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E t qui fcultoùi pouvoir , ne doit pas fout oftr.
Corneille , dans D . Sanche <£Aragon.
{D . J .)
SOUILLURE, Cf. (Gram. Criàq.façrie.') impureté
extérieure: félon la loi de Molle, on contraéloit plu-
fleurs fortes de JouilLures légales* les unes etoient volontaires,
comme l’attouchement d’un homme mort;
d’une femme qu’on favoit avoir le cours de fes réglés;
d’un animal impur, & autres chofes fouillées ; d ’autres
fouillurts etoient involontaires, comme d’être
attaqué de quelque maladie , telle que la lepre, de
fe trouver fans y penfer dans la chambre d’un homme
qui tomboit mort, ou de toucher par mégarde
quelque chofe d’impur. Ces diverfes impuretés ex-
cluoient des chofes faintes , & de tout a£le de religion
, celui qui en étoit fouillé, jufqu’à ce qu’il fe fut
purifié , ou qu’il fut guéri ; mais les chofes fouillées
de leur nature, comme les charognes , ou déclarées
telles par l’inftitution de la loi , comme certains animaux
, ne pouvoient jamais devenir pures ; les mai-
fons, les habits, les uftenciles de ménagé, fe puri-
fioient par des lavages , des leflives , le l'oufre ou le
feu, après quoi i’on pouvoit s’en fervir. Voyt{ Pur
if ic a t io n . (D . /.)
Souillure , terme de Teinturier ; ce mot s’emploie
dans les teintures qui fe font par des mélanges lorf-
qu’on mêle enfemble différentes efpeces.
SOUIRFA, f. f. (Hifi. nat. Bot.) plante de Pile de
Madagafcar, dont la feuille eft déchiquetée ; elle eft
d’un goût aigrelet, & paffe pour un remede excellent
contre la fievre, lorlqu’on l’applique fur la région
du foie & du coeur.
SOULAGER, v. aft. (Gram!) diminuer fa peine,
fon travail, ou fa fatigue , foit en la partageant, foit
en l’adouciffant. On dit, cet homme fuccombe fous
le poids dont il eft trop chargé ; il faut 1 afoulager.
On foulage un vaiffeau' * un plancher, un malade, les
affligés. La douleur fe foulage par la plainte.
SOULE, pays de , (Géog. mod.) pays de France,
au gouvernement militaire de Guyenne & de Gaf-
cogne, dans les Pyrénées, oc enclavé entre le Béarn
& la baffe Navarre. Le pays de Soûle eft habité par
les Bafques, & les Pyrénées le féparent du val de
Roiical en Navarre.
Pline fait mention de certains peuples vers les Pyrénées
, qu’il nommé Sibillates : il eft fort probable
que ces Sibillates font ceux de Soûle, parce que nous
voyons dans Frédegaire, que le véritable nom de ce
pays étoit Subola ; corrompu depuis en Sola ; il étoit
des anciennes dépendances des Tarbelliens, & il a
toujours été au diocèfe d’Acqs , capitale des Tarbelliens
, jufqu’au milieu duxj. fiecle, que l’évêque
d’Oleron s’empara de la jürifdiôionspirituelle.
Après la prife du roi Jea.n, & le traité de Brétigny,
les Anglois fe rendirent maîtres de Soûle ; enfuite
fous Charles VII. après la prife d’Acqs, & des autres
villes de Gafcogne, la Soûle , avec la capitale Mau-
léon, fe rendit aux François: On lui a çonfervé de
grands privilèges ; c’eft un pays d’état, pauvre à la
vérité, mais tous ceux qui y ont des fiefs, ont droit
d’aflifter à la- tenue des états. La Soûle eft fituee le
long du Gave-Suzon, & comprend environ 6o pa-
roiffes. (D . J.)
Soûle , la , ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge
Subola, S alla, Sola ; petite riviere de France, dans
la Normandie , au diocèfe de Coutances. Elle naît
auprès de Montabor , &c après un cours d’environ
fept lieues, elle fe joint à la Sienne, au pont de la Roque.
