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896 T A P l’eau , & nàgë à merveille ; fa chair efl d’un fort maù- 1
vais goût, mais les naturels du pays s’en accommodent.
( D . J .) . • 1
TAPIRQUSSOU, f. m. (ffi/l. nat.) grand animal
qpadrupede du Bréfil. Il eft de la grandeur d un boeuf,
mais il n’a point de cornes, fon cou eft plus court,
fes oreilles font longues & pendantes , les j>ies ne.
font point fendus, 8c femblables à ceux d un ane ; fa
queue eft courte, fes dents font aiguës 8c tranchantes
; fon poil eft affez long 8c d’une couleur rougeâtre.
Les Sauvages le tuent à coups de fléchés, ou ^ le
prennent dans des piégés. Sa peau fert à leur faire
des boucliers ; lorfqu’elie aétéféchée, elle eft à l’épreuve
de la fléché. La chair de cet animal, foit
fraîche , foit boucannée, eft tres-bonne , 8c reffem-
ble à celle du boeuf.
TAPIS, f. m. ( Conzm. ) efpece de couverture travaillée
à l’aiguille fur le métier, pour mettre fur
une table , mr une armoire, ou même fur 'le carreau.
Les tapis de Perfe & de Turquie font, les plus
eftimés, fur-tout les premiers. Les tapis qui n’ont
que du poil ou de la pluche fur un cote feulement,
etoient nommés par les anciens tapetts ; 8c ceux qui
en avoient des* deux côtes , amphitapetes. @
- Les tapis qui viennent en France des. pays etran- _
gers (car il ne s’agit pas ici de ceux.de fes manufaétu-
res) , font des tapis de Perfe 8c de Turquie , ceux-ci
‘ o,u velus ou ras, c’eft-à-dire ou à poil ccurt, ou à
long poil. Les uns 8c les autres fe tirent ordinairement
de Smyrne ; il y en a de trois fortes. Les uns
qu’on appelle mofquets, fe vendent à la piece fui-
vant leur grandeur 8c leur fineffe , 8c font les plus
beaux & les plus Ans de tous. Les autres fe nomment
tapis de p i i , parce qu’on les acheté au pié quarré.
Ge font lès plus grands de ceux qui s’apportent du
Levant. Les moindres tapis qu’on reçoit de ce pays,
fe nomment cadtne. (D . J .)
TAPIS. Manufacture royale de tapis façon de Tur-,
quie, établie à la Savonnerie au fauxbourg de.Chaillot,
prés Paris. Les métiers pour fabriquer les façon
de Turquie, font montes comme ceux qui fervent à
feire les tapifferies de haute-lifle aux Gobelins, c’eft-
à-dire , que la chaîne eft pofée verticalement; fayoir,
le rouleau ou enfuple dès fils en-haut, 8c celui de l’étoffe
fabriquée, en-bas.
La fa ç o n de travailler eft totalement différente de
celle de faire la tapifîerie. Dans le travail des tapis
., l’ouvrier voit devant lui l’endroit de:fon ouvrage
, au lieu que dans la tapifferie, il ne voit que lfen-
vers. I WÊ
L’ourdiffage des chaînes eft différent aufli ; dans
celles qm font deftinées pour les tapis, l’ourdiffeur
çu l’ourdiffeufe doit avoir foin de ranger les fils de
façon que chaque portée de dix fils ait le dixième
d’une.couleur différente des neuf autres qui. tous doivent.
être d’une même couleur, afin de former dans
la longueur une efpèce de dixaine.
Le deffein du tapis doit être peint fur un papi.er
tel que celui qui fert aux deffeins de fabrique , mais
Beaucoup moins ferré , puifqu’il doit être de la largeur
de L’ouvrage que l’on doit fabriquer. Chaque
carreau du papier doit avoir 9 lignes verticales, 8c
une dixième pour faire la diftinétion du quarré qui
réponde au dixième fil de la chaîne ourdie.
Outre ces lignes verticales, le papier eft encore
compofé de dix lignes horifontales chaque carreau,
qui. coupent les dix lignes verticales , 8c fervent à
Conduire l’ouvrier dans le travail de fon ouvrage.
Les lignes horifontales ne font point diftinguées
fur la chaîne comme les verticales, mais l’ouvrier
fupplée à'ce manquement par une petite baguette de
fer, qu’il pofe vis-à-vis la ligne horifontafe du def-
féin lorfqu’il veut fabriquer l’ouvrage.
