652 S U I félon qu’ils fe trouvent dans les faites. 2°. Depuis
l ’an 485 jufqu’à l’empire d’Augufte , les médailles
que Goltzius rapporte n’ont point été frappées ni
pa r les confuls , ni pour les confuls dont elles por*
tent le nom , mais feulement par les Monétaires qui
étant de la même famille, ont v ou lu conferver leur
nom- ou c elui de leurs ancêtres. C eft ce qu il eft
néceffaire d’o b fe rv e r , pour corriger l’erreur des jeunes
cu r ieu x , qui s’imaginent que les médailles con-
fulaires font ainfi nommées, parce qu’ elles ont été
frappées pour les confuls qui entroient toutes les années
en charge ; quoique dans le v r a i , on ne leur
ait donné ce nom que parce qu’elles ont été battues
du tems que la république étoit gouvernée par les
confuls.
’ Parlons à préfent des médailles impériales qui
conftituent notre quatrième o rd r e , 8c oii l’on trouve
toutes les têtes néceffaires, pour faire la fuite com-
plette des empereurs jufqu’à nos jours. O n eftime
particulièrement les an tiques, 8c parmi les antiques
celles qui compofent le haut-empire, que l’on renferme
entre Jules-Céfar & les trente tyrans. Il ne
taille pas d’y en avo ir d’alfez bien frappées 8c d’af-
fe z curieufes jufqu’à la famille de C on ftan tin , 011
finit toute la belle curiofité. O c c o , médecin allemand
à Ausbourg, nous en a donné la première def-
cription dès l ’année 1579. Son liv re fut imprimé'à
A n v e r s , 8c le nombre des médailles qu’il ramaffoit
s’étant toujours g ro fli, il en fit une fécondé édition
à Ausbourg en 1601 , qui eft la bonne.^ L e comte
Mezza-Barba en a donné une troifieme éd itio n , augmentée
de plùfieurs milliers.
O n fait un cinquième ordre de fuites de médailles;
c’ eft celle des d e ïté s , parce que l’on commence à
rechercher ces fortes de médailles av e c fo in , à caufe
du plailir qu’il y a d’y v o ir les noms des d iv in ité s ,
les fymboles ,' les tem p le s , les autels 8c les pa ys oh
elles étoient honorées. On. en peut former une belle
. fuite de bronze par le moy en des v illes greques , où
l’on en trouv e une très-grande quantité ; mais la plus
agréable eft celle d’argent que fourniffent les médailles
des familles. Il y en a quantité dans le cabinet
du r o i , & l’on peut porter cette fuite beaucoup
plus loin que dans l’un & dans l’autre m é ta l, fi l’on
v eu t emprunter les revers des impériales, où les déï-
tés font représentées plus agréablement encore que
fur les médailles des familles , tant parce qu’elles y
ont tous leurs titres différeas , que parce qu’elles y
font ordinairement repréfentées de toute leur grandeur
; de forte que l’on y diftingue l’habillement,
les arme s , les fymboles , 8c les v illes où elles ont
été plus particulièrement honorées.
L e P. Jobert a imaginé une fixieme fuite qui feroit
compofée de toutes les perfonnes illuftres dont nous
avons les médailles, comme des fondateurs des v illes
& des républiques. Bizas , T om u s , Nemaufus ,
T a r a s , &c. Sm y rn a , Amaftris, &c. des reines , C léo pâtre
, Z é n o b ie , &c. des plus fameux legiflateurs,
L y cu rg u e , Zaleu cu s , Pittacus ; des grands hommes,
comme P y tfia g o re , Archimede , Euclide , Hippocrate
, Chryfippe , Homere , & femblables perfon-
n a g e s , recommandables par leur fcience ou par leur
fageffe ; très-affûrément on verroit av ec plaifir une
fuite p a re ille , f i , comme le remarque M. de la Baftie,
on a v o it lieu d’efpérer de la porter à une certaine
pe r fe â io n .
Plufieurs antiquaires ont depuis long-tems effayé
de nous donner des fuites de têtes des hommes illuftres
de l’antiquité ; mais la plupart de ceux qui
ont eu cette p e n fé e , ont jugé qu’il étoit impoffible
d’en ramaffer beaucoup, s’ils fe contentoient de s’attacher
aux têtes qui fe trouvent fur les médailles ;
c’eft pourquoi ils y ont ajouté celles qui fe font con-
fervées par le moyen des ftatues 8c des buftes , en
S U I marbre où en bronze, & même des pierres gravées»
Je ne connois pas de recueil en ce genre.plus ancien
que celui qui fut publié à Rome par Achille Stace,
favant portugais , foiis ce titré : IUufirium virorum ,
ut extant in urbe expreß vultus ,1 5 6 9 , fol.
