de différentes couleurs qui s’y font moulées Sü point
de prendre parfaitement les empreintes des coquilles
les plus petites dans lefquelles le fuc pierreux a cou*
lé ; Une infinité d’exemples empêchent de douter de
cette vérité ; en effet on trouve des échinites ouour*
fins , des turbinites, &c. qui paroiffent entièrement
changés anfilex. C’eft aufli de cette maniéré qu’ont
dû fe former les morceaux de bois changés en agates
& en cailloux que l’on rencontrefouvent enterre;
la matière lapidifique qui produit le Jilex, a dû être
dans une très^grande fluidité pour s’infinuer & fe
mouler dans les'fibres & canaux déliés, dont le bois
eft compofé. Vx>yt{ Pétrif ic at ion .
Le tiffu compaâe & ferré du f ile x , ainfi que les
mamelions qui fe trouvent fréquemment, foit à fa
furface, foit àfon intérieur, nous conduil’ent à croire
que non-feulement, la matière dont cette pierre s’eft
formée a été fluide, mais encore qu’elle a été dans
un état de . vifeofité ou d’une efpece de gelée; Si la
diffolution eût été parfaite, c’eft-à-dire fi l’eau chargée
de là matière du caillou diffoute, n’eût eu que
le point de faturation, l’évaporation eût produit du
cryftal de roche, c’eft-à-dire des colonnes exagones
terminées par une pyramide pareillement exagone,
figure qui eft propre à la matierefilicée, lorfqu’elle eft
pure. Mais lorfque des fubftances terreufes ou métalliques
font venues’ accidentellement fe joindre à la
diffolution, elles l’ont rendu opaque, colorée & vif-
queufe , & alors la cryftallifation n’a point pû fe faire.
C’eft-là vraisemblablement laraifon pourquoi
les pierres de la nature du filex, qui font opaques ou,
fort chargées de couleur, forment prefque toujours
des mamelions ; on en a des exemples dans les agates
, les jafpes, & l’on voit que ces pierres ont fou-
vent à leur intérieur des cavités recouvertes de ma-
mellons très-durs, & dont la couleur varie en rai-
fon des métaux qui ont coloré la matière, lorfqu’elle
étoit fluide ou en diffolution ; au lieu que quelques
cailloux ont à leur intérieur des cavités couvertes de
cryftaux clairs & tranfparens, qui ont toutes les qualités
du cryftal de roche.
Toutes ces conjectures prendront beaucoup de
vraiffemblance, fi l’on y joint quelques expériences
que M. Swab vient de publier dans le tome X X . des
Mémoires de l’académie de Stockholm, année 1758 :
le réfultat de ces expériences prouve , que les acides
agiffent fur les verfés formes par le mélange d’une
terre calcaire quelconque ou de la chaux, avec de
l’argille ou avec du caillou. On fait que ces fubftances
qui feules ne fe fondent point, entrent en fufion
dès-lors qu’on vient à les mêler. Pour cet effet l’on
n’a qu’à ptilvérifer ce verre, verfer par-deffus de l’acide
vitriolique, de l’acide nitreux ou de l’acide marin,
& mettre.le tout en digeftion dans un lieu chaud;
dans cette expérience il ne fe fait point d’effervef-
cence , malgré cela on trouve que le diffolvant que
l’on a employé s’épaiffit en vingt-quatre heures, &
forme une matière gélatineufe & tranfparente comme
de l’empoi, qui s’attache au vaiffeau, au fond duquel
eft tombée une portion du verre pulvérifé qui ne s’eft
point diffoute.
L’acide vitriolique combiné avec de la chaux ou
avec une fubftance calcaire feule produit bien une
efpece de fe l, mais non pas une matière gélatineufe,
comme celle dont il s’agit ici ; pour produire cet effet,
il faut que la chaux ou la terre calcaire ait été fondue
, c’eft-à-dire modifiée & élaborée par fa combi-
naifon avec de l’argille ou avec une pierre de la nature
du Jilex• ou du caillou.
