ’ailleurs on ne
peut éviter de couper ou de déchirer diverfes parties
organiques qui accompagnent le col de la veflie,
comme un des mufcles accélérateurs , le vérumon-
tanum , le proftate, le col même de la veflie & le
conduit de l’urine. Le déchirement ou la feftion de
ces parties, qui de plus font meurtries par la pierre,
peuvent avoir beaucoup de part aux accidens qui arrivent
à la fuite de l’opération , & fur-tout aux incontinences
d’urine , & aux fiftules incurables qui
reftent après ces opérations, comme nous l’avons dit
plus haut.
La méthode de M. Foubert n’eft point fujette à ces
inconvéniens. Il entre dans la veflie par le lieu le plus
favorable, en ouvrant cet organe à côté de fon col
& au-defliis de l’uretere. On n’a dans cet endroit
d’autres parties à couper que la peau , le tiflii des
graifîes, le mufcle triangulaire, un peu du mufcle
releveur de l’anus, un peu du ligament de l’angle,du
pubis & la veflie. La figure 3 . de la Planche X I I I .
repréfente le périnée , où eft marquée la direftion
de l’incifion extérieure, félon la méthode de M. Foubert.
La figure 4. de cette Planche eft une difleéiion
‘ des mufcles du périnée, & montre l’endroit de la
veflie coupée par l’opération.
T A I Pour pratique^ cette opération , il faut des inftruv
mens particuliers. On pénétré dans'la veflie à-travers
la peau & les graifles avec un longtrocar dontlacan*
nule eft cannelée. ( Foye{ T ro ca r. ) Laponftion
de la veflie eft ou impoflible ou dangereufe , li ce vif-
cere ne contient pas une fuffiante quantité d’urine.
Ainli cette opération ne convient pas à ceux qui ne
gardent point du tout ce liquide. Les perfonnes fort
graffes ne font pas non plus dans le cas d’être taillées
par cette méthode, parce que leur veflie n’eft pas or*
dinairement fufceptible d’une fuffifante extenfion ,
& qu’il y a de l’inconvénient à chercher la veflie cachée
profondément fous l’épaifleur des graifles qui
recouvrent la partie de cet organe qu’il faut inciter.
Dans les cas où la veflie eft capable de s’étendre fuf-
fifamment & de retenir l’urine, on pratique la méthode
de M. Foub ert d’une maniéré brillante. La difficulté
de mettre la veflie d’un pierreux dans l’état
convenable à cette opération, n’a été furmontée qu’a*
près bien des tentatives & des réflexions. M. Foubert
eflaya d’abord les injedionsc c’eft à ce moyen qu’il
eut recours pour dilater la veflie du premier malade
qu’il tailla en Mai 1731. 11 remarqua qu’il étoit extrêmement
difficile d’injeder la veflie : car non-feulement
l ’injeûion fut fort douleureufe au malade,
mais elle ne fe put faire même que fort imparfaitement
, parce que la douleur l’engageoit à faire des
mouvemens ou des efforts qui chafioient une grande
partie.de l’eau qu’on pouffoit dans la veflie. Dans un
fécond malade , M. Foubert s’étant apperçu , en le
fondant, que fa veflie étoit fpatieufe, & en ayant
jugé encore plus fûrement par la quantité d’urine
qu’il rendoit à chaque fois qu’il p ifloit, il lui recommanda
, la veille de l’opération, de retenir le lendemain
matin fes urines , ce qu’il fit facilement, M.
Foubert l’ayant trouvé endormi lorfqu’il arriva pour
le tailler.
La circonftance avantageufe d’une grande veflie
fe trouve rarement dans ceux qui ont des pierres ,
fur-tout lorfqu’elles font grofles ; & c’eft dans ce cas
précifément où il convient le plus de pratiquer la
méthode dont nous parlons. L’auteur, confulté par
un malade dont la veflie étoit fort étroite & qui rendoit
avec beaucoup de douleur très-peu d’urine à-la-
fois , crut que fon opération ne pouvoit convenir
dans, ce cas. Il lui vint cependant en l’idée que s’il
accoutumoit le malade à boire beaucoup , la quantité
d’urine que formeroit cette boifon pourroit dilater
peu-à-peu la veflie : cette tentative eut tout le fuccès
poflible ; car non-feulement la veflie parvint à contenir
une qwantité d’urine affez confidérable pour
permettre l’opération, mais de plus le malade fen-
toit beaucoup moins de douleur en urinant.