Cette colleftion fut confidérablement augmentée
par les foins de Fulvio Urfini, 8c réimprimé à Rome
fous ce titré : Imagines & elogia virorum iUufirium,
ex lapidibus & numifmatibus , expreffa cum annota*
tionibus, ex bibliotheca Fu(vii U fin i, Rom. 157®» fol.
Le cabinet d’Urfini ayant encore reçu de.nouvelles
augmentations,Théodore Gallæus, dans un voyage
qu’il fit à Rome, deffina de nouveau les têtes des
hommes illuftres qu’il y remarqua ; il y joignit les
deffeins de ce qu’il trouva dans les autres cabinets
romains ; 8c de retour en France, il les grava, 8c les
publia avec ce titre : IUufirium imagines ex antiquis
marmoribus , numifmatibus, & gemmis expreffx, qtuz
extant Romoe , major pars apud Fulvium Urfinum»
Theodorus Gallceiis delineabat Rornee ex archetypis ,
incidebat, Antuerp. 1598, ex officinâ Plantin. in-40.
Il n’y avoit dans ce livre que 15 1 images ; mais l’on
y en ajouta 17 nouvelles , lorfqu’on imprima le commentaire
de Jean Faber fur ces portraits : Joannis
F abri Bambergenfis medici romani, in imagines ilLufi
trium ex Fulvii Urfini bibliotheca Antuerpice à Théo-
doro G ail ceo expreßas commentarius , Antuerp. ex off.
Plant. 1 6 0 6 in-40.
Enfin dans le fiecle paffé, il parut deux recueils
encore plus amples de têtes d’hommes illuftres ; l’un
en italien, l’autre en latin. Le premier eft intitulé :
Iconografia , ciot difegni d'imagini di famofiffimi mo-
narchi, filofofi, poeti, ed oratori del antichità , cqvati
del Angelo Canini, db frammenti de manni antichi ,
è de gioé, medaglie d'argento , d'oro, b fimili metalli,
Romæ 1669 9 fol. Le fécond a pour titre : Vtterum il-
lufirium philofophorum , poêtarum, rhetorum imagines,
ex vetufiis nummis, gemmis, her mis, marmoribus, aliif-
qut antiquis monumentis de fumptoe , à Joan. Petro
Bellorio expofitionibus illufiratcs , Rom. 1685 ,7®/.
Quoique dans tous ces recueils il n’y ait pas plus
de 200 tetes différentes, on a cependant été obligé
d’y faire entrer également les médailles, lqp médaillons
, les contorniates, les ftatues, les buftes & les
pierres gravées. De plus , dans ces mêmes recueils,
8c principalement dans les trois premiers, il y après
de la moitié des têtes copiées d’après les médailles
qui entrent plus naturellement dans à’autres fuites,
comme celles des rois d’Egypte , de S y r ie , de Bi-
thynie, du Pont, des familles romaines, 8c même
des empereurs : il faut outre cela prendre garde que
quelques-unes de ces têtes ayant été trouvées fans
infcription, ont été nommées au hafard , 8c que les
infcripfions de plufieurs autres font très-certainement
fauffes 8c modernes.
Si l’on veut donc fe renfermer dans les bornes que
le P. Jobert prefcrit ici à une fuite' de têtes de perfonnes
illuftres repréfentées fur les médailles, on ne
peut fe flatter de la rendre bien nombreufe. Il ne feroit
cependant pas bien inutile d’effayer jufqu’où
l’on pourroit la pouffer ; mais il faudroit éviter de
fuivre l’exemple de M. Seguin , qui ayant deftine le
fécond chapitre de fon livre de médailles choifies il
celles des hommés illuftres , ne l’a prefque rempli
que des têtes de divinités 8c de rois. Haym en a fait
aufli deux articles dans fon Teforo Britanico , tome /.
p. 124- 149. & tome II. p .S y - yS.
Au refte, la maniéré de ranger lés cabinets dépend
de l’inclination de chaque particulier, 8c du
nombre de médailles qu’il poffede. Mais comme il
n’y a que les grands princes qui puiffent avoir des
cabinets complets, c’eft-à-dire enrichis de toutes les
différentes fuites dont nous avons parlé , il faut que
les autres hommes fe bornent à quelques-unes, en
S U I évitant de mêler les métaux 8c les grandeurs. Quelque
grande que foit la tentation , quand on ne veut
point gâter fon cabinet, il eft bon d’avoir le courage
d’y réfifter.
