Ces ventes ont été ainfi. appellées parce qu’ elles
tirent leur origine des ventes indicielles ufitees chez
les Romains qui fe faifoient fub hafiâ; on plantoit une
pique au lieu où la vente fe faifoit à l’encan, pour
marque de l’autorité, car cette vente ne fe faifoit
qu’en vertu d’une ordonnance du prêteur.
Les fubhaßations font ufitées dans quelques provinces
, comme Briffe, Bugey, G e x , 6c Valromey ; elles
ont été confirmées dans cet ufage par des lettres-
patentes de Novembre 1602, 6c par des déclarations
des 3 Juillet & 6 Décembre i 702.
L’objet de ces Jubhafiations eft le même que celui
de la vente par decret, mais elles ne purgent pas le.s
hypotheques. Voye[ Revel 6c Collet fur les Statuts de
. B reffe, & le Traité de la vente des immeubles par decret,
de M. Dhericourt. Voyt{ C riées , D ecret , Saisie-
réelle. ( A )
'SUBI, ( Géog. anc. ) fleuve d’Efpagne. Pline, l. III.
■ c.iij. le met dans la Coffetanie. Le nom moderne eft
Befosy félon Clufius, & Beles, félon Morales : c’eft
aujourd’hui, dit le pere Hardouin, la riviere qui paffe
à Tarragone : ce feroit donc le Francoli. (T). J. )
SUBJECTION,f. f. figure de Rhétorique, par laquelle
l’orateur s’interroge & fe répond à lui même,
ou répond lui-même à l’interrogation qu’il fait à fon
adverfaire, comme dans cet endroit de Cicéron dans
la harangue pro domo fuâ.
Tu meam domum religiofam fiactre potuifii, & qua
mente ? quâ invaferas : quâ manu ? qud difiurbaras ?
quâ voce ? quâ incendijufieras : quâ lege ? quam non
fcripferas.
On l’appelle fubjeclion, parce qu’elle fournit la re-
ponfe immédiatement après l’interrogation, quia
qucefiionifiatirh rejponfumfubjicit,
. SÙBIGUE, ( Mythol. ) fubigüs, dieu des Athéniens,
c’étoit celui qui la première nuit des noces fou-
mettoit la jeune époufe à fon époux.
SUBINTRANTE, f i e v r e , ( Médec. ) on appelle
fièvres fubintrantes, les fievres intermittentes dans
lefquelles l’accès commence avant que le précédent
foit fin i, ce qui rend de.telles fievres continues, 6c
requiert la même méthode curative. ( D . J.)
SUBJONCTIF, V E , (Gram.') propofitionfubjon-
clive, mode fubjonctif ; c’efl fur-tout dans ce dernier
fens que ce terme eft propre au langage gtîimmatical,
pour y défigner un mode perfonnel oblique, le feul
qu’il y ait en latin, en allemand, en françois, en
italien, en efpagnol, 6c apparemment en bien d’autres
idiomes, ,
Lefubjonctif eft. un mode perfonnel, parce qu’il
admet toutes les inflexions perfonnelles & numériques,
au moyen defquellés le verbe peut fe mettre
en concordance avec le fujet déterminé auquelgi
on l’applique : 6c c’eft un mode oblique, parce qu’il
ne conftitue qu’une propofition incidente, néceffai-
rement fubordonnée à la principale.
Quand je dis que 1 t fubjonctifne conftitue qu’une
propofition incidente ,, je ne veux pas dire qu’il
foit le feul mode qui puiffe avoir cette propriété ;
.l’indicatif 6c le fuppofitif font Fréquemment dans le
même cas; par exemple, acheté[ le livre que fiai là;
vous tene^ Le livré que je lirois le plus volontiers : je
veux marquer par-là que .le fubjonctif ne peut jamais
conftituer une propofition principale ; ce qui le distingue;
effentiellement des autres modes perfonnels,
qui.peuvent êtrel’ame de la propofition principale,
connue, j'a i lu le livre que vous ave^ acheté; je lirois
volontiers le Livre que vous tene^.De cette remarque il
fuit deux conlèquences importantes.
\1. La première, c’eft qu’on ne doit point regarder
comme appartenant au fubjonctif9 un tems du verbe
qui peut conftituer, directement 6c par foi-même,
une propofition principale.