Le deffein eft coupé par bandes dans fa longueur,
T A P pour que l’ouvrier ait moins d’embarras , 8c chaque
bande contenant plus ou moins de carreaux eft pofée
derrière la chaîne vis-à-vis l’ouvrier.
. Lorfque l’ouvrier veut travailler , il pofe fa baguette
de fer vis-à-vis la ligne horizontale du deffein
, 8c paffant fon fufeau fur lequel eft la laine ou
foie de la couleur indiquée par le deffein, il embrafle
la baguette de fer & le fil de la chaîne un par un juf-
qu’à la dixième corde, après quoi il s’arrête, & prenant
un fil il le paflè au-travers de la même dixaine ,
de façon qu’il y en ait un pris 8c un laiffé, après quoi
il en paffe un fécond où il laiffe ceux qu’il a pris, 8c
prend ceux qu’il a laiffés, ce qui forme une efpece de
gros-de-tours ou taffetas, qui forme le corps de l’étoffe
, enfuite avec un petit peigne de fer il ferre les
deux fils croifés qu’il a pafle,de façon qu’ils retiennent
le-fil de couleur , qui forme la figure du tapis ferré ,
de façon qu’il peut les couper fans craindre qu’ils
fortent de la place où ils ont été pofés.
La virgule de fer fur laquelle les fils de couleur
font paffés eft un peu plus longue que la largeur de
là dixaine : elle eft courbée du côte droit, afin que
l’ouvrier puiffe la tirer, 8c du côté oppofé elle a un
tranchant un peu large , ce qui fait que quand l’ouvrier
la tire , elle coupe tous les fils dont elle étoit
enveloppée ; que fi par hazard il fe trouve quelques
fils plus longs le.s uns que les autres après que la virgule
eft tirée, pour, lors L'ouvrier avec des cifeaux a
loin d’égalifer toutes les parties,
En continuant le travail, il faut que l’ouvrier pafle
dix fois la baguette dans le carreau, pour que fon ouvrage
foit parfait ; quelquefois il n’en, paffe que,huit,
* fi la chaîne eft trop ferree , parce qùe la chaîne doit
i être ourdie 8c ferrée proportionnellement aux lignes
verticales du deffein. Quoique toutes les couleurs
différentes foient paffées dans toute la largeur de l’ou-.
| vrage ; néanmoins il eft indifpenlable d’arrêter 8c
i de couper dixaine, par dixaine , attendu que fi avec
; une baguette plus longue. > onvouloit.aller plus avant
ou en prendre deux , la quantité de fils ou foie de
couleur dont elle fe trouveroit enveloppée, empê-
cheroit de la tirer, 8c c’eft la raifon qui fait que chaque
dixaine on coupe , ce qui,n’empeche pas néanmoins
, que fi la même couleur eft continuée dans,
la dixaine fuivante , on ne continue, avec la même
laine, oufoie dont le fil n’eft point coupé au fu-
l^àu.
Les jets de fils que l’ouvrier paffe pour arrêter la
laine ou foie qui forment la figure de l’ouvrage, doivent
être paffés 8c encroifés dans tous les travers où,
il'fe trouvé de la laine ou foie arrêtée, il n’en faut
pas moins de deux paffées ou jettées. bien croifees,>
& bien ferrées, parce qu’elles forment ce qu’on appelle
trame dans les velours cifelés., & çompofent,
avec la croifée delà chaîne, ce que nous appelions
ordinairement le corps deJlétçjfe.
T apis de l i t , (L itié ra ti) Les tapés de pourpre fer-,
voient pour les lits, des tables chez les Grecs 8c lest
Romains. Théocrite , Id y lle //A, en parlant des lits-
préparés pour Vénus dans la fête d’Adonis, n’oublie,
point les tapis dp. la pourpre faits à, Milet 8c à Samos,.
Horat.yîu. y/, fait aufli mention.de ces tapis ou cour,
vérturés de pourpre étendues fur des lits, d’iyoire*
In locuplete domo vefligia, rubro ubi croco
Tincla Juper leclos canderet vejlis eburnos.
