à ces paroles unfens qui fe rapporte à tous les Chrétiens
en général, je l’avoue ; mais le vrai fens convient
aux apôtres du Sauveur : cherchez à établir le
royaume de Dieu 6c fa juftice ; c’étoit à eux à établir
le royaume de Dieu , dont ils étoient les mim-
flres.
« Ne donnez point les chofes faintes aux chiens, &
» ne jettez point vos perles devant les pourceaux,
» de peur qu’ils ne les foulent aux piés, 6c que fe
» tournant contre vous, ils ne vous déchirent, ibid.
» chap. vij. v. 6 ». Cela regarde évidemment les feuls
apôtres, appellésà prêcher l’Evangile, 8cà qui J. C.
donne ce précepte de prudence.
On voit donc clairement dans S. L u c , que le fer-
mon du Seigneur, s’adreffe aux apôtres, 6c non à la
froitpe ; en voici de nouvelles preuves. Après leur
avoir prédit les perfécutions qu’ils fouffriront à caufe
jdelui, il ajoute : « Réjouiflêzvous alors, 6c {oyez
» tranfportés de joie, parce qu’une grande récom-
» penfe vous eft affurée dans le ciel : car c’eft ainfi
» que leurs peres ont traité les prophètes , Luc, vj.
«. v. a 3 ». J. C. parle donc à fes apôtres, & le s avertit
des perfécutions qu’ils auront à fouffrir, comme
les prophètes en ont effuyé. De même encore, il
employé la comparaifon fuivante : « Un aveugle
» peut-il conduire un autre aveugle? ne tomberont-
» ils pas tous deux dans la folTe ? ibid. v. 3^ ». Ce
propos regarde les feuls apôtres, appellés par leur
miniftere à conduire les autres hommes.
; Dès qu’on a pofé ce principe , que le fermon de
notre Seigneur s’adreffe à fes apôtres, il n’y a plus aucune
difficulté. Tous les préceptes qui femblent choquer
la prudence, la juftice, ruiner la sûreté publique
, & jetter le trouble dans la fociété ; tous ces
préceptes, dis-je, font très-juftes, & n’ont plus be-
foin de limitation , ni de reftriélion. Les apôtres de
J. C. occupés de leurs fonctions , ne doivent point
s’amaffer des tréfors fur la terre. Il falloit fur toutes
chofes qu’ils fe gardaffent d’avarice ; ce défaut feul
pouvant détruire tout le fruit de leur miniftere. Ce
font eux que Dieu nourrira comme les oifeaux du
c iel, qu’il vêtira comme les lis des champs ; ce font
eux qui à l’exemple de leur maître, au miniftere duquel
ils ont fuccédé , doivent quand on leur frappe
fur une joue, préfenter auffi l’autre, c’eft-à-dire , ufer
de la plus grande modération. Ils feront les viétimes
du monde, mais la foi chrétienne dont ils font les
miniftres, ne peut s’établir autrement que par la patience
; ce font eux qui ne doivent être en aucun
fouci du lendemain, parce que Dieu s’ eft chargé
immédiatement de pourvoir à tous leurs befoins. Ce
ft.it auffi pour cela que le Seigneur après les avoir
choifis, les envoya, 6c leur défendit de faire aucune
provifion pour le voyage, parce que l’ouvrier eft
digne de fon falaire, Luc, c. ix. v. 3. & fuivant, Matth.
C. x. v. 1. 6* fuivant.
Il ne faut pas cependant conclure de-là, que tous
les préceptes des chap. v. vj. & vij. de S. Matthieu,
ne regardent que les apôtres ; car ces faints hommes
ont deux cara&eres, celui de fideles, 6c celui d’apôtres
de J. C. le Seigneur leur donne des commande-
mens qui leur conviennent en ces deux qualités, 6c
d’autres qui ne font relatifs qu’à leur qualité d’apôtres
6c à leur miniftere. Beaufobre, remarques critiques.
( D. J. )
SERMON AIRE, f. m. {Gram. ) auteur qui a com-
pofé & publié des fermons. Fléchier, Boffuet, Maf-
fillon, Cheminais, Bourdaloue, font nos plus grands
fermonaires.
SERMONETA , ( Géog. mod. ) bourgade d’Italie
dans la campagne de Rome , à 4 milles au midi oriental
de Segni, 6c environ à 6 milles au midi d’Agnani.