C’eû. donc une erreur évidente que de regarder
comme futur du fubjonctif9 ce tems que je nomme
prétérit pojlérieur, comme amavero ,. j’aurai aimé ;
e x iv e r o je ferai forti ; precatus ero ou fuero, j’aurai
prié ; laudatus ero ou fuero, j’aurai été loué : c’eft
pourtant la décifion commune de prefque tous ceux
qui fe font avifés de compofér pour les commen-
çans des livres élémentaires de grammaire ; 6c l’auteur
même de la Méthode latine de P. R. a fuivi aveuglément
la multitude des grammatiftes, qui avoient
répété fans examen ce que Prifcien avoit dit le premier
fans réflexion, lib. VIII. de cognât, temp.
Suivons au contraire le fil des conféquences qui
fortent de la véritable notion du fubjonctif. Ce tems
peut conftituer unè propofition principale, comme
quand on dit en françois , j'aurai fini dftnain cette lettre
: il la conftitue dans ce vers d’Horace, II. fat. ij.
65. i
.............. Frufirà vitium vitavcris illud
Si te alio pravum detorferis.
Car c’ eft comme fi nous difions, vainement aureç-
, vous évité ce défaut , f i mal-à-propos vous tomber^ dans
un autre ; 6c tout le monde fent bien que l’on pour-
roit réduire cette phrafe périodique à deux propofi-
tions détachées & également principales, vous aureç
vainement évité ce défaut (voilà la première), car vous
tomberez mal-à?propos dans un autre ( voilà la fécondé
) ; or la première dans ce cas fe diroit toujours
de même en latin, frufirà vitium vitaveris illud, & la
fécondé feroit, nam te alib parvum detorquebis.
Concluons donc que le prétendu futur du fuhjon-
clif n’appartient point à ce mode, puifque toute propofition
dont le verbe eft au fubjonctif eft néceffaire-
ment incidente ; 6c que ce tems peut être au contraire
le verbe d’une propofition principale. Cette
conféquence peut encore fe prouver par une autre
obfervation déjà remarquée au mot Fu tur: la voici.
Selon les réglés établies par les méthodiftes dont il
s’a»it , la conjonction dubitative û/z étant placée entre
deux verbes, le fécond doit être mis z\x fubjonctif.
A partir de - là , quand j’aurai à mettre 'en latin
cette phrafe françoile, je ne fais f i je louerai, je dirai
que, le f i dubitatif doit s’exprimer par an, . qu’il eft
placé entre deux verbes, 6c que le fécond je louerai
doit être au fubjonctif ; or je louerai eft en françois le
futur de l’indicatif ( je parle le langage de ceux que
je réfute afin qu’ils m’entendent) ; donc je mettrai
en latin laudavero, qui eft le futur du fubjonctif, 5C
je dirai, nef cio an laudavero.......Gardez-vous bien,
me diront-ils, vous ne parleriez pas latin: il faut
dire, nefcio, anlaudaturus fim 9en vertu de• telle &
telle exception ; 6c quand le verbe eft au futur de
l’indicatif en françois, on ne peut jamais le rendre
en latin par le futur du fubjonctif, quoique la réglé
générale exige ce mode : il faut fe fervir............ Eh !
meilleurs, convenez plutôt de bonne foi qu’on ne
'doit.pas dire ici laudavero, qjarce qu’en effet laudavero
nyeft pas au fubjonctif, 6c que l’on ne doit, dire
laudaturus Jim, que parce que c’eft là le véritable
futur de ce m o d e . T ems.
Ajoutons à ces considérations une remarque de
fait : c’eft qu’il eft impoflible de trouver dans tous les
auteurs latins un feul exemple, où la première perfonne
du fingulier de ce tems fqjt employée avec la
conjonction ut ; 6t que ce feroit pourtant la feule qui
pût prouver en ce cas que le tems éft du fubjonctif y
parce que les cinq autres perfonnes étant femblables
à celles du prétérit du même mode, on peut toujours
les rapporter au prétérit qui eft inconteftablement
du fubjonctif. Pénzonius lui-même, qui regarde le
tems dont il s’agit, comme futur du fubjonctif, eit
forcé d’avouer le fait, & il ne répond à la conte-
quence qui s’en tire , qu’en la rejettant pofitivement
6c en recourant à l’eljjipfe pour amener «/ devant ce
tems. Sanô. Minerv. i. 13. not. 6. Mais enfin, il
faut convenir que c’eft abufer de l’ellipfe : elle ne
doit avoir lieu que dans les cas où d'autres exemples
analogues nous autorifent à la fuppléer, ou bien
lqrfqu’on ne peut fans y recourir, expliquer la con-
ftitution grammaticale de la phrafe ; c’eft: ainfi qu’en
parle SanCtius même , ( Minerv. iv. 2. ) avoué en cela
par Périzonius fon difciple : Ego ilia tantum fup-
plenda proecipio, quoe veneranda illa fupplevit antiqui-
tas , aut ea fine quibus grammaticoe ratio confiare non
potefi. O r , i° . il eft avoué qu’on ne trouve dans les
anciens aucun exemple où la première perfonne fin-
guliere du prétendu futur fubjonctif foit employée
«vécut; i ° . en confidérant comme principale la propofition
où entre ce tems, on en explique très-bien
la conftitution grammaticale fans recourir à l’eüip-
fe , ainfi qu’on l’a vû plus haut : c’eft donc un fub-
terfuge fans fondement, que de vouloir expliquer
ce tems par une ellipfe , plutôt que d’avouer qu’il
» ’appartient pas au Jiibjonctif.
