
donner à chacune un efpace affez grand pour qu*elle
y pût tendre fa toile. Tous ces inconvéniens raffem-
t le s rendront la. foie des araignées beaucoupplus che-
re que celle des vers. Au reftev, on pourroit peut-être
les prévenir. Si on avoit des araignées beaucoup plus
groffesqueles nôtres, elles donneroient plus dévoie ,•
on en trouveroit dans les pays étrangers, fur-tout en
Amérique., 6c il y-a lieu d’efpérer de les élever ici
aufli facilement que les vers-à-foie qui y ont été apportés
de fort loin. Quoi qu’il en fo it , 'c’étoit beaucoup
de découvrir que la foie des araignées fût d’af-
fez bonne ^qualité pour être employée dans les ma-
nufaâures. M. Bon Ta prouvé clairement en montrant
au public des ouvrages faits avec cette foie. Mémoires
de Üacadémie royale des Sciences , année iy i o ,
■ examen de la foie des araignées par M. de Réaumur ,
page G.
S o i e , (Chimie ^ Pharm. Mat.médé) la nature chimique
de la foie eft fpécialement expofée à l’article
-Su b s t a n c e a n im a l e . Voye^cetarticle.
Quelques pharmacologiftes ont compté la foie crue
donnée en fubftance, & fans a voir éprouvé le feu chimique
parmi les cordiaux : 6c ils ont eftimé cette
vertu par celle du fei volatil qu’on en retire par la
violence du feu. C’eft la même erreur que celle qui
.a érigé la corne de cerf Sc-la vipere en fudorifiques.,
yoye^VlPERE & C article PRINCIPE ( Chimie.f,la foie
n’eft point cordiale, la foie n’a point de vertu médi-
Camenteufe.
On a emploie en Pharmacie, Palkali volatil & l’huile
empyreumatique de foie. Le premier principe ent
re , par exemple., dans les gouttes d’Angleterre céphaliques
ou gouttes de Goddard. A la bonne-heure,
•car ce produit de l’analyfe-animale a des venus mé-
dicamenteufes très-réelles 6c très-énergiques : mais
il faut qu’on fe fouvienne que l’alkali volatil de foie
n’a abfolument que les propriétés médicinales connues
des alkalis volatils animaux.
La cendre de Joie eft comptée parmi les remedes
mondificatifs ; c ’eft un pauvre remede 6c qui eft aufli
fort peu ufité. (f)
S o i e , ( C o u te lie r c’eft la queue d’une lame de
•couteau de table ^ la foie eft féparée de la lame par la
moitié.
S o i e , en terme de Vergetier ; c’ eft le poil dont les
fangliers ou les porcs font couverts. On tire beaucoup
de foie de fanglier de Mofcovie, d’Allemagne,
de Lorraine , de Danemarck, &c.
SOIERIE., f. f. ( Corn. ) nom fous lequel on renferme
tout ce qui appartient au commerce en foie.
SOIF, f. f. (Phyfiolqg.) c’eft l’appétit des fluides ;
il ne faut point croire que ce qui eft la fource de la
f o i f (oit aufli la fource de la faim ; fouvent cette dernière
fenfation n’eft pas accompagnée de la f o i f , 6c
fouvent on l’éprouve dans le tems qu’on a le moins
d’appétit. Elle a fon fxége non-feulement dans l’efto-
mac, mais dans l’éfophage,, dans le pharynx 6c dans
toute la bouche.
Son origine n’eft pas facile à développer ; mais en
général il paroît que la fo if provient d’une certaine
■ chaleur qui s’excite dans l’eftomac par différentes
caufes ; les principales font les alimens chauds, les
vins fpiritueux, les liqueurs fortes, les affaifonne-
mens aromatiques, le violent exercice, la chaleur
de la faifon , le crachement exceflif des gens pituiteux
, phthifiques, mélancholiques, &c.
Si donc r°. le gofier n’eft pas humetté, la f o i f fe
faitfentir, parce que les vaiffeaux étant fecsfe retré-
ciffent, & augmentent par-là le mouvement du fang;
c ’eft à caufe de cette féchereffe, que les phthifiques
•ont la paume de la main fort chaude après le repas.
z°. S’il y a des matières gluantes dans l ’eftomac,
la fo if peut furvenir, parce que ces matières qui ont
e la vifeofité, font un effet de la chaleur , de quelquefois
elles fuppofent un fang privé de fa lymphe*
quand le fang n’a pas d’humeur aqueufe, il eft épais *
& alors il ne peut pas paffer librement par les vaiffeaux
capillaires, il gonfle donc les arteres qui doivent
en conféquence battre plus fréquemment 6c plus
fortement, ce qui ne fauroit arriver que la chaleur ne
s’augmente.