Ce n’étoit pas feulement le prix de la matière , mais
aufli l’excellence de l’ouvrage, 8c. entr’auîres des re-
préfentations de figures gigantefqués , ou de fables
héroïques , qui anciennement rehaufloiqnt déjà la
beaqte de ces fortes de tapis ; témoin celle du lit nupr
tial.de Thétis, dont par^e Catulle., 8c qu’il.appelle,
pour le dire en paffant du. nom générale de Vi/lis.ÿ
comme fait Horace à fon exemple dans le paffage )
T A V
ijue je viens de rapporten Voici celui dé Catuflê.
Hxc Vzfiis prifcis hominum variata fi^uris
Hcraum mira vin ut es indicat arte.
(Z>. /.)
T apis , (Jardinage!) font de grandes pieces de *a-
zon pleines 8c fans découpures qui fe trouvent dans
les cours 8c avant-cours des maifons , dans les bof-
cuets, les boulingrins, les parterres à l’àngloife, &
dans le milieu des grandes allées 8c avenues dont le
ratiflàge demanderoit trop de foins.
T APIS, rafer le tapis 9 en terme de manege, C’éft galoper
près de terre, comme font lès chevaux angloîs
qui n’ont pas le galop élevé. Lorfqu’un cheval ne
lève pas affez le devant, qu’il a les allures froides , 8t
les mouvemens trop près de terre, il rafe le tapis.
Poyei Alluré , G alop.
S T apis de billard , (Pauditer.") c’eft une <*rahdè
piece de drap verd, qu’on bande avec force , &
qu’on attache avec des clous fur la table du billard.
C’eft fur ce tapis qu’on fait rouler les billes ; en les
pouffant avec une maffe ou urrequene.
T apis v e r d ,, (Gram. Jurifprud!) on entend par ce
terme une certaine affemblée de fermiers généraux
du ro i, où ils tiennent confeil entr’eux fur certaines
affaires contentieufes. (A )
TAPïSSENDlS , f. f. pl. terme de Commerce ; forte
de toiles de coton peintes, dont la couleur paffe des
deux cotes. On en fait des tapis 8c des courtes-poin-
tes. (D . /.) 1
T^ PISSER ’ v. aft. (Ta pi(fe r.) c’efl: tendre une
tapifferie & en couvrir les murailles d’un appartement
ou quelqu’autre endroit. C’eft ordinairement
l’emploi des maîtres tapiflîers 8c de leurs garçons.
P'oye^ T apissier.
■ J]Tapisserie, f.f. (T a p ijfe t .) Piece d’étoffe w
d ouvrage dont on fe fert pour parer une chaiîibre ,
ou tel autre appartement d’une maifon.
On peut faire cet ameublement de tontes fortes
d’étoffes, comme de velqûrs ; de damas, de brocards
, de brocatelle , de fatin de Bniges, de câle-
mande , de cadis, &c. mais quoique tourès/ces étof
fes taillées & montées fe nomment tapifferies on ne
doit proprement appéller ainfi que les hautes 8c baffes
liffes , les Bergames , les cuirs dorés, les tapiffe-
ries de teiitiire de laine , & ces autres que fon fait de
coutil , fur lequel On imite avec diverfes couleurs
les perfonnages & les verdures de la haute-
lifle.
Ce genre de tableaux, ou fi I’ôh veut cette forte
«Tarneublement, dans lequel les foies, la laine & les
pinceaux
Tracent de tous côtes
Chdffes & payfdges,
E n cet endroit des animaux,
E n "cet autre des ptrfohhages.
n’eft point d’unëinventionnouvelle;les Latinsavoient
de riches tapifferies , qu’ils nommoient aulæa , 8c les
Grecs les appelloient avant ewxperipetafmata. Pline
nousapprend que les Romains donnèrent feulement le
nom aulæa aux tapifferies, lorfqu’Àttale, roi de Per-
game , eut inftitué le peuple romain héritier de fes
états & de tous fes biens , parce que parmi les meubles
de fon palais, il y avoit des tapifferies magnifiques
brodées d’or ■; ainfi aulæa eft dit ab aulæa. (D . X )
Tapifferie de haute & baffe-liffe. Voyez Carticle
L isse.
Tapifferie de Bergame. Voye{ BéRGAME.
Tapifferie de cuir doré. Voytç CurR DORÉ.
Tapifferie de coutil. Voye{ C O U T IL .