M. Foubert eut recours au même expédient pour
pouvoir tailler par fa méthode un homme qui urir
noit à tout inftant & très-peu à-la-fois. Il commença
à lui faire boire par verrées, de demi-heure en demi-
heure , le matin une chopine de tifane faite avec du
chiendent, de la reglife & de la graine de lin. Il lui
augmenta cette boifon de jour en jour de demi feptier,
jufqu’à ce qu’il fut parvenu à deux pintes. On s’ap-
percevoit chaque jour de la dilatation de la veflie
par la quantité d’urine que le malade rendoit à char
que fois. Au bout de huit jours, il en urinoit au-moiQS
un verre & demi à-la-fois , & avec bien moins de
douleur qu’auparavant.,,
Je me fuis étendu fur cette préparation , parce
qu’elle eft d’une grande utilité. En cherchant à éten-r
dre l’ufage de la méthode , M. Foubert a rendu un
fervice effentiel à toutes les autres , dont le fuccès
dépend très-fouvent de l’état de la veflie. Si cet organe
eft racorni, les inftrumens qu’on y introduira
le fatigueront, & pourront même le bleffer, quoique
conduits parles mains les plus habiles. J’ai éprouvé
T A I plufieurs fois l’utilité de la préparation prefcrïte pat
M. Foubert ; elle doit paffer en dogme, & être mife
au rang des découvertes les plus avantageâtes qu’on
*ur II ta‘éle y depuis cinquante ans qu’on travaille
fans relâche dans toute l’Europe , à la perfection
de cette opération.
. 11 ne pas que la veflie foit capable de contenir
une fuffifante quantité d’iirine , il faut qu’elle en
çontienne effeôivement pour que l’on puiffe tailler
fuivant la méthode de Foubert. Cet auteur a manque
quelquefois d’entrer dans la veflie avec le trocar
dans des cas où il ne s’y trouva point d’urine, les
malades ayant pifîe un. peu avant l ’opération , fans
en avoir donné avis. Pour fe garantir de cet inconvénient
, il a trouvé un moyen bien fimple, par le-
quel on peut s’affurer du degré de plénitude de la
veflie. On introduit un doigt dans l’anus , & avec
la main appuyée fur l’hypogaftre, on fait plufieurs
mouvemens alternatifs, par lefquels on peut connoî-
tre exà&ement à-travers les membranes du redum
le volume ou la plénitude de la veflie. On s’apper-
cevroit .facilement, par cet examen, fi la veflie n’é-
tôit pas affez remplie d’urine ; alors on différeroit
l’opération.
Pour s’affurer de la plénitude de la veflie , il y a
encore un autre moyen très-facile & bien fur. C ’eft
qu apres avoir accoutumé les malades à boire plufieurs
jours, jufqu’à ce que leur veflie foit parvenue
a contenir un verre ou deux d’urine : il faut, le jour
qu’on doit faire l’opération, que le malade boive le
matin une ou deux pintes de fà tifane ordinaire, &
attendre pour opérer que le befoin d’uriner le preffe :
dans ce moment, on appliquera le bandage de l’uretre
pour retenir les urines ( Planche IX. fig. J . ) , &
on fera fur le champ l’opération. *
Elle exige différentes précautions ; on doit être :
attentif, fùr-tout dans les perfonnes âgées, à examiner
la capacité du rechim , parce qu’il y a des fu- j
jets où cet inteftin eft extrêmement dilaté au-deffus !
dufphin&er. Dans ce cas, on rifqueroit non-feulement
dans cette méthode, mais dans toutes les autres
d’ouvrir le redum, s’il fe trouvoit rempli de matières
, alors il vaudroit mieux remettre l’opération
& vuider l’inteftin.
Cette précaution eft d’ailleurs néceffaire pour que
la veflie puiffe, lorfqifon la comprime, comme nous
le dirons dans 1 inftant, affaiffer le redum & approcher
davantage de l’os facrum , afin d’être percée
plus fûrement par le trocart à l’endroit qu’il convient
: dans cette v u e , il ne faut pas manquer la
veille de l’opération de faire donner le foir un lavement
au malade.
Pour pratiquer cette opération, on place le malade
comme dans legrand appareil. Foye^ PlancheXII.
fig• 3 & 4- u n aide releve les bourfes de la main
droite, & de la main gauche il comprime l’hypo-
gaftre avec une pelotte. Foye[ Planche X I I I . fig. 3.