Les différentes gelées que M. Swab a obtenues de
cette maniéré , fe durciffoient avec le tems & acqué-
roient la confiftence d’une pierre ; elles étoient communément
caffantes & remplies de gerfures ; elles fe
«nettoient par éclats, comme àufilex ou comme du
verre ; elles confervoient leur-tranfparencè , mais èft
fe féchant elles prenoient une couleur plus foncée*
. Cette matière gélatineufe féchée attiroit fortement
’ l’humidité de l’air , même après avoir été édulcorée ;
mais en la faifant rougir au feu , ce qui la remplit de
fentes, elle n’attiroit plus d’humidité de l’air. Dans
cet état, ni les acides, ni les alkalis n’attaquent plus
cette matière femblable à une pierre. Si on l’expofe
. à un feu violent excité par un loufflet, en une demi-
heure de teins fa furface fe couvre d’une efpece d’enduit
ou de vernis, mais elle n’entre point en une fufion
parfaite, elle devient tendre & grenue ou fari-
neufe dans la fraûure, & reffemble à de la pierre à
chaux1 d’un grain fin qui a été calcinée , cependant
elle n’a aucune de propriétés de la chaux. -
Les expériences qui precedent ont été faites par
M. Swab , dans la vùe de découvrir; i°. pourquoi
certains verres étoient attaquables par les acides ; il
a trouvé que ceux dans la 'compofition defquels pn
avoit fait entrer de la chaux ou quelque pierre calcaire
, étoient toujours diffouts par les acides & for-
moient de la gelée. 2.0. Il a voulu découvrir, fi ce
ne feroit pas-là la voie dont la nature fe ferviroit
dansle fein de la terre , pour former des JiUx ou du
caillou. Comme cette pierre fe trouve communément
dans des couches de craie, le célébré M. Linnens
a été le premier qui ait foupçonné que la craie
pouvoit donner naiflance au caillou ; M. Swab préfume
que le caillou pourroit bien être produit par
la combinaifon d’un acide minéral, avec une terre
calcaire modifiée & élaborée par la nature d’une façon
particulière, à laquelle il s’eft joint quelque mélange
étranger. 11 eft certain que les çaratteres que
préfente la gelée durcie dont on a parié, fon afpeét
vitreux , fon infufibilité , fon infolubilité dans les
acides annoncent une très-grande analogie- entr’ elle
& le filex ou caillou. Quant aux différences qui font
entre cette matière & le filex, elles viennent du tems
& de certaines circonftances que la nature met dans
fes opérations, & que l’art ou ignore ou ne fait point
imiter. Cependant M. Swab croit que l’on pourroit
parvenir à faire des filex ou cailloux artificiels qui au-
roient plus de folidsté, qui n’attireroient point l’humidité
de l’air ; en un mot, qui feroient plus fembla-
bles au filex naturel, fi l’on tentoit de combiner la
chaux avec des fubftances différentes de celles qu’il a
employées , & cela dans des proportions variées ;
comme ces expériences demandent du tems, il fe
promet de les fuivre & de rendre compte à l’académie
de Stockholm, dont il eft membre, du fuccès de
fes travaux. En attendant, il paroît que les expériences
que M. Swab a faites font propres à jetter un grand
jour fur la connoiffance des pierres en général ; elles
pourroient faire préfumer qu’il n’y a qu’une terre primitive
dans la nature, dont les différentes combinai-
fons & élaborations produifent toutes les variétés que
nous voyons dans les pierres. Vyye{ Pierres. (—)
SILGUEROS, f. m. ( Hiß. neu. ) oifeau du Mexique
& des autres provinces de la nouvelle Efpagne ,
qui eft de la groffeur d’un moineau ; fon plumage eft
blanc & noir.
SILIAN , ( Gèogr. mod. ) grand lac de Suede dans
la Dalécarlie ; fes eaux font portées à la mer par la rivière
de Dala.
SILIC EN SE Fl u m e n , ( Géog. anc. ) fleuve de
l’Efpagne bétique. Hirtius, de bell. Alex. c. Ivij. fait
entendre que l’ancienne Ségovie de la Bétique étoit
bâtie fur le bord de ce fleuve ; ce qui fait juger que
ce pourroit être le Xénil.
SILICERNE , f. m. (Antiq. rom.) filicernium; fe-
ftin funebre que l’on raifoit chez les Romains aux
vieillards décrépits auprès d’un tombeau , comme
pour leur dire le dernier adieu ; de-là vient que Té-
rence appelle ingénieufement par métaphore filicernnm
un vieillard qui, courbé fous le poids des années,
regardé tranquillement la pierre de la tombe oii fes
cendres doivent être renfermées. C ’étoit une idée
pleine de bon fens que celle du filicerne ; elle appre-
noit aux hommes à moins redouter la crainte de la
mort. (D . J.)