SOULEVER , f i SOULEVER , ( Langue françoife. )
ce verbe fe dit rarement au propre , excepté des fu-
jets vis-à-vis de leur prince; le peuple fe Joutera ;
toutes les provincesfejontfoulevées,en parlant d’une
S O U ém&tion populaire générale. Les Guifes firent foule-
ver plufieurs villes contre Henri III. mais on ne di-
roit pas que la grande-Bretagne s’efi foulevée contre la
France en lui déclarant la guerre.
Ce paflage, conjurget gens in gentem , regnum in regnu
m , eft donc mal traduit, par ; « on verra fe fouit
lever peuple contre peuple, royaume contre royaux
» me ».
Soulever fe dit encore au figuré de tout ce qui révolte
l’humanité, ou qui caufe du fcarjdale êcde l’indignation
fans qu’il s’agiffe de fouverains ni de fujets*
par exemple ; l’apologifte moderne du maffacre dè
Saint Barthélemi a foulevé tout le monde contre lui;
m /.) w M . ■
SOULIE, f. f. (Marine.) c’eft le lieu où le vaiffeau
a pofé, lorfque la mer étoit baffe , & qu’il a touché
fur de la vafe.
SOULIER, f. m. (Chauffure.) chauffiire de cu ir ,
ou de quelque étoffe qui couvre le pié depuis ce qu’on
appelle la cheville. Le foulier eft compofé d’une
ou de plufieurs femelles ; d’un talon de cuir ou de
bois , de l’empeigne , des quartiers, & des oreilles*
(D - m . . .
Soulier des anciens, (Littéral.) il paroît qu’en
général chez les anciens, la matière la plus ordinaire
des fouliers étoit le cuir apprêté. Mar rial.fe moquoit
d’un homme qui pqrtoit une calotte de maroquin af-
fez profonde. Celui-là , difoit-il, vous a plaifamment
raillé, qui a parlé de votre calotte comme de la chauffure
de votre tête.
Hcedinâ tibi pelle contegenii
Nuda tempora verticemque calytz,
Fefiive tibi , Phoebe , dixit ille ,
Qui dixit caput effe calctatum.
On fe fervit aufli d’écorces d’arbres, ou du moins!
de leurs membranes , comme par exemple de celles
de la plante appellée papyrus : calceos pruterea ex pa-
pyro textili fubligavit.
Les bergeres efpagnoles * au rapport de Pline,
fourniflënt la mode de fouliers de jonc & de genêt.
On mit en oeuvre pour les couvrir la laine, le lin, là
foie , & L’or. Si nous en croyons quelques auteurs,
non-feulement les fouliers fe trouvèrent chargés de
feuilles d’o r , mais il y. en avoit même dont les femelles
étoient d’or maffif : efpece de luxe qui paroît
prefque incroyable : fecculum auratum , imb au-
reum.
Plaute dans fa comédie des Bacchides, fait dire à
un valet à qui fon maître demande fi un certain Théor
time eft riche: vous me demandez fi un homme eft
riche, lorfqu’il porte des femelles d’or à fes fouliers:
etiam rogas qui foccis habeat auro fuppaclum folum.
Le luxe n’en demeura point là ; la vanité de la
parure des fouliers alla fi loin, que non-feulement le
■ defliis du foulier étoit garni de pierreries, mais tout
le foulier même , ainfi qu’on le voit clairement par ce
pairage : gemmas non tantum crepidarum obfragulis ,
fed & totis focculis addunt.
A l’égard de la forme des fouliers, elle a été differente
fuivant le génie &les moeurs des nations. Nous
ne trouvons rien dans l’Ecriture-fainte qui puiffe nous
donner une notion de celle des fouliers des Hébreux,
& les rabbins expliquent fi différemment les termes
qui concernent les fouliers des juifs, que l’on ne fait
véritablement à quoi s’ en tenir.