3 . Les fels, les matières âcres, ou les corps qui
contiennent beaucoup de feu doivent caufer la fo if9
car toutes ees fubftances mettent en mouvement les
parties folides, 6c y excitent par conféquent de la
chaleur.
4°. Dans les fievres, la fo if (c fait fentir avec violence
, la raifon n’eft pas difficile à trouver ; les fièvres
ne font caillées que par un excès de mouvement
., les arteres étant bouchées fe gonflent, il faut
donc qu’elles battent plus fortement 6c plus fréquemment,
& que par-là ilfurvienne plus de chaleur.
5°. Dans l’hydropifie, l’on fent une f o if violente,
cela vient de ce que la partie aqueufe du fang refte
dans l ’abdomen ; il n’y aura donc qu’un fang épais
dans les autres parties, cette épaiffeur caufera nécef-
fairement de la chaleur ; d’ailleurs l’abdomen étant
rempli d’eau, les vaiffeaux fanguins font fort comprimés.,
leftang coule donc en plus grande quantité
vers les parties fupérieures ; de-là il fuit que le mouvement
6c la chaleur y font plus confidérables, 6c
qu’il arrive fouvent des hémorrhagies aux hydropiques.
I
6°. On voit par ce détail que c’eft un mauvais ligne
, comme dit Hippocrate , que de n’avoir pas fo if
dans les maladies fort aiguës ; cela marque que les
■ organes deviennent infenfibles, 6c que la mort n’eft
pas éloignée. L’origine de ce dégoût pour les flui- .
des , vient du xefferrement des vaiffeaux laftés ; il
faudroit alors employer quelque liquide très-humec-
tant, auquel le malade fe porteroit plus volontiers.
La caufe finale de la fo if , eft de nous avertir des
vices du fang, de fa diverfe acrimonie, de forj épaif-
fiffement, de fon inflammation ; du defféchement du
pharynx, de l’éfophage 6c du ventricule, defféchement
qui arriye toutes les fois que les glandes cef-
fent de filtrer un fuc doux 6c muqueux.
Entre les quadrupèdes qui peuvent le plus fuppor-
ter la fo if , on n’en connoît point qui jouiffent de cet
avantage comme le chameau; car même dans les pays
brûlans , ils fupportent la fo if des femaines entières.
Cet animal a dans le fécond de fes quatre ventricules
plufieurs cavités faites comme des faes , qui félon
quelques phyficiens pourroient être les réfervoirs
où Pline dit que les chameaux gardent fort Iong-tems
l’eau qvi’ils boivent en quantité quand ils en trouvent
dans les déferts.
Ce qu’il y a de plus certain, c’eft que l’homme n’a
pas le même bonheur, 6c que quand il ne peut fatis-
faire à ce befoin preffant, cet état eft fuivi au bout
de quelques jours de l’inflammation du ventricule ,
de la fievre, du refferrement de la gorge , & de la
mort. C ’ eft un tourment inexprimable, par lequel
on recherche dans le fecours de l’eau ou de toute autre
liquide, le remede au mal qu’on endure ; on don-
neroit alors un royaume pour un verre d’eau, comme
fit Lyfimaque.
Il n’y a , dit l’amiral Anfon, dans fon voyage de
la mer du Sud, que ceux qui ont fouffert long-tems
la fo if9 6c qui peuvent fe rappeller l’effet que les feules
idées de fources & de ruiffeaux ont produit alors
en eux, qui foient en état de juger de l’emotion avec
laquelle nous regardâmes une grande cafcade d’une
eau tranfparente , qui tomboit d’un rocher haut de
près de cent piés dans la mer, à une petite diftance
de notre vaiffeau. Ceux de nos malades qui n’étoient
point à l’extrémité, quoiqu’alités depuis long-tems ,
fe fervirent du peu de force qui leur reftoit, 6c fe
traînèrent fur le tillac pour jouir d ’un fpeélaele fi ra-
viffant. (D . J.)