Cette bourgade a titre de duché, 6c toute fa campagne
eft ce que les anciens appeiloient Palus-Pomptint.
Pline dit que de fon tems on y voyait cinq
villes ; à peine y voit-on aujourd’hui cinq fermes.
H P
SERMYLIA, ( Géog. anc.) ville de la Macedoine
dans la Chalcidie , près du mont Athos. Hérodote,
l. FIL c. cxxiij. place cette ville fur le golfe Toro-
née. (D . J.)
SERONGE, f. f. ( Commerce..) efpece de toiles
peintes qui fe fabriquent dans la ville de l’Indoftan
de ce nom. Pendant la faifon des pluies qui durent
quatre mois, les ouvriers impriment leurs toiles;
quand la pluie a ceft'é 6c qu’elle a troublé l’eau de la
riviere qui paftè à Seronge, ils y lavent les toiles
qu’ils ont imprimées ; cette eau trouble a la vertu
de faire tenir les couleurs, 6c de leur donner plus
de vivacité ; de lorte que plus on les lave dans la
fuite, plus elles deviennent belles , au-lieu que les
couleurs des autres toiles peintes des Indes ne font
pas fi vives , 6c qu’elleS s’effacent en les lavant plusieurs
fois. On fait à Seronge une forte de toile peinte
qui eft li fine, que l’on voit la chair au-travers quand
ellé eft fur le corps : il n’en vient point en Europe,
elles font toutes retenues pour le ferrail 6c la cour
du mogol ; lés fultanes 6c les femmes de condition
en font faire des chemifes 6c des robes d’été pour
leur ufage, 6c la volupté des hommes y trouve leur
compte.
Seronge, {Géog. mod.') ville des Indes dans les
états du mogol, fur la route de Surate à Agra. Elle
eft grande 6c peuplée. Il s’y fabrique des toiles qu’on
appelle chitfes , dont tout le même peuple de Perfe
6c de Turquie eft habillé ; mais on fait auffi dans cette,
ville une forte de toile fi fine, que quand elle eft fur
le corps, on le voit comme s’il étoit à nud. Il n’cfl
pas permis aux marchands de tranfporter cette fine
toile hors de la ville. Elle eft deftinée pour le ferrail
du grand-mogol 6c pour les principaux de fa cour. {d . j .) R • SÉROSITÉ , f. f. ( Médec. ) les Médecins entendent
par férojité cette humeur qui eft mêlée avec le
fang , 6c chargée d’un grand nombre de particules
falines 6c mucilagineufes, dont la fecrétion 6c l ’évacuation
fe fait par une multitude prodigieufe de couloirs
6c d’émondloires, d’où il fuit que la férojité eft
d’une confiftance plus ou moins épaiffe 6c variable,
tant par rapport à la couleur que par rapport au
goût. Il ne faut pas confondre la férojité avec la lymphe.
Cette derniere eft une liqueur tranfparente,
infipide , pure , dont la partie la plus fubtile com-
pofe le fluide qui circule dans le cerveau, dans la
moelle fpinale , 6c peut-être dans les nerfs. {D. J.)
SEROU , le , ( Géogr. mod. ) petite riviere de
France. Elle a fa fburce en Rouergue , 6c fe jette
dans l’Avéiron , au-deffous de Milhars en Albigeois.
( B . J .) '
SERRA, ( Géog. anc. ) ville de la Lufitanie, que
l’itinéraire d’Antonin marque entre Ebora 6c Fines ,
à 13 milles du premier de ces lieux, & à 20 milles
du fécond fur l’Anas ; il y a des favans qui prétendent
que cette ville fubfifte encore aujourd’hui, 6c
que c’ eft la Serpa , ville de Portugal dans l’Alentejo,
au midi de Moura ; mais comme l’ancienne Serpa.
étoit fur l’Anas , il en réfulte qu’elle étoit différent*
de la Serpa moderne , fituée à une lieue de la Gua-
diana qui eft l’Anas des anciens, ou du-moins la Serpa
moderne n’eft pas fituée précifément dans le
même lieu que l’ancienne. {D . J .)
Serpa , ( Géog. mod.) ville de Portugal dans l’Alentejo
, aux confins de l’Andaloufie , fur une hauteur
remplie de rochers, à une lieue de Guadiana,
à 30 au fud-eft de Lisbonne, 6c à 10 des confins de
l’Andaloufie. Elle eft fortifiée, 6c on y tient une
bonne garnifon. Long. 10. /i. latit. $ j . 55. {D .J .)
