686 S U P ïdiùonnelpajfé, comme faurois fait. Le P. Biiffier les
rapporte aufli à l’indicatif, & il les appelle tems incertains
; mais il eft évident que c’eft confondre un
mode qui n’exprime l’éxiftence que d’une manière
conditionnelle , avec un autre qui l’exprime dune
maniéré abfolue , ainfi qüe le premier de ces grammairiens
le reconnoît lui-même par la dénomination
de conditionnel : ces deux modes , à la vérité , contiennent
en ce qu’ils font direfts, mais ils different
en çe que l’un eft pur ,8 c l’autre mixte ; ce qui doit
empêcher qu’on ne les confonde : c’eft de même
parce que l’indicatif 8c l’impératif font également directs
, que les grammairiens hébreux ont regarde
l’impératif comme un fimple tems de l’indicatif ; mais
c’eft parce que l’indicatif eft pur, & l’impératif mixte
, que les autres grammairiens diftinguent ces deux
modes. Laraifon qu’ils ont eu à cet égard , eft la même
dans le cas préfent ; ils doivent donc en tirer la
même conféquence : quelque frappante qu’elle foit,
je néfache pourtant aucun grammairien étranger qui
l’ait appliquée aux eonjugaifons des verbes de fa lan-
gué ; 8c par rapport à la nôtre, il n’y a que M. Tablé
Girard qui Tait fentie 8c réduite en pratique, fans
même avoir déterminé à fuivre fes traces, aucun des
grammairiens qui ont écrit depuis l’édition de fes
vrais principes ; comme s’ils trouvoient plus honorable
d’errer à la fuite des anciens que l’on ne fait que
copier, que d’adopter une vérité mife au jour par un
moderne que Ton craint de reconnoître pour maître.
D’autres grammairiens ont rapporté au mode fub-
jonclif ,\ts tems de celui-ci : l’abbé Régnier appelle
l’un premier futur, comme je ferois, & l’autre fécond
futur compofé, comme faurois fait. La Touche les
place de même au fubjonélif, qu’il appelle conjonc-
tif; je f rois, félon lui, en eft un fécond imparfait,
Ou l’imparfait conditionnel ; faurois fa it, en eft le
fécond plufque parfait, ou le plufque parfait conditionnel.
C’eft la méthode de la plupart de nos rudimentaires
latins, qui traduifent ce qu’ils'appellent
Y imparfait 8c le plufque parfait du fubjonélif : facerem,
que je fiffe, ou je ferois ; fedffem , que j’euffe fait,
ou j’aurois fait. C’eft une erreur évidente , que j’ai
démontrée au mot Subjonctif,«. i .8c c’eft confondre
un mode direél avec un oblique.
Cette méprife vient, comme tant d’autres, d’une
application gauche de la grammaire latine à la langue
françoife ; dans les cas oîi nous à'iions je ferois ,fa u rais
fait , les latiniftes ont vu que communément ils
doivent dire facerem, fecijjem ; de même que quand
ils ont à rendre nos expreflions je fijfe, ƒ eujje fa it ; 8c
tomme ils n’ont pas ofé imaginer que nos langues
modernes puffent avoir d’autres modes ou d’autres
tems que la latine , ils n’ont pu en conclure autre
chofe, linon que nous rendons de deux maniérés
l’imparfait 8c le plufque-parfait du fubjonélif latin.
Mais examinons cette conféquence. Tout le monde
conviendra fans doute, que je ferois 8c je fijfe, ne
font pas fynonymes , puilque je ferois eft direél &
conditionnel, & que je fijfe eft oblique 8c abl'olu : or
il n’eft pas poffible qu’un feul 8c unique mot d’une
autre langue, réponde à deux figni fi cations fi différentes
entre elles dans la nôtre , à moins qu’on ne
fuppofe cette langue absolument barbare & informe.
Je lais bien qu’on objectera que les latins fé fervent
des mêmes tems du fubjonélif, 8c pour les phrafes
due nous regardons comme obliques ou fubjonélives,
& pour celles que nous regardons comme direéles 8c
cdriditionnelles ; & je conviens moi-même de la vérité
du fait ; mais cela ne le fait qu’au moyen d’une
ellipfe , dont le fupplément ramene tou jours les tems
dont il s’agit, à la lignification du fubjonélif: illud
J î feiffem, ad id litteras meas accommodaffem ; Cic.
c’eft-à-dire analytiquement ,fi fes fiierat ita utfcijjem
iijud res ita ut accommodajjem ad id meas lïtteras ;
S U P fi la chofe avoit été de maniéré que je l’eulTefu, la
chofé étoit de maniéré que j’y euffe adapté ma lettre.
