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de circuit : mais dans un petit efpace , elle ne lailïe
pas de porter une grande quantité de fruits excellens.
Les iources y font fi abondantes, qu’on ne fauroit
prefque planter un bâton en terre, qu’il n’y forte de
l’eau. On dit que dans les fontaines de cette ije,^il
fe trouve fouvent des feuilles de platane, quoiqu il
n’ en croiffe point là , mais feulement dans la Moree,
qui en eft éloignée d’environ 30 milles. C’ eft ce qui
fait croire allez vraiffemblablement, que ces fources
viennent de ce pays-là par des canaux fouterreins,
que la nature a formés fous les abîmes de la mer.
Les habitans des îles Sttophades ne le marient jamais
, car il n’y en a point d’autres que des caloyers
ou moines grecs , jufqu’au nombre de foixante ou
quatre-vingt. Leur couvent eft bâti en maniéré de
forterefl'e avec une terraffe au-deffus, garnie de bons
canons, 6c une làrrafinefque à leur porte, par la crainte
qu’ils ont des corfaires. On dit néanmoins que les
Turcs 6c les corfaires de Barbarie refpeôent ces bons
vieillards , 6c qu’ils n’abordent leur île que pour y
prendre de l’eau. (D. J.)
STROPHE, f. f. dans la Poéfie grec. & latine, eft
une ftance ou un certain nombre de vers qui renferment
un fens complet, & qui eft fuivi d’une autre
de la même mefure 6c du même nombre de vers dans
la même difpofidon qu’on appelloit antiflrophe. Voye{
A ntistrophe.
La (Irophe eft dans des odes, ce que le couplet eft
dans lès chanfons & la ftance dans les poëmes épiques.
Voyc^ C ouplet 6 * Stan ce.
Ce mot vient du grec élpo/p» qui eft forme de éjpapw,
j e tourne, à caufe qu’après qu’une (Irophe eft finie, la
même mefure revient encore ; ou plutôt, comme ce
terme fe rapporte principalement à la mulique 6c à
la danfe, parce que le choeur 6c les danfeurs, q u i,
chez les anciens, marchoient en cadence autour de
l’autel, pendant qu’on chantoit les odes ou hymnes
en l’honneur des dieux, tournoient à gauche durant
qu’on chantoit la (Irophe, 6c à droite lorfqu’on chan-
toit l’antiftrophe. V o y e [ Antistrophe.
Dans notre poéfie lyrique, une Jlrophe ne fauroit
être moindre que de quatre vers, ni en contenir plus
de dix ; 6c la première Jlrophe fert toujours de règle
aux autres firophés de la même ode pour le nombre,
foit pour la mefure des vers & pour l’arrangement
des rimes.
STRO PH IUM , f. m. ( Antiq. rom. ) crpapitr ; forte
de ceinture ou bandelette large, dont les jeunes
filles fe ferroient le fein , pour ne point paroître en
- avoir trop ; de-là vient que flropha, dans Martial,
fignifie une rufe , une finejfe ; l’ouvrier qui faifoit les
bandelettes pour ferrer le fein des jeunes filles, fe
nommoit flrophiarius ; le mot ftrophium défigne aulîi
des guirlandes de fleurs attachées enfemble fur la
tête en guife de bandelettes. ( D . J. )
STROPPUS , f. m. ( Lïtùrat. ) ce mot , dans
Feftus , défigne ou la couronne, ou le bonnet que
les prêtres mettoient fur leurs têtes , dans les facrifi-
ces 6c autres cérémonies religieufes. (D . J.)
STROUD , ( Géog. mod. ) gros, bourg à marché
d’Angleterre , en Glocefter-shire, fur la riviere de
. Siroud,. entre Glocefter 6c Briftol , à fept milles de
la première , & vingt-neuf milles de la fécondé. On
voit dan£ ce bourg plufieurs moulins à foulon , &
l’on y teint le drap en écarlate , les eaux de la riviere
étant favorables à cette teinture. ( D . J. )
Stroüd le , ( Géog. mod. ) riviere d’Angleterre,
dans Glocefter-shire ; elle fort des monts Cottefwold,
traverfe la province de Glocefter dans fa longueur,
& f e jette dans la Saverne. (Z>.7.)
