» tre autres chofes qu’il y avoit certaines places
» fur eux du tout infenfibles : nous les vifitames fort
» diligemment, fans 'rien oublier de tout ce qui y
» eft requis, les faifant dépouiller tous nuds : ils fu-
» rent piqués en plufieurs endroits, mais ils avoient
» le fentiment fort aigu. Nous les interrogeâmes fur
» plufieurs points , comme on fait les mélancoli-
» ques ; nous n’y reconnûmes que de pauvres gens
» ftupides , les uns qui ne fe foucioient de mourir ,
» les autres qui le defiroient : notre avis fut de leur
» bailler plutôt de l’ellebore pour les purger, qu’au-
» tre remede pour les punir. La cour les renvoya
» fuivant notre rapport». Pigray, chirur. liv. F i l.
chap. x . p. 44-5.
Cependant ces accufations fréquentes de forcelle-
rie , jointes à la créance qu’on donnoit à l’aftrologie
judiciaire 8c autres femblables fuperftitions fous le
régné des derniers Valois , avoient tellement enraciné
le préjugé, qu’il exifte un grand nombre de
vrais foreurs, que dans le fiecle fiiivant on trouve
encore des traces allez fortes de cette opinion. En
1609, Filefac doâeur de forbonne, fe plaignoit que
l ’impunité des forciers en multiplioit le nombre à l’infini.
Il ne les compte plus par cent mille , ni par
trois cens mille, mais par millions : voici fes paroles.
« Lepidï Plautus in trucuUnto, a et. I.fc. j .
Nam mine lenonum & feortorum plus efifere
Quam olim mufearum & cum caletur maximè.
JL nam magos , maléfices, fagas , hoc tempore in orbe
thrijliano, longe numéroJuperante omnes forniccs &prof
tibula, & officiofos i f os qui homines inter fe convenas
facere folent, nemo negabit, nifi elleborofus exifiat , &
nos quidem tantam collitviem miramur & perhorrefei-
mus. De idololat. magic, fol. j i .
La maréchale d’Ancre fut accufée de fortilege, 8c
l’on produilit en preuve contre elle, de s’être lérvie
d’images de cire qu’elle confervoit dans des cercueils,
d’avoir fait venir des forciers prétendus religieux, dits
ambro'fiens, de Nanci en Lorraine , pour l’aider dans
l’oblation d’un coq qu’elle faifoit pendant la nuit dans
l’églife des Augûftins 8c dans celle de S. Sulpice, 8c
enfin d’avoir eu chez elle trois livres de caractères,
avec un autre petit caraûere 8c une boëte, où étoient
cinq rondeaux de velours, defquels cara&eres, elle
8c fon mari ufoient pour dominer fur les volontés
des grands. « On fe fouviendra avec étonnement,
» dit M. de V oltaire, dans fon effai fur le fiecle de
*» Louis X IV. jufqu’à la derniere poftérité , que la
» maréchale d’Ancre fut brûlée en place de greve
w commeforciere, 8c que le confeiller Courtin, inter-
»> rogeant cette femme infortunée, lui demanda de
» quel fortilege elle s’étoit fervie pour gouverner
» l’efprit de Marie de Médicis : la maréchale lui ré-
» pondit : je me fuis fervie du pouvoir qu'ont les âmes
» fortes fur les efprits foibles, 8c qu’enfin cette réponfe
» ne fervit qu’à précipiter l’arret de fa mort ».
Il en fut de même dans l’affaire de ce fameux curé
de Loudun, Urbain Grandier , condamné au feu
comme magicien , par une commiffion du confeil.
Ce prêtre etoit fans doute repréhenfible & pour fes
moeurs 8c pour fes écrits ; mais l’hiftoire de f on procès
, 8c celle des diables de Loudun, ne prouvent en
lui aucun des traits , pour lefquels on le déclara dûe-
ment atteint 8c convaincu du crime de magie, maléfice
8c poffeflion, 8c pour réparation defquels on le
condamna à être brûlé v if avec les pactes 8c caractères
magiques qu’on l’accufoit d’avoir employé.
En r68o, la Vigoureufe 8c la Voifin, deux femmes
intriguantes qui fe donnoient pour devineref-
fes , 8c qui réellement étoient empoifonneufes, furent
convaincues de crimes énormes 8c brûlées vives.