On voit même dans la traduélion littérale , que
je n’ai employé aucun des tems dont il s’agit ic i,
parce que le tour analytique m’ en a épargne le be-
loin : les latins ont confervé l’empreinte de cette ,
conftruélion, en gardant le fubjontif fcijfem , accommodajfem;
mais ils ont abrégé par une ellipfe, dont
le fupplément eft fuffifamment indiqué par ces fub-
jonélifs mêmes, 8c par le f i . Notre ufage nous donne
ici la même licence,& nous pouvons dire f i je l ’eujfe
fu ^ fy euffe adapté ma lettre ; mais c’eft, comme en
latin , une véritable ellipfe , puifque ƒ<:«ƒ< fu,j'euffe
adapté font en effet du mode fubjonélif, qui fuppofe
une conjonélion ,& u n e propofition principale, dont
le verbe doit être à un mode direél ; 8c ceci prouve
que M. Reftaut fe trompe encore, 8c n’a pas affez approfondi
la différence des mots , quand il rend fon
prétendu conditionnel pafle de l’indicatif par faurois,
ou j'eujfe fait ; c’eft confondre le direél & l’oblique.
C’eft encore la même chofe en latin, mais non pas
en françois, lorfqu’il s’agit du tems fimple, appel-
lé communément imparfait. Quand Ovide d i t , f i
pojfem , fanior effem; c’eft au-lieu de dire analytiquement
, f i res erat ita ut pojfem , res eft ita ut ejfemfa-
ntor ; fi la chofe étoit dé maniéré que je puffe , la
chofe eft de maniéré que je fuffe plus fage. Dans cette
traduélion littérale, je ne fais encore ufage d’aucun
tems conditionnel ; j’en fuis difpenfe par le
tour analytique' que les latins n’ont fait qu’abréger
comme dans le premier exemple ; mais ce que
notre ufage a autorife à l’égard de ce premier exemple
, il ne Tautorife pas ic i , & nous ne pouvons pas
dire elliptiquement , f i je pujfe, je fujfe plus fage :
c’eft Tinterdiélion de cette ellipfe qui nous a mis dans
le cas d’adopter ou l’ennuyêufe circonlocution du
tour analytique, ou la formation d’un-mode exprès ;
le goût de la brièveté a décidé notre choix , 8c nous
difons par le mode fuppofitif, je ferois plus fage, f i
je pouvois ; la néceffité ayant établi ce tems du mode
fuppofitif, l’analogie lui a accordé tous les autres
dont il eft fufceptible ; 8c quoique nous puiflions
rendre la première phrafe latine par le fubjonélif, au
moyen de l’ellipfe , nous pouvons le rendre encore
par le fuppofitif, fans aucune ellipfe ; f i je Pavois
fu , j 'y aurais adapté ma lettre.
Il arrive fouvent aux habitans de nos provinces
voifines de l’Efpagne , de joindre au f i un tems dû
fuppofitif ; c’eft une imitation déplacée de la phrafe
efpagnole qui autorife cet ufage ; mais la phrafe françoife
le rejette, & nous difons , f ifè to is ,f i j'avois
été, & non pas, f i je ferois , f i faurois été, quoique
les Efpagnols difent f i efiuviéra, f i uviéra efiado.
J’ai mieux aimé donner à ce mode le nom de fuppofitif
, avec M. l’abbé Girard, que celui de conditionnel
; mais la raifon de mon choix eft fort différente
de la fienne : c’eft que la terminaifon eft fembla-
ble à celle des noms des autres modes, 8c qu’elle annonce
la deftination de la chofe nommée , laquelle
eft fpécifiée parle commencement du mot fuppofitif
qui fert à la fuppofition , à l’hypothefe ; comme impératif,
qui fert au commandement ; fubjonélif, qui
fert à la fubordination des propofitions dépendantes ;
&c. Tous les adjeétifs françois terminés en i f 8c iye ,
comme les latins en ivus , iva, ivu/n , ont le meme
fens, qui eft fondé fur l’origine de cette terminaifon»
Pour ce qui regarde le détail des tems du Jhppo-
f i t i f , Voye{ T ems. f B. E . R*. M jj
Supposition , f. f. ( Gram. & Jurifprud. ) eft
lorfque Ton met une chofe au-lieu d’une autre, corn--
me une fuppofition d’un nom pour un autre, ou d un
teftament, ou autre aéle , ou fignature, qui »’eft pas
véritable..
