pays oîi il s’en trouve davantage. Le ferpent d’Epi-
daure qui futtranfportéàRomepourEfcuIape ,étoit
de cette efpece. C’étoit peut-être aufli de ces fortes
(le ferpens dont les bacchantes entortilloient leurs tyr-
fes, ou les paniers myftiques des orgyes , 6c qui ne
laiffoient pas d’infpirer tant de crainte aux l'pec-
tateurs. _ - . '
Les Egyptiens ne fe contentoient pas de mêler le
ferpent avec leurs divinités; lesdieux-memes etoient
fouvent reprélentés chez eux , n’ayant que leur tete
propre avec le corps 6c la queue du ferpent.^ Tel étoit
pour l’ordinaire Sérapis , qu’on reconnoît dans les
monumens, à fa tête couronnée du boiflëau , mais
dont tout le corps n’eft qu’un ferpent à plufieurs tours.
Apis fe voit aufli avec une tête de taureau, ayant le
corps 6c la queue de ferpent retrpuffée à l’extrémite.
Les génies ont été quelquefois reprefentes fous la
figure d’un ferpent. Deux ferpens atteles tiroient le
char de Triptolème , lorfque Cérès l’ënvoya parcourir
le monde pour apprendre aux hommes à fe-
mer le blé. Quelques poètes ont imaginé que les/ir-
pens étoient nés du fang des Titans, d’autres en attribuent
l’origine au fang de Python ou de Typhon. M8Ü Serpent , (Luther.) inftrument de mufiqueàvent
que l’on embouche par le moyen d’un bocal. Cet inR
trument eft du genre des cornets , 6c leur fert à tous
de baffe. Il forme l’uniffon du baffon de hautbois ou
de huit piés. Voye^ la table du rapport de l étendue des
inftrumens de Mufique. Cet inftrument, ainfi nommé
à caufe de fa figure ployée comme les ferpens reptiles
, eft compolé de deux pièces de bois de noyer ou
autre propre à cela, que l ’on creufe après avoir tracé
le contour B C D E F G en demi-cylindre concave,
lefquelles on colle enfuite l’une defliis l’autre , 6c
qu’on réduit enfuite par-dehors avec des râpes à bois
à environ une ligne ou ligne 6c demie au plus d’épail-
feur ; puis on le couvre d’un cuir mince ou- de
chagrin pour le conferver. Avant de mettre le cuir,
on met fous les plis, dans la partie concave, du nerf
de boeuf battu pour le renforcer en cet endroit, 6c
l’empêcher de rompre lorfqu’on le prend par la partie
B C. Voyt{ lafig. Pl.de Luth. Cet inftrument a fix
trous notés, / 2 3 4 5 6-^par le moyen defquels 6c du
vent que l’on infpire par le bocal A B , on lui donne
f’étendue d’une dix-feptieme.
Le bocal A B s’emboîte dans une frette de cuivre
ou d’argent, félon que le col du bocal eft de l’un
ou l’autre métal. Ce col eft recourbé, comme on voit
dans la figure, pour préfenter plus facilement le bocal
( lequel on emboîte dans le col ) à la bouche de
celui qui joue de cet inftrument. Le bocal eft une
petite cuvette ou hémifpheré concave, laquelle eft
ordinairement d’ivoire ; au milieu de cette cuvette,
qui peut avoir 1 - pouce de diamètre, eft un petit
trou qui communique par le collet afig.fùv. dans le'
col de métal du ferpent dans lequel il entre.
Pour jouer de cet inftrument, il faut le prendre
des deux mains, en forte que les trois doigts, index,
médius 6c annulaire de la main gauche bouchent les
trous 1 2 3 , le pouce de cette main étant placé à
l’oppofite des trous , pour pouvoir avec les autres
doigts tenir l’inftrument en état. Les trois mêmes
doigts de la main droite fervent à boucher les trous
4.Ô 6 , vis-à-vis defquels le pouce de cette main eft
placé pour la même railon.
Après avoir pofé les doigts fur les trous , on préfente
le bocal à la bouche , 6c on l’applique' fur les
, levres , en forte que l’air que l’on infpire dans le ferpent
ne puiffe trouver aucun paffage entre les bords
du bocal 6c les levres , mais qu’il foit contraint
de pafler dans le corps de l’inftrument ; pour cela
on mouille avec la langue les bords du bocal, qui
s’applique mieux par ce moyen fur les levres pour
faire les tons graves fur cet inftrument, particulièrement
ceux qui fe font tous les trous bouchés. Il faut
bien ménager le vent, 6c fouffler également ; pour
les autres tons où il y a quelques trous de débouchés
. i l s font plus faciles a faire : il s’en trouve cependant
quelques-uns qui ont le même doigté , lef-
quels par confequent ne different que par les différens
degrés de vitefle du vent qui anime l’inftrument ; tels
font la plupart des dièfés , des tons naturels, que l’on
peut faire cependant en ne débouchant que la moitié
du trou fupérieur, ou en croifant les doigts, c’eft-
à-dire en débouchant le trou de la note fupérieure,
6c en bouchant celui de l’inférieure de la note dont
on veut faire le diéfes. Voye^la tablature fuivante,où
les notes de mufique font voir quelle partie 6c quelle
étendue forme le ferpent. Voyeç aufli la table du rapport
de Pétendue des inftrumens. Les zéros noirs &
blancs qui font au-deflous des notes , lefquelles cor-
refpondent aux trous du ferpent, font voir quels trous
il faut tenir ouverts ou fermés pour faire les tons des
notes qui font au-defliis.