STRUFERTARII , ( Antiq. rom. ) Feftus ndm-
■ moit ainfi les freres Arvaux , qui étoient employés
à purifier les arbres foudroyés ; ds faifoient dans cette
cérémonie un facrifice avec de la pâte cuite fous
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les cendres. Voici les termes trouvés à Rome, fur une
table de bronze, antique.
LIII. ID. DEC.
FRATRES. ARVALE.
IN LUCO. DEÆ. DIÆ.
VIA. CAMPANA. APUD. LAP. V .
CONVENER. PER. C. PORC. PRISCUM. MAG;
ET. IBI. IMMOLAV.
QUOD AB ICTU. FULMINIS.
ARBORES LUCISACRI D. D.
A T TA C TÆ ARDUERINT
EARUMQUE ADOLEFACTARUM
ET. IN. EO LUCO SACRO. ALIÆ
SINT REPOSITÆ.
Le dixième jour de Décembre, les freres Arvaux
s'aflèmblerent au bofquet de Junon, fur le grand
chemin'de la Campanie, à cinq milles de Rome , par
l’ordonnance de C. Porcius Prifcus , doyen du chapitre
, 6c là ils facrifierent pour raifon de quelques
arbres du facré bofquet dédie à la décile, qui avoient
été frappés de la foudre. ( D . J. )
STRUMETA ou STRUM1T A , ( Géog. mod.)
petite v ille , ou plutôt bourgade de la Turquie afia-
tique, en Anatolie, fur une montagne, dans la province
de Mentezili, près de l’embouchure de la riviere
de Mari, dans la mer de Caramanie. C ’eft à ce
qu’on croit l’ancienne M yra , ville de L y cie , où
S. Paul s’embarqua pour aller à Rome, fur un vaif-
feau d’Alexandrie. Le texte latin des aéles 17. 5.
porte Lyfiram,a\i-\ieu de Myrqm qui eft dans le grec ;
c’eft une faute, parce que Lyftre étoit dans la L y caonie
, 6c ce n’étoit point une ville maritime. (D./.)
STRUMUS, ( Botan. anc. ) nom donné par quelques
anciens naturaliftes romains au cucubalus, tnor-
geline baccifere. Cètte plante fut ainfi appellée pour
les vertus difcuflives qu’on lui attribuoit dans les
tumeurs fcrophuleufes. CD . J .)
STRUND-JAGER, 1. m. ( Hifl. nat. ) c’eft le nom
que lés navigateurs hollandois donnent à un oifeau
qui fe trouve fur les côtes de Spitzberg ; ce mot^ig-
nifie chaffemerde ; il lui a été. donné parce qu’il fuit
fidellement l’oifeau nommé kuytegef, afin de fe nourrir
de fa fiente ; il a le bec noir, crochu 6c épais ; il
n’a aux pattes que trois ongles liés par une peau
noire, fes jambes font courtes , & fa queue forme
un éventail ; il a les yeux noirs ainfi que le defliis de
la tête , un cercle jaunâtre autour du cou , les aîles
6c le dos de couleur brune , 6c le ventre blanc.
STRUTHIUM, f. m. ( Hiß. nat. Bot, anc. ) nom
donné par les Grecs à la plante que les Latins appel-
loient lanaria herb a , à caufe de fon ufage dans les
manufactures de laine. Diofcoride , en parlant du
ßruthium , fe contente de dire que c’étoit une efpece
de chardon, ou de plante épineufe, dont la racine
étoit large , longue, de la groffeur de deux ou trois
doigts , & qui pouffoit des feuilles armées de petits
piquans. Quoique ce détail ne nous falle point con-
noitrela plante dont il parle, ilfuffit néanmoins pour
nous prouver que ce n’étoit point celle que les Romains
appelloient antirrhinum , & que nous nommons
en françois muffle de veau. Il ferait trop long
d’indiquer toutes les conjectures des modernes, pour
découvrir cette plante dans les écrits des Arabes ; il
paraît feulement qu’ils n’ont pas rencontré, en imaginant
que le ßruthium des Grecs étoit le candifi de
Sérapion 6c autres. ( D. J. )
STRUTOPHAGES, ( Géog. anc. ) peuple de l’Ethiopie
, fous l’Egypte , Strabon , l. X VI. p. 772«
qui place ce peuple au voifinage des Eléphantophagi,
dit qu’il nüétoit pas bien nombreux. Selon Dioaore
S T U de Sicile , /. III. c. xxviij. les Strutophagî habitoient
au midi des Eléphantophagi. Agatharchide fait aulîi
mention de ces peuples 6c des guerres qu’ils avoient
avec les Ethiopiens, furnommés Simi. PtolQmée ,
/. IF . c. viij. marque les Strutophagi à l ’occident des
Péchiniens. Le nom de Strutophages leur avoit été
donhé , à. caufe qu’ils ne s’occupoient qu’à la chaflë
des autruches , dont ils faifoient leur nourriture o rdinaire
; ilsfe fervoientdë leurs peaux pour s’habiller
, 6c pour en faire des couvertures. ( D . J. )
STRYCHNODENDROS , f. m. ( Hift. nat. Bot. )
nom que Ray donne à l’efpece de J'olanum t nommé
par Tournefort folanum fruticofum bacciferum. Cette
plante s’élève en arbriffeau haut de quatre ou cinq
piés : fon tronc poulie des rameaux verts , garnis de
feuilles oblongues , plus étroites que celles du ioia-
num ordinaire ; fa fleur eft une rolètte blanche, découpée
en cinq pointes ; il lui fuccede un fruit rond,
mol, rouge, fembiable à celui de coqueret, plein de
dite, & renfermant quelques lemences applaties, d'un
goût fade. Cette plante eft cultivée dans les jardins.