L e foulier romain quant à la hauteur, ne fe terini-
noit pas comme le nôtre ; il s’élevoit jufqu’à mi-jambe
, en prenant jufte toutes les parties. Il étoit ouvert
par-devant depuis le cou-de-pié, & fe fermoit
avec une efpece de ruban ou de lacet. Pour être bien
chauffe, il falloit que le foulier fût extrêmement ferre,
tenfum calceum. Un foin particulier des gens du ficelé
, dit S. Jerome , eft: d’avoir un foulier propre SC
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bien tendu : fipes in laxdpelle non natet. On fait qïie
Paul Emile ayant répudié fa femme, qui étoit en con-
fidération pour fa vertu, & par-là s’etant expofé aux
reproches de fes amis , le contenta de leur répondre
en leur montrant le pié : vous v o y e z , dit-il, ce foulier,
il eft bien fait &: me chauffe jufte, vous ne favez
point oîi il me bleffe.
Si ce n’étoit pas une preuve fenfible de l’irrégularité
de la conduite de fa femme ,' c’étoit au-moins
fine marque certaine que tout le pié étoit couvert du
foulier. La forme , au volume près , en étoit égale
pour les femmes comme pour les hommes. Que votre
pié , dit Ovide , à une femme qu’il aime, ne nage
point dans un foulier trop large.
Ne vagus in laxd pes t ibi pelle natet.
La pointe du foulier étoit recourbée ; c’ eft derlà
qUe C icéron, dans fon traité de la nature des dieux,
a pris l’idée de la chauffiire de Junon : calceolis répandis,
. . •
Il y avoit une forte de fouliers appelles péronés que
les fîmples magiftrats pouvoient porter, & dont il eft
parlé dans Fêftus. Juvenal nous en a donné la def-
cription dans fa quatorzième fatyre. C’étoient de
gros fouliers faits exprès pour réfifter aux boues, aux
neiges, & dont les payfàns fe fervoient en travaillant
à la terre. Ce font, fans doute, les mêmes dont
Ulpien entend parler dans la loi. 3 . § . ff. de offic.
preef. virgil. calceatum , dit-il , debere prafeclum vigi-
lum coerrare. Les gardes prépofés à veiller pendant la
nuit aux incendies, avoient befoin de pareils fouliers,
pour réfifter aux pluies, aux neiges, & autres injures
du tems.
Avant de parler de la couleur& des ornemens'que
les anciens mettoient à leurs fouliers ± il eft à-propos
de faire mehtion d’une autre forte de fouliers qui étoit
en ufage chez eux, & que les Romains appelaient
folece, & qui revient allez à notre fandale. Elle con-
fiftoit 'dans une fimple piece de bois ou de cuir que
l’on plaçoit fous le pié , & que l’on attachoit par des
bandelettes de toile ou d’étoffe, paffées & rëpaffées
fur lè pié, & entre les doigts du pié , & autour de
4a jambe : il 4011s en refte plufieurs exemples dans les
anciens monumens de peinture & de fculpture, que
les curieux ont confervés. C ’eft par rapport à ces
liens que Virgile & Ovide ont appellé les fandales
vincula. Ce dernier a dit dans fes métamorphofes.
Vincla duo pedibus dernunt-.
Et Virgile , dans le huitième livre de l’Enéide.
Et tyrréna pedum circumdat vincula plantis.
On appelloit encore cette chauffiire crepida & crepi-
dula, à caufe du bruit que l’on faifoit en marchant.
Cette fandale étoit plus particulièrement la chauffure
des femmes. Cicéron reprochant à Verrès fa mol-
leffe & fes manières efféminées, l’acciifè d’avoir paru
en public , en qualité de préteur, avec des fandales,
un manteau de pourpre , & une tunique defeendant
jufqu’aux talons : fietit foleatusprcctor poputi romani,
curn pallio purpureo, tunicaquc talari, Ce n’eftpas que
les hommes ne fe ferviffent quelquefois de la fandale
, particulièrement lorlqu’ils alloient à quelque
feftin. Quant aux fouliers dont les foldats fe fervoient
à la. guerre, on. les appelloit caligoe militum. Comme
cette chauffure leur étoit,particulière, on les nom-
moit fou vent caligati,dx\\\Q\.\ de milites; ainli Seneque,
de benef. cap. xvj. en parlant de Marius, dit : à caligi-
ne ad confulatum pervenit.
' Y ^voit encore deux autres chauffures en ufa-
ge , mais dont on ne fe fervoit, que fur le théâtre ;
c étoient le brodequin & le cothurne. Foyer chacun de
ces mots à leur article.