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SERPENTAIRE , f. f. ( Hift. nat. Bot. ) dracunculus
, genre de plante, qui reffemble aupié de veau,
parles fleurs & parles fruits , 6c dont les feuilles font
découpées profondément en plufieurs pièces. Tour-
lïefort, inß. rei herb. Voye{ Plante.
Cette plante eft le dracunculus polyphyllus de C.
B. P. 105. & de Tourn, I. R. H. 160. dracunculus
major, vulgaris, R a y , hift. Sa racine eft plongée
profondément dans la terre, elle eft blanche, vivace,
arrondie, de la groffeur d’une pomme, femblable à
une bulbe, garnie de plufieurs fibres , capillaires,
blanches , couverte d’une écorce jaunâtre , d’une
faveur brûlante. Il vient ordinairement à fes côtés
plufieurs petites bulbes par lefquelles elle fe multiplie
; fa tige eft unique , droite , delà groffeur d’un
pouce 6c plus, haute d’une à deux coudées , cylindrique,
liffe, panachée de taches de differentes couleurs
, comme la peau des ferpens, & coinpofée de
gaînes.
Ses feuilles font portées fur des queues fongueu-
fes , 6c longues de neuf pouces, elles font partagées
en f ix , fept, ou un plus grand nombre de fegméns
en maniéré de main, étroits , liffes , 6c luifans ; du
milieu des feuilles s’élève une tige, groffe à peine
comme le doigt , dont le fommet eft occupé par
une gaîne d’un pié de longueur, verte en-dehors ,
purpurine en-dedans, d’une odeur fort puante : cette
gaîne étant ouverte, forme une fleur d’une feule
piece, irrégulière, de la figure d’une oreille de lievre ;
de fon fein fort un piftil noirâtre ,, long , gros ,
pointu , accompagné à la bafe de plufieurs fommets,
6c de plufieurs embryons , qui fe changent en des
baies prefque fphériques , fucculentes, difpofées en
grappes vertes d’abord , enfuite rouges , brûlantes,
6c piquantes ; ces baies contiennent une ou deux
graines arrondies , un peu dures, 6c en quelque
façon ridées. La ferpentairevient dans les pays chauds,
6c eft cultivée dans les jardins des apothicaires.
• Serpentaire , ( Mat. méd. ) les racines 6c les
feuilles de cette plante, ont les mêmes vertus que
celles du pié-de-veau ; de forte qu’on peut fubftituer
c es deux plantes l’une à l’autre. Cependant Simon
Pauli avertit que le pié-de-veau eft plus doux que la
ferpentaire ; c’eft pourquoi il faut préférer cette dernière
plante , lorfqu’on veut déterger un peu plus
fortement ; c’eft pour cette même railon qu’on l’emploie
plus fréquemment'à l’extérieur. Géoffroi, mat:
med. La racine de ferpentaire entre dans l’emplâtre
diabotanum.
Serpentaire de Virginie, (Botan. éxot,) racine,
autrement nommée vipérine de Virginie , ferpentaria
virginiana, colubrina virginiana , offic. C ’eft une racine
fibreufe , menue , légère, brune en-dehors.,
jaunâtre en-dedans , d’une odeur-agréable , aromatique
, approchant de l’odeur de la zédoaire, d’un
goût un peu âcre 6c amer. On nous l’apporte de la
Virginie.
Il faut choifir celle qui eft récente, aromatique,
pure, & non mêlée avec d’autres racines. Quelques-
uns confondent cette plante avec la racine du cabaret
de Virginie ; mais le coup d’oeil les dillingue facilement
, puifique les racines de ce cabaret font noires;
il s’appelle a fatum virginianum , piftolochia fo/iis
fubrotundis , cyclaminis more maculatis.
Thomas Johnfon , qui a corrigé l’hiftoire de Gérard
, aftiire que c’eft la racine d’une plante appel-
lée ariftolochia, feu piftolochia altéra , J'emper virens ;
Mais Rai qui avoit dit la même chofe , d’après John- ,
fon ,. dans fon premi er tome de V/iiftoire des plantes, j
paroit en douter dans le fécond volume : & enfin
dans le troifieme , il prouve que cette plante eft différente
de la piftoloche de Crete de Clufius ; Pluk-
net allure que l’on nous apporte de Virginie, les racines,
de trois plantes , fous le nom de ferpentaire de
La première fe nomme ariftolochiapolyrrhifon, ar-
ticulatis foliis, virginiana, Pluk.