T apisserie des G obelins,; l’on nomme ainfi
une manufrf&ure royale’ établie à Paris au bout du
faüxboürg frint Màrcèaù , pour là fabrique des idpif-
T A P 89-
finiü Bc meubles de la couronne. Voyei T apisserie.
lia fnaifon oit eft pféfentement cette teanefedlnre'
avoft eté-Mttepar fes frétés Gobelins, célébrés tein ’
juners qtu avOtcnt les premiers àppôrtê à Paris le
fteret de cette belle teinture d’écarlate qui a confer-
M M ■ i — ■ la petite rivrere de Bié-
Tre’ . ,, e b°rd de laquelle ils s’établirent, & que
depuis I On_ne connaît guere à Paris que fous le nom
de riviere des Gobelins,
Ce'ïiit en l’année que celui-ci chan.ea fon
H S- n i Gohtlin qu’il avoit porté jufques-là',
en c-efet d ho:U royàl d« Gobelins, en conféquence
de 1 edit du roi Louis XIV. ^
, M: Colbert ayanf'rétâbliSi: embelli les maifons
m É S R - B f f lH b du Iionvrè, & fe palais
M È S Ê S m {°S.§ëa,â felre travailler à des meu-
. 15 tipondtlilnt à la magnificence de ces mai-
iops. Dans ce deffein, il raftbmbla uné partie de ce
qu H y avoit de plus-habiles ouvriers dans fe rovau-
meen toutes.fo«es d’arts St de manufaaures parti'
etilierementde peintres,de tapiffiers, de rculpteurs-
d orfèvres, & d’ebemftés & en attira d’airtres dé
differentes nations par des promeffes magnifiques
desp'eiifioiïs, & des privilèges confidérables ’ . Pàat tendre plus'ftabfe Fétabfiffement qu’ilpro-
I H H H i l’aoquifitîon du fememr
hôtel des Gobelins. pour les y loger, &.à km- dont
ner deS'fégfemens ijiu affuraffent leur état, & qui
fixaifeiît leur police. *
. r01 ordonne & Statue que lefdites mantifaaures
feronrreg.es & adminiltrefes par lé for-intendant
des.bâtimens, arts, &manufaaures de France; que
les maîtres ordinaires dè fon hôtel prendront’con-
»« detoutesles aâions^°u^procès qu’eux,lei,r
tamilfe, St domeftique , ppttrroienr avoir ; qu’on ne
pourra taire venir, des pays étrangers des tapi (fériés
, &c.
■ ■ ■ des Gobelins eft jufqu’à préfent
m première de cette èfpécè qu’il yàit au mondé : là.
quantité d ouvrages qui en font fortis , & le o^rand
nombrè d’èx'cèlléns ouvriers qui s’y foht formés-
font incroyables. ’
Eh efef c’eft à cét éfabiiffement que la Francè'
elt redevable du progrès que les arts & les manufo-
ctures y ont fait.
, fur-tout la'bèauté de ces tapifferies -
fous la for-intendance de M. Colbert & de M de
B B p fon m w w m , les tapifferies de haute & de
baiie-lifle , y ont acquis un degré de perfection fort
iuperieur à tout ce que les Anglois & les Flamands
ont jamais fait.
Les batailles d’Alexandre, les qjiatre faifons fes
qiiatre elemens , fes maifons royales , & une fuite
des principales aûions du roi Louis XIV, depuis fort
mariage julqu’à la premiers conquête delaFranche-
Comté, exécutés aux Gobelins, fur fes deffeins dit
célèbre M. fe Brffl, direûeur de cette manufafture
font des chefs-d’oeuvre en ce genre»
T apisserie de papier ; cette efpece de tapilfe-
ne n avoit long-tems fervi qu’aux gens de la campagne
, -8c au petit peuple de Paris, pour orner, &
pour ainfi dire, tapiffer quelques endroits de leurs
cabanes, 8c de leurs boutiques & chambres ; mais
fur la fin du’dix-feptieme fiecle, on les a pouffées à
un point de perfection & d’agrément, qu’outre les
grands envois qui s’en font, pour les pays étrangers
& pour les principales villes du royaume, il
n’eft point de maifon à Paris, pour magnifique qu’elle
fob » qui n’ait quelque endroit, foit garde-robes
foit lieux encore plus fecrets; qui n’en foit tapiffé*
8c affez agréablement orné.
Pour faire ces tapifferies, qui font préfetttement le
principal objet du commerce de la dominoterie les
Domiïiotiers, s’ils en font capables, ïînon quelque
X X x x x ij