Soif , (Lang, f rang.") ce mot-au figuré défigne une
grande paflion , un defir v i f , inquiet, 6c ardent de
quelque chofe ; il s’emploie dans le ftyle noble , la
fo if de l’o r , la foiff.es honneurs, la Jbif de la gloire.
L’Evangile dit, que ceux qui ontfo if de la juftice font
bienheureux; c’eft une belle idée. La poéfie s’eft enrichie
de ce mot.
Cette foif de régner que rien ne peut éteindre
Rac. Iphig. att. 4. fc. 4.
Perfides , contenteç votre foiffanguinaire.
Iphig. a&. 5. fc. 4.
V jus brûler^ d’une foif qrfon ne peut étancher.
Defpreaux.
(Z ) ./ .)
SO IG N I E S , (Géog. mod.') petite ville des Pays-
Ba s, dans le Haynaut, au comté de Mons , fur la rivière
de Senne, à quatre lieues au nord-oueft de Bin-
che, & à fept au fud-oueft de Bruxelles , près, d’une
forêt de même nom qui a fept lieues de circuit.
. Cette ville eft nommée Sonegice dans les anciens
titres, 6c c’eft de Sonegice qu’on a fait Soignies. Elle
a un chapitre féculier, un couvent de Capucins , un
de Soeurs-grifes, & les PP. de l’Oratoire y ont une
rnaifoh depuis 1629'. Long. 2.1.46. lat. 60.31. (D. J.')
SOIN, f. m. ( Gramm.') attention qu’on apporte à
quelque chofe. Ayez foin de ces effets. Je confie la
conduite de ma maifon à vos foins. Cet ouvrage eft
travaillé avec foin, ou foigné. J’ai l’efprit embarraffé
de mille foins ou foucis. Combien de Joins inutiles ne
lui ai-je pas rendus ? J’en fuis avec elle aux petits foins.
On dit Joigner pour avoir ou prendre-/cira ffoigneux,
de celui qui a foin.
SOIR, f. m. (Gramé) intervalle de la journée qui
comprend la fin du jour & le commencement de la
nuit. En h iver, les foirées font longues.
So ir r (Médecine.) ce tems de la journée mérite
une certaine attention de la part des Médecins, foit
par rapport aux changemens qui arrivent alors dans
les maladies, foit à caufe des remedes qu’il convient
de preferire o.u d’éviter. Les redoubiemens de la
plupart des fievres fe font le foir; c’eft vers le tems
du coucher du foleil que les malades commencent à
devenir plus inquiets; le malaife augmente ; les douleurs
font plus fenfibles ; fouvent ils entrent alors dans
l’agonie ; quelques-uns ayant pendant le jour retenu
un dernier fouffle de v ie , prêt à échapper, font morts
dans l’inftant que le foleil a ccffé d’éclairer i’horifon.
Ces effets dépendroient-ils d’une a&ion particulière,
ou de l’influence de cetaftr.e lumineux? Animeroit-il
parfapréfencela machine? aiigmenteroit-illereffort
oc le jeu des organes? vivifieroit-il en un mot, également
les hommes., les animaux & les plantes ? 6c en
difparoiffant, donneroit-il lieu à cette efpece d’affaif-
lement qui produit le fommeil varié des êtres orga-
nnes & vivans, qui prive la plupart des plantes de
leur éclat, qui les flétrit, 6c qui fait ceffer l’exercice
des fens & des mouvemens dans prefque tous les ani-
maux? Vyyej Influence des astres. Oubienpour-
r®ft'on attribuer ces effets à la façon de vivre la plus
généralement fuivie par les hommes, à la fatigue du
jour, à l’etat de veille qui doit néceflàirement laffer
les organes, aux alimens qu’on prend, &c ? Si ces
caules influent, elles ne font pas du moins générales,
Y _ °n °hferve que dans les fievres lentes, les quoti-
dienes, les redoubiemens ne viennent pas moins le
yo/r, quoique le malade ait dormi tout le jour, & ob-
ieive une diete rigoureufe. Cependant onne doit pas
tout a fait exclure leur aélion , qui fe rend fenfible
chez ces perfonnes qui font du jour la nuit, 6c de la
nuit le jour ; pour qui U foir eft matin. 6i le matin
J orne XV. 1
eft foir ; leur machine fe plie infenfiblement à ce per-
vertiffement de l’ordre naturel. Le phyfique& le moral
font chez elles affervis à-peu-pres aux mêmes lois,
ou au même défaut de lois. Les maladies qui viennent
en foule les affaillir fous ces lambris dorés, fem-
blent s’y conformer, elles ne reffemblent jamais
avec la même uniformité aux mouvemens du foleil,
dont l’ufage eft fouvent peu connu dans ces apparte-
mens retirés, fermés à la clarté du jour, 6c uniquement
éclairés par la brillante 6c flateufe lueur des
flambeaux multipliés. Les redoubiemens s’y font plus
fouvent fentir le matin que le foir, 6c dans l’admini-
ftration des remedes le médecin eft fouvent obligé
de fe fervirde leur mefure pour diftinguer les tems
de la journée.