Après tou t, les favans ont aujourd’hui la facilité
d’étudier le$ plus nombreufes fuites dans les catalogues
détaillés de médailles qui font entre les mains
de tout le monde. Ces ouvrages, en rendant publiques
d’inîmenfes colie&ions , multiplient en quelque
forte les cabinets, les expofent à plus de regards, 8c
mettentles Antiquaires en état de comparer enfem-
ble un plus grand nombre de ces monumens , 8c de
les éclaircir l’un par l’autre. La leûure de tous les catalogues
eft non-feulement utile par les objets qu’elle
offre à la curiofité , mais elle a encore l’avantage
d’indiquer ce qui manque aux plus riches cabinets.
Enfin elle nous procure quelquefois la connoiffance
des médailles rafes , que leurs poffeffeurs fe déterminent
à publier, foit par vanité , foit par un fenti-
ment plus noble. C’eft par ce dernier motif que fe
conduifit M. de Valois en publiant en 1746 les médailles
curieufes de la fuite qu’il avoit formée, &
qu’il accompagna de remarques hiftoriques. Toutes
£es chofes concourent à étendre la connoiffance de
l’art numifmatique. (Ze chevalier DÈ Ja u c o u r t . )
SUIVABLE , adj. ( Manuf. en laine. ) un fil fa isable
eft un fil filé éga l, 8c qui ne barre point l’étoffe.
SUIVAN T, adj. 8c fubft. (Gram.') celui qui fuit,
qui accompagne. Le jour fuivant ; un marchand fui-
vant la cour ; un fuivant d’Apollon.
SUIVANTE , f. f. (Littérat.) c’eft dans la comédie
un rôle fubalterne de femme. La fuivanCe eft attachée
au fervice d’une autre femme ; c’eft la confidente
de cetté femme ; c’eft elle qui la confeille bien
ou mal, qui la révolte contre fes parens , ou qui la
■ foumet à leurs volontés ; qui conduit fon intrigue,
qui parle à.l’amant, qui ménagé l’entrevue, &c. en
un mot, qui lui rend à-peu-pres les mêmes fervices
que l’amant reçoit de fon valet, avec lequel la fui-
vante eft toujours en affez bonne intelligence. La
fiivanti eft communément rufée , intéreflée , fine ,
à-moins qu’ il ne plaife au poète d’en difpofer autrement
, 8c de placer de l’honnêteté., du courage, du
bon efprit 8c de la vertu même dans ce rôle.
SUIVER , (Marine.) voyeç ESPALMER.
SUIVRE, v. aô. (Gram.) marcher fur les pas d’un
autre. Les jeunes animaux Juivent leur mere. Suiveç
ce chemin, c’eft le plus fur 8c le plus court : il faut
le fuivre, 8c voir ce qu’il devient. Quand il parut,
tout fon monde le fuivoit ; je l’ai fuivi dans tous fes
tours 8c retours. On fuit une affaire, un bon exemple
, un beau modèle , le parti des armes , une femme
, un miniftre , un difcours, un prédicateur, la
bonne doctrine, fon génie, &c.
Suivre , terme de Chafje, le limier fuit les voies
d’une bête qui va d’aflïirance ; quand elle fuit, on dit
qu’il la chafte.
SUIZE, l a , (Géog. mod.) petite riviere de France
en Champagne. Elle a fa fource dans l’éleétion de
Langres, 8c vient fe joindre à la Marne un peu au-
defiits de Chaumont. (D . J . )
SUKOTYRO ou SUCOTARIO , f. m. (Zoolog.)
nom que les Chinois donnent à un très-gros animal
remarquable par fes cornes , 8c qui paroît être le
taureau carnivore des anciens.
Cet animal eft de la grandeur d’un grand boeuf ; il
a le mufeau approchant de celui d’un cochon ; deux
oreilles longues 8c rudes ; une queue épa.iffe 8c touffue.
Scs yeux font placés perpendiculairement dans
la tête , d’unë maniéré tout-à-fait différente de ce
qu’ils font dans d’autres animaux. De chaque côté
de la tete , tout proche des yeux , il fort une longue
corne ou plutôt une dent, non pas tout-à-fait aulîi
S U K 6n . épaifle que la dent d’un éléphant. Il paît l’herbe dans
les endroits delerts 8c éloignés.