S 1L1CI-CLASSITÆ, ( Géog. anc.) peuples d’À-
fie au voifinage de la fyléfopotamie , lèlon Pline , /.
AT. c. xxvj. qui les furnomme Clajfitæ , pour les distinguer
des Silici - montant, qui habitoient les montagnes.
SILIGO, f. m. ( Littérat. Botan.) ce mot fignifie le
plus pur froment ; & dans Celfe , la fleur du meilleur
froment. Quelques auteurs botaniftes, comme Tragus
, Brunsfeld & Lonicerus, ont cru que les anciens
appelloient le feigle du nom de filigo , parce
qu’ils ont lu dans Pline , Uv. X V I I I . ch. x. & autres
écrivains, quelle froment, triticum, fe changeoit in
filiginem, & que le filigo retournoit quelquefois en
froment ordinaire. Leur erreur a donné lieu à celle
de divers laboureurs qui imaginent que le froment
fe change en feigle, & le feigle en froment, ce qui
eft contraire à la vérité, Ces deux grains donnant
toujours la même efpece de plante , plus ou moins
belle ; aufli le panis filigineus des anciens ne fignifie
point du pain de feigle , ni du pain de froment dégénéré
en feigle , mais tout au contraire du pain
de pur & beau froment également blanc & léger.
S B ,
SIL1KHTAR , f. m. ( terme de relation. ) page d’une
des chambres du grand-feigneur. Il eft l’ecuyer du
grand-feigneur , porte fon épée , &C l’accompagne
par-tout quand il fort du ferrail.
S IL IN U S , {Géog. anc.) fleuve du Péloponnefe
dans l’Elide ; il arrofoit le territoire de Scillunte. C’eft /
le Sellenus de Xenophôn , & le Selinus de Strabon.
SILIQU A , f. m. ( Mefure anc. ) Ktp*rlov ; poids
des anciens qui faifoit la troifieme partie d’une obole,
ou ce qui revient au même , la fixieme partie d’un
fcrupule.
SILIQÜASTRUMjf. m. (Botan.) genre de plante
connue en françois fous le nom de eainier. Voyez
G ainier.
SILIQUE, f. f. ( Hifl. nat. Botan.) filiqua , terme
lÿnonyme à goufje. '
La filique ou la gonfle eft le fruit des légumes & des
plantes qui ont la fleur légumineufe. Il faut remarquer
que lafilique eft ou fimple, ou double, ou com-
pofée.
Lafilique fimple eft formée de deux lames convexes
en-dehors , plates dans quelques efpaces, collées
par les bords l’une contre l’autre, &c laiffant entre
fes lames appellées coffes , un efpace occupé par
les femences;
La filique double fe forme aufli par deux lames ,
mais qui ne font pas collées fur les bords, comme
celles de la gouffe fimple ; ces deux lames fe replient
chacune en-dedans, & forment une cloifon mitoyenne
qui divïfe la filique dans fa longueur en deux loges
remplies de femences.
La troifieme efpede de filique , eft compofée de
quelques pièces attachées bout-à-bout, & l’on trouve
une femence dans chacune de ces pièces.
On voit aufli quelques filiques de plantes légtimi-
neufes qu’on prendroit d’abord pour filiques fimples,
parce qu’elles font à deux coffes ; mais la différence
confifte en ce que les coffes de celles-ci font divL
mes en cellules par des cloifons poféés au-travers ,
x,e* c5lllîles f ° nt remplies par des femences.
3 aidît ci-defl'us que goufle & filique étoient fyno-
nymes dans notre langue, j’ajoute , avec M. de
Tournefort, qu’il feroit à fouhaiter qu’on fixât le
no , e >, Pou* fignifier les fruits des plantes qui
jOnt les fleurs legumineufes, comme fontles pois .les
Tome X V x
feves , les aftragales ; & qu’on n’employât Celui dé
iflilique, que pour fignifier les fruits qui font à-peU-
pres de pareille ftruclure , mais qui fiiccedent à des
fleurs qui ne font pas légumineufes ; cependant on
n’a point encore pu engager les botaniftes à adopter
cette diftinâion , & les deux mots font reftés entièrement
fynonymes. ( D . J .)