Lorfque la nécefîité n’eft pas preffante, lorfqu’il
eft libre au médecin de choilir un tems de la journée
pour faire prendre quelque remede, fur-tout des
purgatifs, il les preferit ordinairement le matin. Voyeç
ce mot. Le malade alors plus tranquille, fortifié par
le fommeil de la nuit, en lupporte mieux l’effet, & en
éprouvé plus de foulagement ; on évite de donner
ces remedes le fo ir , à caufe de la révolution que
nous avons dit arriver alors affez communément
dans la maladie, qui s’oppoferoit au fuccès entier
du médicament. D ’ailleurs i’agitation que procure le
remede, l’excrétion qu’il doit occafionner, empê-
cheroit le fommeil de la nuit. Les fecours qui fem-
blent plus appropriés le foir, font les faignées à caufe
du redoublement ou de l’agitation plus grande qui fe
fait alors, les véficatoires 6c les cordiaux pour prévenir
ou difliper un affaiffement que l’abfence du
jour 6c le fommeil pourroient augmenter. Dans
d’autres cas les caïmans, les narcotiques indiqués
pour préparer une nuit plus tranquille, pour procurer
un fommeil qui rétablifl'e les forces, pour diminuer
une excrétion trop abondante qui s’y oppo-
feroit, 6c enfin pour réparer les mauvais effets qu’un
purgatif ou un émétique, donné dans la journée ,
manque rarement d’occafionner. Pour remettre la
machine dans l’équilibre 6c paillette naturelle, dont
ces remedes l’avoient tirée,Sydenham étoit fort dans
i’ulàge de donner un parégorique le foir du jour qu’il
avoit .purgé fes malades ; beaucoup de praticiens
ont fuivi cette méthode, dont ils,fe font bien trouvés.
(m)
SOISSONS, ( Géog. mod. ) ville de France , capitale
du Soiffonnois, fur la riviere d’Ail'ne qu’on y
paffe fur un pont de pierre. Elle eft affez grande, peuplée
6c fituée dans un vallon agréable 6c fertile, à i z
lieues d’Amiens 6c à 22 de Paris. Quoique fes dehors
foient charmans, fes rués font généralement étroites,
6c fes maifons mal bâties. Il y a.dans cette ville
un intendant, bureau des finances /préfidial, élection
, maréchauflee , jurifdiflion des juges confuls 6c
maîtrife des eaux 6c forêts. Les PP. de l’oratoire occupent
le college. On voit quelques abbayes d’hommes
dans cette ville, entre autres celle de S. Jean qui
eft chef d’ordre 6c l’unique. L’abbaye de filles, ordre
de S. Benoit, appellée l ’abbaye de Notre-Dame, eft
très-riche. On remarque dans fon églife deux tombeaux
de marbre affez antiques, qui ont chacun cinq
à iix piés de longueur, 6c trois de hauteur. L’un de
ces tombeaux paroît être celui de quelque chrétien
riche 6c illuftre ; 6c l’autre eft celui de quelque homme
d'e guerre.
L’évêché de Soiffons eft très-ancien ; fon évêque
eft le premier fuffragant de Rheims, 6c a droit de fa-
crer nos rois.au défaut de l’archevêque, ce qui a été
pratiqué au facre de S. Louis, 6c à celui de Louis XIV.
Il eft vrai que la cérémonie de ce facre ne fe fait dans
l’églife métropolitaine de Rheims, par l’évêque de
SoiJJ'ons, que lous l’autorité 6c avec la permifiionflu
chapitre. Le revenu de l’évêché de Solfions eft. de 15