N ie u h o f, dont nous tenons cette defcription &
qui nous a donné la figure de cet animal, ajoute fans
en être peut-être trop inftruit , qu’on le prend fort
rarement. Nous ne connoiffons en Europe de cette
bête que fa paire de cornes , qui eft d’une grandeur
extraordinaire, & d o n t le chevalier Hans S lo ane, qui
èn avo it dans fon cab ine t, a communiqué le détail
fuivant à MM. de l’académie des Sciences.
C es Cornes furent trouvées dans un magafin qu*a*
voit^à Wapping M. D o y l y , homme fort curieux *
8c dont une certaine étoffe d’été porte le nom. Il en
fit préfent au chevalier Hans. Elles étoient affez gâtées
, 8c les vers les avoient rongées profondément
dans leur furface en divers endroits ; perfonne ne
put inftruire M. D o y l y de quel pays elles étoient
venues , ni en quel tems , 8c de quelle maniéré elles
avoient été mifes clans ce magafin. Q u oi qu’ il en foit,
on les a repréfentées dans les Mémoires de l'académie
de Sciences t année / 72 7.
Elles font affez droites à une diftance confidérable
de la b a fe , & puis fe courbant, elles vont infenfible-
ment fe terminer en pointe. Elles ne font pas rond
e s , mais un peu plates 8c comprimées , av ec des
filions larges 8c tranfverfaux fur leur furface, ondées
par-deffous. La grandeur des deux cornes n’eft pas
tout-à-fait la même ; la plus longue a fix piés fix
pouces 8c d em i, mefure d’Angleterre ; fon diàmetre
a la bafe eft de fept po u c es , 8c fa circonférence d’un
pié Scdemi. Elle pefoit vingt-deux livres , 8c conte-
moit dans fa cavité un galon & une pinte d’eau. L ’autre
corne étoit un peu plus petite , pefoit par confé-
quentun peu moins, & n e contènoït pas tout-à-fait
autant de liqueur.
L e capitaine d’un vaiffeau des Indes ay an t confia
déré ces cornes chez le chevalier H ans, l’affûra que
c’étoit celle d’une grande efpece de boe u f in dien,
qu’il avoit eu occafion de v o ir dans fes voy ag es .
Plufieurs autres raifons ont aufli convaincu le che va lie
r Hans que cet animal eft le boe u f ou le taureau
qui fe trouve dans l’E thiopie 8c d’autres contrées au
milieu de l ’A frique , 8c qui a été décrit par Agathar-
chide Cnidien , 8c par les autres anciens écrivains ,
quoique ce qui doit paroître étrange , peu d’auteurs;
modernes en ay ent fait mention. Nous parlerons au
long de cet animal au mot T aureau Sauv ag e.
C ’eft affez de d ire ic i que B ernier, dans fa relàdort
des états du grand-mogol, tome II. p. 43. remarque
que parmi plufieurs préfens qui dévoient être offerts
par deux ambaffadeurs de l’empereur d’Ethiopie à
A u ren g -Z eb , il fe trouvoit une corne de boeufpro-
digieule remplie de civette ; que payant mefurée, il
trouva que la bafe a v o it demi-pié en diamètre. Il
ajoute que cette c o rn e , quoiqu’elle fut apportée par
les ambaffadeurs à D e lh i où le grand-mogol tenoit
alors fa c ou r , ne lui fut pourtant pas p réfentée, parce
que fe trouvant courts d’argent, ils avoient vendu la
civette en route.
G e fn e r , Icon. anim. quadrup. Tiguri 1560,' p. j 4.
parle 8c donne la figure d’une corne fort grande,
qu’il dit avoir vue fufpendue à une des colonnes de
la cathédrale de S trasbourg, 8c qui paroît être de la
même efpece que les cornes en queftion. Il ajoute
que l’ayant melurée le long de la circonférence ex-*
térieure , il trouva qu’elle avo it quatre verges romaines
en longueur ; 8c il penfe que ç’avoit été la
corne d’un grand 8c v ieu xurus , taureau fauvage ,
que vrai-femblablement on avoit fufpendu dans cet
endroit à caufe de fa grandeur extraordinaire. Qu ant
aux cornes de la co lle â io n du chevalier Hans Sloane,
ce favant naturalifte conjeûure que du tems que lés
Anglois avoient un grand commerce à Ormus , elles
y furent portées aYeç d’autres marchandifes, 8c en