Il y a encore deux autres tems des verbes françois
, italiens, espagnols , allemands , &c. que la plupart
des grammairiens regardent comme appartenans
au mode fubjonctif, 6c qui n’en font pas ; comme je
lirois , j'aurois lû. ; je fortirois, je ferois forti. L’abbé
Regnier les appelle premier & fécond futur dufubjonctif;
la Touche les appelle imparfait & plus-que-parfait
conditionels, 6c c’eft le fyftème commun des rudimentaires.
Mais ces deux tems s’employent dirette-
ment 6c par eux-mêmes dans des propofitions principales
: de même que l’on dit, je le ferai 9f i j e puis,
on d it , je le FEROIS , f i je pouvois ; je TauroIS
f a i t , f i f i av ois pû : or il eft évident que dans trois
phrafes fi femblables, les verbes qui y ont des fonctions
analogues font employés dans le même fens ;
par conféquent, je ferois 6c j'aurois fait font à un
mode dirett auffi-bien que je ferai ; les uns ne font
pas plus que l’autre à un mot oblique ; tous trois
conftituent'la propofition principale ; aucun des trois
n’eft au fubjonctif.
. II. La fécondé conféquence à déduire de la notion
du fubjonctif, c’eft qu’on ne doit regarder comme
primitive 6c principale, aucune propofition dont le
verbe eft au fubjonctif; elle eft néceflàirement fubordonnée
à une autre, dans laquelle elle eft incidente,
fous laquelle elle eft comprife, 6c à laquelle elle eft
jointe par un mot conjon&if, fubjungitur.
C’eft cett^L propriété qui eft le fondement de la
dénomination de ce mode : fu b ju n c t i v u sm o d u s , c’eft-
à-dife m o d u s jU V A N s , a d j u v a n d a m p r o p o f it io n em
su B a l i â p r o p o f it iô n e : enforte que les grammairiens
qui ont jugé à propos de donner à ce mode le nom
de c o n j o n c t i f , n’ont abandonné l’ufage le plus général
, que pour n’avoir pas bien compris la force du
mot ou la nature de la chofe ; c o n jü n g e r e ne peut fe
dire que des chofes femblables , fu b ju n g e r e regarde
les chofes fubordonnées à d’autres.
1 . Il n’eft donc pas vrai qu’il y ait une première
perfonne du pluriel dans les impératifs latins, com--
me le difent tous les rudimens de ma connoiffance ,
à l’exception de celui de P. R. amemus , doceamus,
legamus , audiamus ; c’eft la première perfonne du
tems que l’on appelle le préjent du fubjonctif ; 6c fi
Ion trouve de tels mots employés leuls dans la
phrafe 6c avec un fens direft en apparence, ce n’eft
point immédiatement dans la forme de ces mots qu’il
en faut chercher la raifon grammaticale : il en eft de
cette première perfonne dù pluriel comme de toutes
les autres du même tems, on ne peut les conftruire
grammaticalement qu’au moyen du fupplément de
quelque ellipfe. Quelle eft donc la conftruâion ana-
ytique de ces phrafes de Cicéron ? Nos autem tene-
ras COGITEM U S tantas quantee quondam , 6cc. ( de
Bat. eor. ij 38. ) 6c , VId e am u s quanta [int quoi
Tome X F . > 1
a p h i lo fo p h t a r em ed ia m o r b is a n im o r um a d h ib e a n tu r .
T«/c. iv. 27. La voici telle qu’on doit la fuppofer
dans tous les cas pareils, res e s t o h a u t c o g i t e -
M U S , ÔCC. r es E S T O i ta u t v i d e a m u s , êcc. comme
les verbes c o g it em u s 6c v id e am u s font au f u b j o n c t i f , je
fupplee la conjonélion u t qui doit amener ce mode ;
cette conjonction exige un antécédent qui foit modifié
par la propofition incidente ou f u b j o n c t i v e , c’eft
1 adverbe i t a , qui ne peut être que le complément
modificatif du verbe principal e fio ; je fupplee efto à
1 impératif, à caufe du fens impératif de la phrafe,
& le fujet de ce verbe eft le nom général r e s.