SER PE, f. f. {Outild'ouvriers.) infiniment de
fer plat & tranchant en forme de grand & large couteau
qui a le bout courbé en croiffant, 6c une poignée
de bois ; c’eft après la coignée un des principaux
outils des bûcherons. Les Jardiniers s’en fervent
auffi pour émonder les arbres-; les Plombiers
ont pareillement des ferpes pour divers de leurs ouvrages
; les Vanniers particulièrement, ceux qu’on
nomme cloturiers 6c mandriers fe fervent de la Jerpe,
pour appointer les plus gros morceaux de châtain
gniers 6c autres bois dont ils font les montans de
leurs ouvrages. Les petits bois 6c les ofiers s’appointent
avec le couteau à travailler.
Pour forger une ferpe à deux bifeaux , le forgeron
met un morceau d’acier entre deux morceaux d’une
barre de fe r , 6c foude. Lorfque le tout eft bien corro
y é, il donne à fa ferpe la figure qu’il juge à propos.
La ferpe a un bifeau d’acier comme la doloire. {D. J.)
SERPENT, f. m.ferpens, ( Hiß. nat. ) animal qui
n’a point de piés, 6c qui rampe. Foye^Reptile. On
divife les ferpens en deux claffes ; la première contient
ceux dont la morfure n’eft pas venimeufe, 6c
que l’on nomme couleuvres ; ils font des oeufs qu’ils
dépofent dans des endroits chauds , & il en fort au
bout d’un certain tems de petits ferpens, voye{ C ouleuvre
, & la fig. 3. de la PI. X F I . où on a repré-
fenté un petit ferpent dans fon oeuf. Les Jêrpens de la
fécondé claffe font appellés vipères ; leur morfure eft
très-dangereufe ordinairement, même elle caufe la
mort, fi on n’y apporte un prompt remede ; ils font
leurs petits tout vivans. Foye{ Vipere. Il y a peu
d’endroits où il n’y ait des ferpens, 'ils aiment le
chaud, 6c ils font en plus grand nombre dans les pays
méridionaux que dans les feptentrionaux ; ils varient
beaucoup pour la grandeur 6c la couleur. Dapper,
hiß. de l'Amérique, fait mention d’un ferpent que l’on
trouve au Bréfil, 6c qui a vingt-quatre piés de longueur
; & Chrétien Mentçelius dit qu’il y en a dans les
Indes orientales qui dévorent 6c qui avalent un buffle
tout entier. Les auteurs qui ont écrit fur les ferpens
fe font contredits les uns les autres dans la plû-
part de leurs deferiptions, de façon qu’il eft très-difficile
de déterminer les différentes efpeces de ces
animaux.
Serpent amphisbene , on a donné ce nom aux
ferpens dont la queue eft auffi grolle que la tête ; on
prétend qu’ils marchent en avant 6c en arriéré comme
les écreviffes, c’eft pourquoi on les appelle auffi
doubles-marcheurs.
Serpent des îles Antilles , dans le nombre des
îles Antilles, les feules îles de la Martinique 6c de
Sainte-Aloufie nourriffent dans leurs forêts 6c fur
leurs montagnes une multitude de ferpens venimeux
dont la morfure eft mortelle. Ce reptile tient de la
nature des vivipares ; la femelle produifant à-la-fois
jufqu’à foixante & quatre-vingt petits ; onrencontre
des ferpens de huit a dix piés de longueur fur quatre
pouces de diamètre 6c même plus , couverts fur le
dos d’une peau écaillée de couleur grife ou noire
marquetée , quelquefois verdâtre ou d’un jaune-
brun ; le deffous du ventre eft toujours plus pâle 6c
prefque blanc, couvert d’écailles plus grandes que
celles du dos ; leur tête , qui eft de forme triangulaire
, un peu arrondie fur les angles, paroît comme
écrafée , ils ont les yeux petits, vifs , la gueule
demefurément fendue 6c garnie de petites dents ;
fur les côtes de la mâchoire fupérieure font deux
longs crocs un peu courbes , fort pointus , creux à
leur, naiffance, mobiles dans l’alvéole , 6c percés
4 un petit trou latéral au-defliis de la gencive , qui,
cette partie , paroît gonflée , renfermant une
vemcule remplie’ d’un venin du plus funefte à ceux
qui ont le malheur d’en éprouver les effets, principalement
fi la piquure rencontre une veine ou une
artete , on ne doit point alors efpérer de remede.