Le chirurgien introduit le doigt index de fa main gauche
dans l’anus ; il pouffe le redum du côté de la
feffe droite pour bander la peau du côté gauche à
l’endroit où il doit opérer, &pour éloigner l’inteftin
du trajet de l’incifion qu’il faut faire. Enfuite il cherche
à-travers la peau & les chairs avec le doigt index
de la main droite , la tubérofité de l’ifchium &
le bord de cet os depuis l’extrémité de cette tubéro-
fite jufqu’à la naiffance du fcrotum. Dans les premières
épreuves fur les cadavres, M. Foubert marqua
avec un crayon de pierre noire un peu mouillé
par le bout, un point environ à deux lignes du bord
de la tuberofite & environ à un pouce au-defliis de
1 anus, abaiffé & tiré du côté oppofé par le doigt
place dans le fondement ; il marqua un autre point à
quatorze ou quinze lignes plus haut que le premier,
environ à deux lignes du raphé, & environ aufli à
I deux lignes dù bord de ï’os pubis. B tira une ligne
de 1 un de ces pointe, à l’autre pour marquer exte*
neurement le trajet de l’incifion qu’il dett.it faire,
& .qui devoir regner le. long du mufcle éreSem fans
le B r a n d i XUI.Jig. 4.-), & aller fe terminer
SU bord de 1 accélérateur. Ces mefures bien prifes •
la ligne qui deyoit jegler toute (’opération marquée’
avec exaftitude, Scledoigt toujours placé dans le
fondement pour abaiffer le reflum & le porter du
cote droit, il prit fon trocart de la main droite, il
en plaça la pointe à l’extrémité inférieure de la li,
gne. La cannelure du trocart regardent le fcrotum :
il enfonça cet infiniment jufque, dans le corps de la
veflie, en le conduifant hofifontalement fans l’in,
eliner ni d un côté ni d’autre ; il perça la veflie à qua,
trqou çuwj lignes au-deffus de l’urétere f>. & à-peus
près a la meme difiaqee à côté du col de la veflie. La
j%k/v i. dt UPUncheXIV. eft une coupe latérale de
1 hÿpogaftre, qui repréfente la direflion du trocart
plonge dans la veflie.
Aufli-tôt qu’on a pénétré dans la capacité de ce
vilcere, on en eft averti par la fortie de l’urine qui
s échappé par la cannelure du trocart ; alors on retire
le doigt du fondement : on quitte le manche dutro-
c]ar^Jcïu| on tenoit avec la main droite pour le prendre
de la main gauche , fans le déranger ; on tire le
poinçon de fa cannule de quatre ou cinq lignes feulement
, afin que la pointe de cet infiniment ne déborde
pas le bout de la cannule. On prend le litho-
tome (voyeiPlanche X X II.fig . ,.) de la maih droite;
on gliffe le dos de fa lame dans la cannelure jufqu’à
ce que la pointe de cet infiniment foit arrêté par le
petit rebord , qui eft à l’extrémité de cette cannelure.
La réfiftancè qu’on fent à la pointe du lithotome
& une plus grande quantité d’urine qui s’écoule,
font connoître avec certitude que l’inftritment eft
juffifamment entré dans la veflie.. Il faut alors faire
1 incifion aux membranes de la veflie ; & pour cet
effet, la main droite, avec laquelle on tient le lithotome,
étant appuyée fermement fur la main gauche
avec laquelle on tient le manche du trocart, on leve
la pointe du lithotome , & dans le même moment
on abaiffe un peu le bout du trocart, pour faciliter
l’incifion des membranes de la veflie ; voyer la fig. 2i
de la Planche X IF . on incline un peu le tranchant de
la lame du couteau du côté du raphé, afin de donner
à cette incifion une dire&ion pareille à celle delà
ligne que nous avons dit avoir été tracée extérieurement
pour les épreuves fui* les cadavres. Lorfque
1 extrémité du lithotome paroît affez écartée de celle
du trocart, pour avoir fait à la veflie une ouverture
fuffifante, qui, fur un fujet adulte de taille ordinaire,
doit être d’environ treize ou quatorze lignes ; on
fabat la pointe du couteau dans la cannelure du trocart
en le retirant d’environ un pouce ; & l’on fait
enfuite une manoeuvre contraire à celle que je viens
de décrire. Car au lieu d’écarter le trocart , la pointe
du lithotome, c’eft le manche de cet infiniment qu’il
faut éloigner de celui du trocart, afin d’achever entièrement
l’incifion qu’on a faite à la peau, aux chairs
& aux graifles qui fe trouvent depuis la furface de
cette peau jufqu’à la veflie, & on dirige le tranchant
du lithotome fç|on la ligne que nous avons dit a voit
été tracée dans les premiers effais de cette méthode,
mais il ne faut pas trop l’étendre, de cfainte d’approcher
trop de l’uretere & de couper l ’accélérateur.
On eft moins retenu fur l’incifion de la peau & des
graifles : en retirant le lithotome , on peut étendre
cette incifion extérieure jufque proche le fcrotum.
La fig. 2. de la Planche X IF. eft une coupe latérale
de l’hypogaftre qui repréfente l’incifion de la vef-
fie , & les lignes ponâuées montrent l’incifion des
chairs.
Lorfque l’incifion eft entièrement achevée on