Ce feroit le'même fupplément, fi le verbe étoit à
la troifieme perfonne dans la phrafe prétendue directe.
V e n D A T cédés v i r b o n u s p r o p te r a l iq u a v i t ia que»
ip f e n o v i t , cceteri ig n o r en t p e f i i le n t e s S I N T , & H A -
B E A N T V R f a lu b r e s : I g n o r e t u r in om n ib u s c u b i-
c u l i s ap p a r e r e fe r p e n t e s : m a le m a te r ia te e , r u in o foe : f e d
h o c , p roe te r 'd om in u tn , n em o S C I A T . O f i iij. 1 3 . I l
faut mettre par-tout le même fupplément, r e s efto
i ta u t .
2 . Ceux de nos grammairiens françois qui éta-"
bliffent une troifieme perfonne finguiiere, & une
troifieme perfonne plurielle dans nos impératifs, font
encore danslameme erreur. Qu’ils y prennent garde,
la fécondé du fingulier & les deux premières du pluriel
ont une forme bien différente des prétendues troisièmes
perfonnes ; f a i s j a i f o n s , f a i t e s ; l i s , l i f o n s , Lifey
é co u té , é c o u t o n s , é co u te ^ , & c . ce font comunément
des perfonnes de l’indicatif dont on fupprime les
pronoms perfonnels ; & cette fuppreffion même eft
la forme qui conftitue l’impératif, Voye^lMPÉRATiF.'
Mais c eft tout autre choie à la prétendue troifieme
perfonne ; q u i l ou q u 'e l le fa f i e , q u ' i l ou q u 'e l le l i f e ,
q u ' i l ou q u 'e l l e é c o u le , au fingulier; q u ' i l s ou q u 'e l l e s
j a j j e n t , q u i l s^ ou q id e lle s l i f e n t , q u ' i l s ou q i i e lle s é co u t
e n t , au pluriel ; il y a ici des pronoms perfonnels ,
une conjonâion q u e , en un mot, ces deux troifiemes
perfonnes prétendues impératives, font toujours les
memes j dit M. Reftaut, c h . vj. a r t . 3. que celles du
préfent A\x f u b j o n c t i f
5 O r , je le demande, eft-il croyable qu’aucune vûe
d analogie ait pu donner des formations fi différentes
aux perfonnes d’un même tems, je ne dis pas par
rapport à quelques verbes exceptés, comme chacun
fent que cela peut être, mais dans le fyftème entier
de la conjugaifon françoife ? Ce ne feroit plus analogie
, puifque des idées femblables auroient des fignes
differens, & que des idées différentes y auroient des
fignes femblables ; ce feroit anomalie 6c confufion.
Je dis donc que les prétendues troifiemes perfonnes
de l’impératif font en effet du f u b j o n c t i f , comme
il eft évident par la forme confiante qu’elles ont, 6c
par la conjonction qui les accompagne toujours : j’ajoute
que dans toutes les occafions où elles paroif-
fent employées direClement, comme il convient en
effet au mode impératif, il y a néceffairement une
ellipfe , fans le fupplément de laquelle il n’eft pas
poflible de rendre de la phrafe une bonne raifon
grammaticale. Q« ’/7 m éd ite -b ea u co u p a v a n t q u e d ’ é c r ire
, c ’eft-à-dire i l f a u t , i l e f i n é c e fa i r e , i l e ft c o n v e n a -
l u i c o n f e i l le 9 6cc. q u ' i l m éd ite b e a u c o u p a v a n t q u e
d 'é c r ir e : Q u 'e l l e s a y e n t t o u t p r é p a r é q u a n d n o u s a r r iv
e r o n s ; c’eft-à-dire, par exemple,/'* d e fir e ou j e v e u x
q u 'e l l e s a y e n t t o u t p r é p a r é .
, Mais , dira-t-on, ces fupplémens font difparoître
le fens nppératif que la forme ufuelle montre nettement
; donc ils ne rendent pas une jufte raifon de la
phrafe. Il me femble au contraire , que c’eft marquer
bien nettement le fens impératif, que de dire
j e v e u x , / e d e f i r e , j e c o n f e i l le ( V o y e { I m p é r a t i f ) : 6 c
fi l’on dit, i l f a u t , i l e f i n é c e fia ir e , i l e f i c o n v e n a b le •
qu’eft-ce à dire, finon l a l o i o rd o n n e , la r a i fo n r e n d
n e ce fia ir e ou im p o fe l a n é c e jf it é 9 l a b ie n fé a n c e ou l a c o n -
B B b b ij