Un grand nombre de perfonnes de la première
diftinétion furent impliquées dans leur affaire ; elles
nommèrent comme complices ou participantes de
leurs operations magiques la ducheffe de Bouillon ,
la comteffe de Soifions & le duc de Luxembourg ,
fans doute, afin de tâcher d’obtenir grâce à la faveur
de protections fi puiffantes. La première brava fes
juges dans fon interrogatoire , & ne fut pas mife en
pnfon, mais on l’obligea de s’abfenter pendant quelque
tems. La comtefle de Soiffons décrétée de prife
de corps, paffa en Flandres. Pour le duc de Luxem-
bourg, acculé de commerce avec les magiciennes &
les démons , il fut envoyé à.labaftille, mais élargi
bientôt après, & renvoyé abfous. Le vulgaire attri-
buoit a la magie fon habileté, dans l’art de la guerre.
Si les perfonnes dont nous venons de parler euf-
fent pratiqué l’art des forciers, elles auroient fait une
exception, à ce que dit le jurifconfulte Ayrault, qu’il
n’y a plus maintenant que des ftupides, des pafyans
ôc des rufires qui foient forciers. On a raifon en effet
de s’étonner, que des hommes qu’on fuppofe avoir
commerce avec les démons 8c leur commander, ne
loient pas mieux partagés du côté des lumières de l’ef-
prit, 6c des biens de la fortune , & que le pouvoir
qu’ils ont, de nuire, ne s’étend jamais jufqu’à leurs
accufateurs 8c à leurs juges. Car on ne donne aucune
railôn fatisfaifante de la ceflàtion de' ce pouvoir, dès
qu’ils font entre les mains de la juflice. Delrio rapporte
pourtant quelques exemples de forcieres qui ont
tait du mal aux juges qui les condamnoient, & aux
bourreaux qui les exécutoient ; mais ces faits font de
la nature de beaucoup d’autres qu’il adopte, 8c fon
feul témoignage n’eft pas une autorité fufiifante pour
en perfuader la certitude ou la vérité à fes lefteurs.
SORCIERE, f. f. ( Conchyliol.) nom que les Bretons
donnent à une el'pece de fabot, qui eft petite 8c
plate. Voye^SkBOT.
L’animal qui habite ce coquillage eft très-petit,'
& à fpirales applaties ; cet animal eft ombiliqué, 8c
tire fur la couleur cendrée, avec des taches brunes.
Sa chair eft reçue dans un fac brun foncé ; fa bouche
eft brune , fes yeux font gros 8c noirs , fes cornes
font de la même couleur 8c coupées dans leur largeur
par une ligne brune, ce qui les rend épaiffes, 8c d’une
pointe fort camufe.
Trois particularités fe trouvent dans ce teftacé ; la
première confifte dans une petite languette charnue,
ferme , 8c qui paroît fortir du fond de la poche. La
fécondé eft une bafe charnue fur laquelle il rampe.
Son opercule fait la troifieme différence ; il eft mince
& brillant.
On fait de fort belles fleurs à l’abbaye de la Joie
( à 2 lieues du port de Lorient. ) avec du burgau 8c
des forcieres. {D . J.)
SORCIERES de Thejfalie , (Mytholog.) la fable leur
donnoit le pouvoir d’attirer par des enchantemens
la lune fur la terre. Elles empruntoient leurs charmes
des plantes venimeufes que leur pays fourniffoit
en abondance , depuis que Cerbere paffant par la
Theffalie lorfqu’Hercule l’emmenoit enchaîné au roi
de Micènes , avoit vomi fon venin fur toutes les herbes.
Cette fable étoit fondée fur les plantes vénéneu-
fes ou fur la beauté des femmes de Theffalie. (Z?./.)
SORDIDITÉ, f. f. (Morale. ) fubftantif énergique
dont notre langue devroit s’enrichir, 8c qui expri-
meroit très-bien une avarice baffe 8c honteufe : « fois
» économe , mais ne fois point fordide , ce n’eft que
» pour te repofer le foir , que tu dois, voyageur
» fenfé, profiter du matin de tes jours, the bramint
» infpir'd». ( Z ) . / . )
SORESSA, lago DELL A , {Géog. mod.) lac d’Italie
, dans la campagne de Rome. Il s’étend dans les
marais Pomptins, entre le fleuve Sifto & la plage
romaine. Il a vers le nord un émiffoire, par lequel
il fe décharge dans le lac Crapolaccio, lequel fe perd
lui-même dans la mer. ( D . J. )
SO R ET , {Géog. mod.') petite province des Indes,
dans les états du Mogol. Elle touche vers le levant
au royaume de Guzarate, 8c vers le ponant à la mer.