Silique , f. f. ( Monnoie. ) ancienne petite mon-
noie d’Alexan'drie , valant une quinzaine de foiis de
la nôtre. Il en eft parlé dans l’hiftoire eccléfiaftique
de M. Fleuiy.
S J L IS , ( Geog. anc.) fleuve d’Italie, dansée territoire
de Venife. Pline, liv. III. ch. xviij. veut que
c e fleuve prenne fa fource dans les monts Taurifani.
Ce fleuve , félon Cluvier, Ital. antiq. Lib. I. c. xviifi
retient fon ancien nom ; car on le nomme prélèvement
Sile. Il a fa fource dans une plaine, au-deffus
de Tarvifo , qu’il partage en deux, & il y groflit fon
lit des eaux de plufieurs ruiffeaux. ( D. J .)
SILISTRIA, ou D ORE STERO, ( Géog. mod. ) en
latin Durofiorum ; ville de la Turquie européenne,
dans la Bulgarie, près du Danube, vis-à-vis de l’embouchure
du M ifforo, à 80 lieues de Sôphie, & à 6a
au noi-fl-eft d’Andrinople. C’eft le chef-lieu d’un-
gouvernement qui eft fort étendu. Elle a pour fa dé-
fenfe une bonne citadelle. Longit. 46. / i. lat. 42.12.
SILLAGE , ou l’Eau du vaisseau -, Langue ,
Seillure ,O u a ic h e ,H o u a ch e , T ra ce n a v a le,
f. m. & î.(Marine. ) c’ eft la trace du cours du vaiffeau
; & ce mot fe prend fouvent pour le cours & lé
chemin même. Ou dit ce vaiffeau fuivoit le fillage dp
l’amiral. Je connois le fillage de notre vaiffeau , & je
fai par expérience qu’il fait trois lieues par heure de
vent largue. Ces deux capitaines vantoient le fillage
de leurs frégates , qui à la vérité étoient plus fines
de voiles que les nôtres, mais en revanche notre
équipage manoeuvroit beaucoup mieux. Voye^ Seillure.
C’eft lorfque le vaiffeau avance beaucoup, bon.
Doubler le fillage d’un vaiffeau, c’eft aller une fois
aufli vite que lu i, ou faire une fois autant de chemin.
SILLE, f. m. ( Poéf greq. ) efpece de poème fatyr-
ri que des Grecs. Les Grecs n’ont jamais rien eu d’approchant
de la fatyre romaine que leurs filles , qui
étoient aufli des poèmes mordans, comme on peut
encore le reconnoître par quelques fragmens qui
nous reftent des filles de Timon. Ils reffemblent fi
fort à la plupart des traits des fatyres d’Hora.ce, qu’ils
pourroient fort bien être appellés des fatyres, de
même que les fatyres pourroient être appellées des
filles. Il y a pourtant cette différence eflèntielle, que
les filles des Grecs étoient des parodies d’un bout à
l’autre, .ce qu’on ne peut pas dire des fatyres dt»
Romains ; car fi l’on trouva quelquefois quelques parodies
, on voit bien que ce n^eft qu’en paffant, &ç
que le poète n’a eu garde d’en abufer, & par con-
fequent la parodie ne fonde pas l’effence de la fatyre
romaine comme elle fonde l’effence des filles des
,Grecs> (D . J.)
SILLEBAR, ( Géog. mod. ) ville dés Indes fur la
côte occidentale de l’île de Sumatra , le long d’un
golfe. Il croît dans fes environs beaucoup de poivre*
Lat. méridionale 4. g o.
SILLER, v. n. (Marine.) c’eft cheminer, ou avancer
en avant, en coupant l’eau &c paffant à-travers*
.On dit mettre un vaiffeau dans la fituation dans laquelle
il peut mîèux filler, c’eft-à-dire en laquelle if
peut mieux cheminer.
Vaiffeau qui fille bien, c’eft-à-rdire qu’il fait bien
.du chemin , qu’il avance beaucoup, & fait bonne
route.
Un vaiffeau qui ne fille pas bien, e’éft-à-dire qu’il
çhçmine lentement, & avance peu.
~ B b
11