Tome X F . r
Les ferpens s’élancent avec une extrême rapidité, ils
piquent de leurs crocs les parties qu’ils touchent, &
y feringuent leur venin au moyen du petit trou latéral
dont on a parle. Le parti le plus convenable
dans ces occafions eft de fe faire une forte ligature à
fept ou huit doigts au-deffus de l’endroit piqué, 6c de
prendre promptement un bon coup d’eau-de-vie
ou , à fon defaut, d’avaler de l’urine toute chaude ;
fi on a tue l’animal, il eft à-propos d’en écrafer la
tête 6c de l’appliquer fur le mal, ayant grande attention
de ne pas refter en place, mais de courir très-
vîte , chercher du fecours avant que l’enflure 6c l’af-
foupiffement dont on eft pris ayent fait des progrès.
Quoique dans un pays chaud, on fait toujours du
feu auprès du malade, on le couvre bien, 6c on l’agite
un peu pour l’empêcher de dormir au-moins
pendant vingt-quatre heures; lafoifqui le tourmente
ne doit point être étanchée par dp l’eau fraîche qui
feroit pernicieufe ; il ne faut pas non plus qu’il prenne
de nourriture , mais on lui fait avaler une forte dpfe
de thériaque délayée dans de l’eau-de-vie, 6c on
opéré fur la bleffure en y faifant des fcarifications,
6c y appliquant les ventoufes à plufieurs reprifes jufqu’à
ce qu’on juge qu’il ne refte plus de venin ; alors
on met furlaplaie uncataplafme compofé d’ailpilé dans
un mortier de bois, avec une forte d’herbe appellée
mal-nommée, quelques autres plantes connues dans
le pays & un peu de poudre de tête ferpent. Avant
d’appliquer ces drogues, on en exprime le fuc pour le
faire boire au malade, lequel, au bout de trois ou
quatre jours, doit être hors de danger.
Les negres piayes , médecins ou forciers, font
ufage de la fuccion au-lieu de ventoufes, ayant foin
de fe rincer la bouche à chaquô fois avec de l’eau-
de-vie ; ils appliquent enfuite fur la bleffure plufieurs
fimples 6c drogues , dont ils fe réfervent la connoif-
fance ; c’eft un fecret qu’on n’a jamais pu tirer
d’eux.
Comme l’efpece de ferpent, dont on vient de parler
, n’eft autre chofe qu’une très-groffe vipere , on
pourroit fans doute avec fuccès faire ufage du remede
que M. de Juffieu a employé fi heureufement
fur un homme qui, en herboriflànt, fut piqué au bras
par un de ces animaux. Ce remede confifte à faire
prendre au malade dix à douze gouttes d’eau-de-
luce dans du vin , le.bien couvrir enfuite, 6c répéter
ce traitement de demi-heure en demi-heure, jufqu’à
ce que les fueurs abondantes ayant emporté la
caufe du mal.
La chair du ferpent étant rôtie fur le gril & accommodée
comme celle de l’anguille eft très-bonne au
goût, mais il n’en faut pas faire un long ufage , l’expérience
ayant appris qu’elle fubtilifoit trop le fang.
Les ferpens changent de peau tous les ans ; ils fe
nourriffent de rats fauvages , de volailles, de grenouilles
6c d’infeétes ; ils s’endorment auffi-tôt qu’ils
font repus, jufqu’à ce que ce qu’ils ont avalé fe foit
entièrement corrompu 6c confommé, car ces animaux
n’ont pas une autre façon de digérer.
Serpent tête de chien. Cette efpece le trouve communément
dans l’île de la Dominique ; fa longueur
eft d’environ huit à neuf piés, 6c fa groffeur eft plus
forte que le bras ; il a la tête ramaffée , ayant quelque
rapport à celle d’un chien ; fa gueule eft fendue,
bien garnie de dents , fans crocs ni venin. La peau
de ce ferpent eft couverte de petites écailles grifes &
comme argentées fur les flancs ; le dos étant varié
de grandes marques noires bordées de jaune, 6c le
deflous du ventre , dont les écailles font prefque
auffi larges que l’ongle 6c fort minces , tire fur la
couleur de nacre de perle. La graiffe des tête-de-
chiens eft eftimée un fouverain remede contre les
rhumatifmes ; on prétend qu’étant appliquée un peu
chaude , elle appaife les doyleurs de la goutte ; la