S U T
La fuppofition de faits eft lorfqu’oh met en àvartt
des faits inventés.
Suppofition de perforais eft lorfqu’une perfonne s’annonce
pour une autre, dont elle prend le nom pour
abufer quelqu’un , ou commettre quelqu’autre fraude.
Ce crimeeft puni félon les circonftances. Voyeç
Papôn , /. X X I I . tit. fi.
La fuppofition de part, ou d’enfant ) eft lorfqu’un
homme ou une femme annoncent pour leur enfant
quelqu’un qui ne l’eft point. Ce crime eft fi grave
qu’il eft quelquefois puni de mort. Voye\ au digefi. les
titres ad leg. corn, de fall. de infpicien. ventre. 8c de
Ca..........ediclo. So. . . . tom. I. cant. II. ch. Ixxxixi
Dard.. . tom. II. I. VII. ch. xxxj. ( A )
SUPPOSITION des anciens auteurs , ( Littérature. )
comme il importe encore d’anéantir Thypothèfe bi-
farrè du pere Hardouin , qui a tenté d’établir la fup-
pofition de la plupart des anciens auteurs , je vais
rapporter ici cinq argumens décilifs > par lefquels
M. des Vignoles a fappé pour toujours le fyftème
imaginaire du jéfuite trop audacieux, v
Le premier argument qu’il emploie, c’eft que
dans les anciens hiftoriéns , comme Thucydide ,
Diodorede Sicile , Tite-Live* & autres , que le pere
Hardouin regarde comme fuppofés : on trouve
plufieurs éclipfes de foleil 8c de lune marquées, qui
s’accordent avec les tables aftronomiques, 8c dont
les chronologues fpécifient lé jour dans Tannée Julienne
proleptique, avec exaétitude. Comment concevoir
que des moines du xiij*. fiecle , fabricateurs
de tous ces anciens ouvrages, félon le P. Hardouin,
ayent eu des tables femblables à celles que le roi Al-
phonfe fit faire depuis. M. des Vignoles répond en
même tems à une objeftion tirée de Pline, 8c il
prouve que ce que Pline dit, n’eft nullement propre
à invalider le témoignage des autres écrivains ?
En fécond lieu , on demande au P. Hardouin , où
des moines françois du xiije. fiecle , auroient trouvé
la fuite des archontes athéniens , qui quadre parfaitement
avec des inferiptions anciennes qu’ils n’a-
voient jamais vues , & avec toute l ’hiftoire. Les
faftes des confuls romains fourniffent un argument
de la même force ; d’où ces fauflaires ont-ils eu ces
faftes, pour les inférer dans leur Tite-Li.ve , dans
leur D iodore, & dans leur Denys d’Halicarnaffe ,
en forte qu’ils s’accordent avec les faftes capitolins
déterrés depuis peu ? En quatrième lieu, M. des
Vignoles demande d’où ils ont fu les noms 8c la fuite
des mois athéniens, puifque Ton a difputé jufqu’au
fiecle pafle, de leur fuite , & que ce n’eft qu’alors
qu’il a paru par divers monumens , & par les inferiptions,
que Jofeph Scaliger l’avoit bien marquée ?
Il falloit que ces moines du treizième fiecle fuffent
bien habiles, pour favoir ce qui étoit inconnu aux
plus favans hommes du feizieme 8c du dixfeptieme
liecle. On peut tirer un nouvel argument des olympiades
, qui fe trouvent fi bien placées dans les historiens
grecs prétenclxis fuppofés : on voit du premier
coup d’oeil que ces cinq argumens font fans répliqué ;
mais Ton en fentira encore mieux toute la force, fi
Ton fe donne la peine de lire les vindicioe veterum ferip-
torum, que M. Lacroze publia en 1708. contre l’étrange
paradoxe, ou pour mieux dire la dangereufe
héréfie du P. Hardouin ; car c’en eft une que de travailler
à détruire les monumens antiques grecs & latins,
qui font aujourd’hui la gloire de nos études, 8c
le principal ornement de nos bibliothèques. ( D . J. )
Supposition , f. f. ce mot a aujourd’hui deux
fens enMufique. i°. Lorfque plufieurs notes mon*
tent ou delcendent diatoniquement dans une partie
fur une même note d’une autre partie, alors ces notes
diatoniques ne fauroient toutes faire harmonie ,
ni entrer à la fois dans le même accord, il y en a
donc qui y font comptées pour rien, 8c ce font ces ;
S Ü P notes qu’on appelle noies par fuppofition:
La regie générale e ft, quand les notes font égales}
que toutes les notes qui font fur le tems fort doivent
porter harmonie, celles qui paffent fur le tems foible*,
lont des notés de fuppofition qui ne font mifes que
par goût pour former des degrés conjoints. Remar-
cjuez que par tems fort 8c terns foible, j’entens moins
ici les principaux tems de la mefure, que les parties
memes de chaque tems. Ainfi s’il y a deux notes égales
dans un meme tems} c’eft la premiere qui porte
harmonie, la fécondé eft de fuppofition; fi le tems eft
compofé de quatre notes égales, la premiere 8c la
troifieme portent harmonie, la fécondé 8c la qUatrie-*
me font par fuppofition, &c.