Elle eft peuplée, 8c fa ville capitale s’appelle lan-
£“ r. {D. J.)
■ SORGHO, {Mat. méd. & diet. ) voye£ Mil , gros,
& l'article Farine & Farineux.
SORGUE, ( Géog. mod. ) ville de France en Provence
, dans le comtat Venaiflin , près du confluent
où la S orgue, la Nefque 8c la Louvèfe fe jettent dans
le Rhône , à près de deux lieues d’Avignon. Long.
22. go. latit. 4g. 55. ( D . J. )
So r g u e , la , ( Géogr. mod.') riviere de France
dans la Provence , au comtat Venaiflin. Elle prend
fa fource à la célébré fontaine de Vauclufe , à une
lieue de Gordes. Elle fe fépare en trois branches,
dont l’une fe rend dans la Nefque, la fécondé fe joint
à la Louvèfe, 8c la troifieme fe jette dans le Rhône
au*deffous d’Avignon. {D . J.)
SORGUGE, f. f {Hifi. mod. ) c’eft ainfi que les
Turcs nomment une aigrette faite de plumes, 8cornée
de pierreries que l’on porte au turban. Le ful-
tan feul a le droit d’en porter trois. Les grands pachas
ou gouverneurs d’Egypte , de Babylone 8c de
Damas en portent une feule du côté gauche ; les officiers
d’un moindre rang portent aufli une aigrette,
mais elle eft toute fimple.
SORI ou MONTI-SORI, ( Geog. mod. ^ montagnes
de la Sicile dans le val Demona. Ce font les
montagnes que les anciens ont appellées Heroei montes
ou Junonii montes. (Z?. J .)
SORIA , ( Géog. mod. ) ville d’Efpagne dans la
vieille Caftille , près de la fource du Duero , bâtie
en partie des ruines de l’ancienne Numance. Longit.
I f - 3 4 - 41. 47. (Z>. J.)
SORIE-SEGOVIANE, {Commerce de laine.") laine
d’agnelins qui vient de Ségovie , ville d’Efpagne. Il
y en a de lavée 8c de non-lavée. Il vient aufli des fo-
ries deMoline, de Caftille, d’Albarafin 8c de Navarre.
{D . f . )
SORISSAGE, f. m. ( Commerce de hareng. ) façon
que l’on donne au hareng, en le fumant à un feu de
bois ou de charbon dans les lieux qu’on appelle rouf-
fables. Trévoux. {D . J .)
SORISTAN ou SOURIE , ( Géog. mod.) province
de la Turquie àfiatique fur le bord de la Méditerranée
, entre la Caramanie , l’Armcnie , le Diarbeck
8c l’Arabie. Elle comprend la vSWie-propre, la Phénicie
8c la Paleftine. La capitale de la Sourie-propre
eft aujourd’hui Alep.
Le Sorifan eft un pays fertile, 8c qui le feroit bien
davantage s’il étoit en d’autres mains que celles dès
Turcs , qui ne connoiffent ni le travail, ni l’agriculture
; car cette région eft riche en pâturages 8c en
bétail ; elle eft arrofée de l’Euphrate , de l’Oronte 8c
autres rivières , 8c elle eft fournie de bons ports de
mer. La langue des Souriens d’aujourd’hui eft l’ara-
befque ou la morefque, qui eft la même ; les habi-
tans des villes marchandes fituées fur les ports , y
parlent aufli un jargon italien, fans liaifon ni fyn-
taxe. (D . J .)
SORITE, f. m. ( Logique. ) un argument des plus
captieux 8c des plus embarraffans eft celui que les
Latins nomment forites, du grecforos, qui veut dire
un monceau. Cet argument eft compofé de plufieurs
propofitions, peu différentes les unes des autres , 8c
tellement enchaînées, qu’après avoir débuté par une
vérité fenfible 8c inconteftable , on paffe, comme de
proche en proche , à une conclufion évidemment
lauffe.
Pour éviter la furprife, il faut fur-tout prendre
garde que tout ce qui fe dit de l’attribut fe dife aufli
du lujet. Qu’il n’y ait point d’ambiguité ni dans les
termes , ni dans les propofitions, Qu’on n’infere
point de propofitions négatives parmi des affirmatives.