Quelques-uns. croient que les fouliers des hommes
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étoient hoirs; fur le fondement de ce vers d’Horace *
Nigris ntedium impedit crus pellibus.
Ils le çroient encore fur ces vers de la feptieme
fatyre dè Juyenàl, où parlant d’un certain Quintilien^
il dit qu’il étoit beau,bien fait de fa perfonne, vail-.
lant, fage & très-noble ; car le croiffant qu’il por-
toit fur fes fouliers de peau noire, en étoit une preuve.
Félix , & fapiens, & hobilis, & generofus,
Appofitam nigrce lunam fubtexit aliitoe.
Le terme alt{ta fignifie une peau déliée fur laquelle
on pouvoit peindre le croiffant* ou la lune en fon
entier , comme il eft dit dans les vers de Juvenal
qu’on vient de lire , auxquels il faut ajouter cet endroit
de Yépigramme zc) du IL liv. de MartiaL
Non extremà fedet limcitâ Unguia planta,
Ceecina non læfum cingit aluta pedem.
On rapporte plufieurs raîfons de l’ufage de faire
peindre une lune ou un croiffant fur les fouliers des
fénateurs, & des personnes d’une ancienne famille.
C ’eft: une des queftiôns que Plutarque propofe fur
les ufages des Romains, quefi. 86. On a depuis ima--
giné plufieurs autres raifons de cet ufage qu’il .feroit
inutile de rapporter. On ne fait, pas même fi l ’on
peignoit la lune dans fon plein, ou fi ce n’étoit que
fon croiffant, ni en quel endroit dufoulier elle étoit
placée.
Il eft encore difficile de découvrir la forme & l’ufage
des fouliers que les Romains appelaient 1nulle!.
Feftusveut qu’on les ait ainfi nommés, de l’ancien
mot mullare, qui fignifioit unir différentes parties
d’une étoffe ou de quelqu’autre matière, par une
couture fine & délicate , ce qui convient à la broderie
des fouliers. M. Danet prétend que les fouliers
des fils des fénateurs, avoient aufli une lune, mais
différente qui leur avoit donné le titre de mullti
calcei. Mais il paroît que ces mots deTertullien dans
fon traité de pallio, nous donnent une idée plus claire
du^foulierappellé mulleus : Impur0, dit-il, cruri pu-
rum aut mulleolum induit calceum.
Les fouliers qui étoient fimples & fans ornement,
étoient appellés puri; & ceux qui étoient ornés par
une lune * ou par quelque broderie, étoient diftin-
gués par l’épithete de mullei.
Les J'ouliers des femmes étoient blancs pour l’ordinaire.
Les fouliers des fénateurs étoient de peau noire,
& quelquefois blanche, mais les magiftrats cu-
rules les portoient de couleur rouge.
Pendant un tems, une honnête femme chez les
Romains n’ofoit porter du rouge aux fouliers : cette
couleur étoit affe&ée aux courtifannes. Cette mode;
ne.dura guere, foit que le caprice la réglât, foit que,
dans quelques femmes,la vertu aitétéaffez hardie pour
s’affranchir de la tyrannie d’un ufage qui. contrat
gnoit le goût. Celles qui fe piquoient le plus de
régularité, *porterent impunément des fouliers rouges
, long-tems même avant le régné d’Aurelien qui
leur en permit l’ufage, & l’ôta en même tems aux
hommes * calceos mulleos, rubros viris omnibus tulit,
mulieribus reliquit. L’ordonnance de ce prince fut
d’autant plus gracieufe pour les dames, que lui &
fes fucceffeurs fe réferverent cette couleur, à l’exemple
des anciehs rois d’Italie, au rapport de Dion.
Elle régna dans le bas Empire, & paffa des empereurs
d’Occident à la perfonne des papes qui achevèrent
d’effacer les traces de fa première deftination.
Les empereurs chargèrent leurs fouliers de plufieurs
ornemens. Ils y firent broder la figure d’une aigle
enrichie de perles & de diamans, aquilis ex la-
pillis & margaritis. Il y a lieu de croire, que cette
décoration paffa jufqu’aux fouliers des dames, ou
du-moins jufqu’à ceux dés impératrices.