( / > ./ .)
STRYME , ( Géog. anc.) ville de Thraee, félon
Hérodote , l. VII. 6c Etienne le géographe. Suidas
fait de Stryme ou Stryma, une colonie .des Thafiens,
& une place de commerce. S’il eft vrai que c’étoit encore
une î le , comme il le d it , il failoit que cette île
fût bien voifine du continent, à moins qu’il n’entende
une île du lac d’Ifriiaride, qui féparoit Stryme de
Maronée. On croit que les habitans de cette derniere
ville avoient acquis quelque droit fur Stryme, en
.qualité de protecteurs ou de bienfaiteurs ; ce qui donna
lieu à de fréquentes contefiations entr’eux, & le s
Thafiens fondateurs de Stryma. ( D. J. )
STRYMON, (jGéog. anc.) fleuve quifervoit autrefois
de borne entre la Macédoine 6c la Thrace,
félon le périple de Scylax. Pline , /. IV. c. x. remarque
la même chofe, & ajoute que ce fleuve prend fa
fource au mont Hæmus. L e Strymon 9 félon Etienne
le Géographe , mouilloit la ville d’Amphipolis, 6c
donnoit le nom de Strymonii, aux peuples qui habitoient
fes bords. Il avoit fon embouchure fur la côte
du golfe , qui de-là avoit pris le nom de Strymonicus
f i n“ S. ■
Le nom moderne eft Stromona, que d’autres appellent
Marmara, Radiai, IJ'char. 11 y avoit nombre
, de grues fur les bords de ce fleuve ; elles y venoient
à la fin du printems, 6c en partoient à la fin de l’automne
, pour fe rendre fur les rivages du Nil ; mais
le Strymon eft célébré dans l’hifteire , parce que ce
fut fur fes bords qu’une poignée d’athéniens triompha
des Medes , au-travers des plus longues fatigues 6c
' des plus grands dangers. (Z>. /. )
STRIMON1CUS sinu s, ( Géog. anc.) golfe de
' la mer .Egée, fur la côte de la Macédoine 6c de la
Thrace, a l’occident du golfe Perfique : on le nomme
préfentement golfe de Contefe.
STUBN ', ou Stuben , ou Stubn-bad , ( Géog.
mod. ) petite ville de la haute Hongrie , aux confins
du comté de Z o ll, à trois milles de Neu-Zoll, & à
deux de Cremnitz ; elle eft remarquable par fes bains
chauds , & par les mines d’argent & de cuivre qu’on
trouve dans des montagnes de fon voifinage, du côté
de Borient. Long. 27. 31. lat. 48. 37 . ( D . J . )
STUC ou MARBRE FACTICE , ( A r tm é cha n . ) le
f l uc ou le marbre fic lice eft une compofition dont le
plâtre fait toute la bafe. La dureté qu’on fait lui
donner ; les différentes couleurs que l’on y m êle, 6c
le poli dont il eft fufceptible , le rendent propre à
repréfenter prefque au naturel les marbres les plus
précieux.