Que la propofition qui précédé immédiatement
la conclufion ne foit point négative, à-moins que la
conclufion ne le foit aufli. Que la liaifon 8c la gradation
f qui doit être entre les propofitions , foit jufte.
Enfin qu’il n’y ait dans le fonte aucune propofition
particulière, fi ce n’eft peut-être la première. Telles
font en abrégé les judicieufes réglés que Facciolati a
détaillées dans un difeours fur les argumens infolu-
bles ; on peut le confulter. (D . J .)
SORLINGUES, l e s , {Géog. mod.) îles fituées fur
la côte de la grande Bretagne , à 8 lieues à l’oueft
de la pointe la plus avancée de la province de Cornouaille
, qui eft le cap de Lands-End, où elles font
rangées en rond. On en compte plus de cent ; mais
dans ce nombre , il y en a dix plus grandes que les
autres. Elles font la plûpart couvertes d’herbes , 8c
fournies de bons pâturages ; cependant on y voit
force rochers & écueils, ainfi que de lapins, de grues
8c d’oifeaux aquatiques. La plus grande de toutes eft
celle de Ste Marie qui a 8 milles de circuit, avec un
havre large & commode. La reine Elifabeth y fit
conftruire un fort où l’on tient garnifon. L’île de Sil-
ly eft la fécondé en grandeur, 8c a été apparemment
autrefois plus confiderable, puifqu’elle a donné le
nom de Sillinte à toutes les autres.
Cambden en comparant ce que les anciens nous
ont appris de la pofition 8c de l’hiftoire des îles Caf-
fitérides , avec la connoiffance exafte qu’il avoit
des Sorlingues, a découverfle premier 8c prouvé in»-
vinciolement l’identite cachée fous ces noms diffé-
rens.
Il réfulte donc que les îles Sorlingues font les SiL
lince ou Cafjiterides des anciens , nom qui leur fut donné
à caufe de leur richeffe en mines d'étain, qui ont
été connues des Phéniciens, des Tartéfiens, des Carthaginois
, des Romains 8c des Marfeillois.
Les empereurs romains avoient coutume d’y envoyer
des perfonnes coupables de quelques crimes
pour travailler aux mines ; c’étoit une maniéré de
lupplice ufitée dans ce tems-là, comme aujourd’hui
d’envoyer aux galeres.
Les anciens habitans de ces îles portoient des habits
noirs 8c longs, qui defeendoient jufqu’à terre*
Ils fe nourriffoient de leur bétail, 8c vivoient à la
maniéré des Nomades, n’ayant aucune demeure fixe.
Leur commerce confiftoit à troquer du plomb , de
l’étain 8c des peaux contre de la vaiffelle de terre ,
du fe l, 8c quelques petits ouvrages de bronze qu’on
leur donnoit en échange : ils ne fe foucioient point
d’argent, 8c même ils ne s’appliquoient pas beaucoup
au travail des mines. A moitié chemin de ces
îles , au cap le plus avancé de la province de Cornouaille
, la marée découvre quand elle eft baffe une
île , ou plutôt un rocher, nommé'autrefois Lijfia,
aujourd’hui Letowrow 8c the Gulphe , c’eft-à-dire le
goufre. {D . J .)
SORNE , f. f. terme de Forge, ce mot fignifie les
feories, les écumes, les crafjes qui forcent du fer en le
forgeant. Scorie eft le terme générique dont les Mé-
tallurgiftes fe fervent. Le mâchefer eft le nom que les
Ser ruriers 8c les Maréchaux donnent aux feories de
fer ; mais dans les groffes forges , on les appelle Cornes.
{ D . J . )
SORNUM, ( Géog. anc. ) ville de la D ac e, félon
Ptolomée, l. III. c. viij. Lazius dit que le nom moderne
eft Sewrny, que d’autres écriyent Seyerin ou
Zeverin, ville de la haute Hongrie , fur le Danube. mm SO RO, LE , {Géog. mod.) en latin Suburt riviere
de Portugal dans l’Eftramadoure ; accrue de diverfes
autres rivières, elle fépare l’Eftramadoure de l’Alen-
téjo , 8c tombe dans le Tage entre Benavente 8c
Salya-Terra, { D , J .)