Cette racine eft un paquet de fibres & de chevelus
attachés à une-tête , de laquelle s’élève une tige' hau- '
te de neuf pouces, garnie de quelques feuilles en"
forme de coeur, 6c portée chacune fur une petite
queue ; ces feuilles, en naiffant, font pliées par le
milieu, ont la figure d’une oreille , 6c une longue
pointe à leur extrémité fupérieure ; les fleurs naiflenf
du bas de la tige, fur de longs pédicules ; elles font
longues, creufes, droites, comme celles des arifto-4
loches; portées fur un embryon ,qui devient un pe-11
fit fruit à cinq angles , lequel renferme de petites
graines femblables aux pépins de raifins.
La fécond G ferpentaire fe nomme ariftolochia violât
frucéicofà , foliis virginiance , cujus radix ferpentaria
dicitur. G’eft une racine compofée de fibres très-me-»
nues,& blanche, de laquelle s’élève une tig e, le
plus fouvent feule, grêle , garnie de peu dé feuilles,
placeésfans ordre j larges d’environ un pouce , fer-1
mes , taillées en forme de coeur à leur bafe, 6c terminées
par le haut eh une pointe aiguë ; chaque
feuille eft foutenue fur une queue d’un pouce de longueur
; les fleurs naiffent vers le bas de la tige ; les
graines font petites , 6c femblables à celles que contient
la figue.
La troifieme ferpentaire eftappellée ariftolochia piftolochia
, caule nodofo , feu ferpentaria , virginiana ,
D. Banifter, c’eft la véritable efpece de ferpentaire.
Cette racine n’eft qu’un compofé de petites fibres,
de couleur jaune, d’une odeur, 6c d’un goût aromaJ
tique ; elle pouffe une ou deux tiges , liffes , ou dit
moinstrès'peu velues, cylindriques, fouvent droites
; elles ne font ni quadrangulaires , ni couchées
vers la terre, ni grimpantes comme les farmens ; les
feuilles naiflènt lur la tige alternativement, & font
placées fur chaque noeud; elles font minces, longues,
pointues, taillées en maniéré de coeur vers la queue,
un peu velues en-deffus, rudes en-deffous, l'aillantes
aux cotés,un peu gluantes, 6cs’attachent aux doigts ;
les fleurs fortent près de la terre, elles font feules ,
ou au nombre de deux ; leur talon qui eft large, arrondis
en forme de bonnet, foutientun pavillon ouvert
dans le centre , lequel eft de couleur pourpre
foncé ; le refte de la fleur eft d’un jaune falc ; le fruit
eft à fix angles , en forme de poire , 6c a environ un
pouce de diamètre lorfqu’il eft parvenu à fâ maturité.
Cette plante n’eft pas toujours verte, car lorfque les
femences font mûres , les feuilles 6c les tiges le fan-
nent & fe defféchent. (D . J . )
Serpentaire de Virginie, ( Mat. méd. ) vipérine
de Virginie , ou piftoloche de Virginie ; la racine de
ferpentaire de Virginie nous eft apportée feche de
l’Amérique, & principalement de la Virginie; elle a
une faveur âcre, amere 6c camphrée, 6c une odeur
aromatique camphrée.
M. Çartheufer affure qu’on n’ en retire point d’huile
effentielle, excepté qu’on n’en diftille une très-*
grande quantité d’une feule fois ; cet auteur a retiré
d’une Once de ces racines, environ deux gros d’extrait
, par le menftrue aqueux , 6c environ un gros
de matière réfineufe , par l ’application de l’efprit devin
; ce dernier principe lui a paru plus aftif que le
premier, l’un 6c l’autre retiennent affez la faveur
propre de la plante, 6c le ;dernier retient de plus une
partie de fon parfum.
' Cette racine eft fingulierement eftimée parles ha-
bitans de la Virginie, parce qu’ils la regardent comme
un remede fouverain contre la morfure du fer-*
pent très-venimeux, appellé boccininga ; elle paffe
aufli pour guérir de la morfure des chiens enragés,
pour prévenir 6c même guérir l’hydrophobie.
Elle eft comptée en Europe , parmi les remedes
diaphorétiques , diurétiques , carminatifs , fortifiant,
& vermifuges ; 6ç parmi les alexipharmaques,.
6c les hyftériqu'ës les plus puiflans; & même M. Car-
theufer avertit de Uemployer avec beaucoup de cir-
co.nfpeéfion : dans les cas où il feroit dangereux de
trop échauffer, exciter, irriter, o.n doit la donner
en înfufiqn dans du vin , depuis un fcrupule jufqu’à
un grbs; 6c on peut la faire entrer en fubftance dans
les poudres compofces, &c dan? les éleûuaires ma