La dureté que le plâtre peut acquérir , étant la
qualité la plus eflèntielle à cet art, c’ eft aufli la première
à laquelle les „ouvriers doivent s’appliquer.
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Elle dépend abfolument du degré de calcination que
l’on doit donner au plâtre ; 6c comme la pierre qui
le produit, eft fufceptible de quelques petites différences
dans fa qualité intrinfeque, fuivant les diffé?
rens pays où elle fe rencontre , il faut tâtonner 6c
étudier le degré de calcination qu’il faut lui donner,
pour que le plâtre qui en viendra, prenne le plus
grand degré de dureté qu’il eft poflible. On ne peut
donner ici de notions fur cette méthode qu’en ce
qui regarde le plârre de Paris ; ce fera l’affaire des
ouvriers d’effayer de calciner plus ou moins les pier-
res gypfeufes des autres pays, afin de trouver le
plus grand degré de dureté où l’on puiffe porter le
plâtre qu’elles produiront.
On caffe les pierres à plâtre de Paris avec des
marteaux, en morceaux à-peu-près gros comme un
petit oeuf, ou comme une groffe noix. On enfourne
ces morceaux dans un four que l’on a fait chauffer ,
comme fi on vouloit y cuire du pain ; on bouche
l’ouverture du four. Quelque tems après on débouche
le four pour en tirer un ou deux des petits morceaux
de plâtre que l’on caffe avec un marteau. Si
l’on s’apperçoit que la calcination a pénétré jufqu’au
centre du petit morceau , de façon cependant qu’on
y remarque encore quelques points brillans ; c’eft
une marque que la calcination eft à fon point de
perfe&ion, 6c alors on retire du four promptement
tout le plâtre par le moyen d’un rable. Si dans la
caffure on remarquoit beaucoup de brillans., ou
qu’on n’en remarquât point du tout , ce ferait une
preuve dans le premier cas, que la pierre ne ferait
point affez calcinée ; &dans le fécond cas, qu’elle
le ferait trop.
Quoique le plâtre devienne très-dur, lorfqu’il eft
calciné à fon point , la furface fe trouve cependant
remplie d’une infinité de pores, 6c les grains font
trop faciles à en détacher pour qu’ il puiffe prendre
le poli comme le marbre. C ’eft pour remédier à cet
inconvénient, que l’on prend le parti de détremper
le plâtre avec de l’eau dans laquelle on a fait dif-
foudre de la colle, qui rempliffantles pores, 6c attachant
les grains les uns aux autres , permet que ,
pour ainfi dire, on puiffe ufer 6c emporter la moitié
de chaque grain , ce qui forme le poli.
Cette colle eft ordinairement de la colle de Flandre;
il y en a qui y mêlent de la colle de poiflon, 6c
même de la gomme arabique. C’eft avec cette eau
chaude 6c collée que l’on détrempe le plâtremais
comme le peu de folidiîé du p âtre, fur-tout lorfi
qu’il n’eft point appuyé, demande qu’on donne une
certaine épaifleur aux ouvrages, pour diminuer la
dépenfe, on fait le corps de l’ouvrage ou le noyau
avec du plâtre ordinaire, 6c on le couvre avec la
compofition de plâtre dont on vient de parler, en
lui donnant une ligne 6c demie ou deux lignes d’é-
paiffeur.
Lorfque l’ouvrage eft fuffifamment fe c , on travaille
a ie polir, à-peu-près de la même façon que
le véritable marbre. On employé ordinairement une
efpece de pierre qui eft allez difficile à irouver.
C’eft une elpèce de cos ou pierre à aiguifer, qui a
des grains plus fins que ceux du grès , 6c qui ne fp
détachent pas fi facilement de la pierre ; la pierre de
ponce peut aulîi y fervir. On frotte l’ouvrage avec
la pierre d’une main ; & on tient de l’autre une éponge
imbibée d ’eau , avec laquelle on nettoye continu >
lement l’endroit que l’on vient de frotter, afin d’e-
ter par le lavage à chaque inttant ce qui a été emporté
de la furface de 1 ouvrage ; pour cet effet, d
faut laver l’éponge de tems en tems, 6c la tenir
toujours remplie d’eau fraîche. On frotte enfuite
avec un tampon de linge, de l’eau, de la craie ou du
tripoli; On fubftitue à cela du charbon de faule,
broyé 6c paflé très-fin, ou même des morceaux de