Quelquefois on pervertit cet ordre, on pafle la
premiere note par fuppofition, & l’on fait porter la
fécondé; mais alors la valeur de cette fécondé note
eft ordinairement augmentée par un point aux dé-*
pens de la premiere.
Tout ceci fuppofe toujours une mdrche diatonique
par degrés conjoints ; car quand les degrés font
disjoints , il n’y a point de juppofition, 8c toutes les
notes doivent entrer dans l’accord.
2 . On appelle accords par fuppofition, ceux où la
bafle continue ajoute ou fuppofe un nouveau fon au-
deffous même de la Saffe fondamentale ; ce qui fait
que de tels accords excédent toujours l’étendue dé
l’o&ave.
Les diffonnartees des accords par fuppofition doivent
toujours être préparées par des fyncopes, 8c
fauvées en defeendant diatoniquement, fur des fons
d’un accord, fous laquelle la même baffe fitppoféé
puiffe tenir comme baffe fondamentale, ou du moins
comme une confonnance de l’accord: C’eft ce qui fait
que les accords par fuppofiÙQn bien examinés, peuvent
tous paffer pour de pures fufpenfions. Voye?
Suspension.
Il y a trois fortes d’accords par fuppofition, tous
fous des accords de la feptieme ; la premiere quand
le fon ajouté eft une tierce au-deffous du fon fondamental,
tel eft l’accord de neuvième; fi l’accord de.
neuvième eft formé par la médiante ajoutée au-deffous
de l’accord feniible en mode mineur, alors l’accord
prend le nom de quinte fuperfiue. La fécondé ef-
pece, eft quand le fon fuppofé eft iine quinte au-,
déffous du fon fondamental, cdmitfe dahs l’accord
de quarte ou onzième; fi l’accord eft fenfible, 88
qu’on fuppofe la tonique, cet accord prend le nom
de feptieme fuperfiue. Enfin la troifieme efoece d’accord
par fuppofition, eft celle où le fori fuppofé eft
au-deffous d’un accord de feptieme diminuée; fi c’eft
une quinte au-deffous, c ’eft-a-dire que le fon fuppofé
foit la médiante, TacCord s’appelle accord de quarte
& quinte fuperfiue-,8c fi c’eft une feptieme au-deffous,
c’eft-à-dire que le fon fuppofé foit la tonique, l’accord
prend le nom de fixte mineure & feptieme fuperfiue.
A l’égard des renverfemens de ces divers ac*
cords, on trouvera au mot Accord , tous ceux qui
peuvent fè tolérer, ( i 1)
SUPPOSITOIRE, f. m. (Phatmac.) en latin glansf
b a la nus, fixxâvoç, parce qu’on le faifoit autrefois d’ordinaire
en forme de gland ; c ’eft un médicament plus
ou moins folide * rond ou rond-oblong;, en forme de
petit globe, dé petit cône ou de gland, qu’on intro*
duit dans l’anus pour différens ufages.
La matière 8c la préparation du fuppofitoire fimple,
font connues même du vulgaire. Il ert emploie de
différentes, 8c l’effet eft néanmoins prefque toujours
le même. T elles font un morceau de fa von de Venife
figuré en petit cône ; un petit bout de bougie enduit
de beurre ; le miel cuit jufqu’à dureté ; une racine de
mauve, de guimauve, de bete, &c. dépouillée de fon
écorce, figurée convenablement, & enduite d’huile
ou de beurre falé.j Ces matières vulgaires étant pré*