du Pô. C’ctoit une colonie greque & fjUi avoit etc
fîoriffante, mais qui du têtus de $tnsbo:ï, ÔV. y . fe
trouvoit réduite à un fimple village. Cet ancien géo-
er-mhe ajouté, qu’on montroit a Delphes le treior
des Spinites. Cette circonftance eft confirmée par
Pline ■ liv W . ch. xvj. qui marque en même teins la
fituatioh.de cette Ville', en difant que l’embouchure
du PÔ, nommée Eridamm ofHum eto.t appellee par
ruokiues uns Spintücum i.jlium, de la vüie de Spma,
qui avoit été bâtie auprès & apparemment à la gauche
; car Butrimn fe trouvoit à la droite, entre cette
embouchure & Ravenne. (D . /.) .
SP 1N Æ , (Géog. anc.) ville de la Grande-Breta*
-ene. L’itinéraire d’Antonin la marque fur la route
d’ /fca à Cnlltva, entre Duracornovium ÔC Callava, à 1 5
milles de chacune de ces places.On croit que le bourg
de Newbury s’eft élevé des ruines de cette ville , qui
n’eft plus aujourd’hui qu’un petit vill. ge appellétye-
n t , à un mille de Newbury. (D . J.)
SPIN A-LONG A , (Géog. mod.) fortereüe de 1 île
de Candie, fur un rocher efcarpé, près de la côte
Leptentrionale de l’île & du golfe auquel elle donne
fon nom. Cette fortereflè fituée ji 55 milles de Candie,
au levant en tirant vers Sétia, étoit autrefois
une ville épifcopale, & elle a un port. (Z?./.)
SPINARZA , (Géog. mod.) petite ville de la Turquie
européenne dans l’Albanie, fur la riviere.demême
nom,près de fon embouchure.Long. 3 y. lo.lat. 41.
SPIN A VEN TOSA, f. m. maladie de Chirurgie,
qui confifte dans une carie interne des o s , principalement
vers les jointures ou elle a coutume de commencer
fans douleur ; enfuite la face interne du corps'
de l’os 6c la moelle même fè corrompent. La carie
pénétré peu-à-peu jufqu’à la furface externe ;■ les ôs
deviennent mous ou vermoulus, 6c fe caffent quelquefois
, ne pouvant réfifter à l’effort des mufcles dans
lès môuvemens -violens & fubits auxquels ils font ex-
pofés; ou bien ils fe gonflent, & il y furvient une
exoftofe. Quand l’os eft carié, le périofte fe détache
& fe corrompt aufli fans qu’il paroiffe aucune tumeur
au-dehors. Pendant que l’humeur qui c.aufe cette maladie
, ronge le périofte, il s’y excite à caufe de fa
fenfibilité, une douleur v ive 6c piquante, comme fi-
l’on étoit percé par une épine, d’où vient le nom de
ce cruel mal , c’eft-à-dire du mot latin fpina, épine.
Lorfque le périofte eft confumé, la douleur ceffe,
l’humeur s’épanche dans les chairs 6c forme une tumeur
lâche, molle, indolente, fans changement de
couleur à la peau ; & parce que'cette tumeur fem-
ble remplie d’une humeur venteufe ou flatueufe ,
quelle imite l’édème, & que ventofitéchez les Arabes
lignifie tumeur édèmateufe, on a ajoute au mot de
fpina, celui de ventofa ou ventofitasfpina.Cette efppce
d’abfcès étant ouvert par lui-même ou par l’opération
, il en fort un pus féreux, & il en refulte un ulcéré
finueux ou fiftuleux, qui ne fe peut guérir que
la carie ne foit enlevée par le fer ou par le feu. Il s’y
joint ordinairement une fievre lente, & le malade
meurt fouvent en confomption.
La caufe de cette maladie eftfouventun virus vénérien
dégénéré, ou un virus fcorbutique ou écrouel-
leux.
Avicenne aparlé du fpina ventofa, lib.IV.finit. 4.
tract. 4. c. ix. Pandolfin en a fait un traité entier, auquel
Mercklin a ajouté des notes. M. A. Sévéritis
en a écrit aufli un traité, fous le nom de poedar-
throcace , . terme. compofé de trois mots grecs,
.<7rctiç, rrciiS'oc, puer, enfant, jeune perfonne, dpôpov,
articulas, articulation, & > tnalum, mal, à caufe
que ce mal' attaque principalement les enfans &: les
jeunes gens, & rarement ceux de 2.5 ou 30 ans, à
moins qu’ils n’en aient été incommodés auparavant
fans être guéris, & parce qu’il commence prefque
toujours par les jointures.
Le pfôgnoftïc eft fort douteux, où a fouvent vn
cette maladie fe reproduire ailleurs, après l’avoir dé-
truite dans une partie.
Dans le commencement, lorfqu’il n’y a point encore
ulcération à l’o s , on peut tâcher de guérir cette
maladie après les remedes généraux, par un régime
convenable. L’ufage de la décoCtion des bois fudori-
fiques, l’application extérieure des cataplames réfo-
lutifs & aromatiques , les on&ions mercurielles , 6c
autres remedes fuivant la fagacité du guériffeur. Si
cës fecours loin de diminuer les accidens femblent
augmenter les douleurs, c’eft un ligne qu il fe fait
’ abfcès dans l’os ; on ne peut l’ouvrir trop prompte*
ment, pour éviter les progrès de la carie que le pus
occàfionne dans l’intérieur. M. Petit rapporte dans
ton Traité des maladies des o s , à l’article de la cane ,
avoir donné iflùe par l’opération du trépan, à un abf- .
cès dans la cavité du tibia. Un homme avoit été traité
méthodiquement de la vérole, traitement qui fît
difparoître une-tumeur à la partie moyenne du tibia.-
Les douleurs ne cefferent pas entièrement ; elles augmentèrent
quinze jours après être forti de chez M.
Petit. Le malade avoit de la fievre ;fa jambe étoit de*
venue rouge, & même douloureufe à l’extérieur. On
délibéra dans une confultation qu’il falloit ouvrir
l’endroit où il y avoit eu tumeur, pour donner iffué
à quelque matière qu’on fôupçonnoit être infiltrée
dans le périofte, & caufer ces accidens. L’incifion ne
procura aucun foulagement ; on fe détermina deux
jours après à l’application du trépan qui procura une
évacuation conlidérable d’un pus tres-fetide. La
moelle étoit toute fondue, & le canal paroiffant
prefque vuide. M. Petit appliqua trois autres couronnes
de trépan, 6c coupa les ponts qui reftoient
des uns aux autres.. Le cautere â&uel fut appliqué
plufieurs fois pour détruire la ca rie, & le malade
l guérit. Il y a plufieurs obfervations de cette nature,
& on réuffit prefque toujours lorfque l’Opération n’a
pas, été trop différée. Ce fpina ventofa eft une exofto-
fe fuppurée. Voye^ Ex ostose.
Il n’eft pas toujours poffible de détruire ces exo-
ftofes & ces caries. Lorfque par leur fituation elles
ne font pas acceflibles, il faut en venir au remede
extérieur, qui eft l’amputation du membre. J’ai eu
ôccafion d’ouvrir une tumeur qui fembloit aquofla-
tueufe, à la partie interne & inférieure de la cuifle
d’un jeune homme de zo ans. Cette tumeur qui étoit
fans changement de couleur à la peau, avoit été précédée
par des douleurs affez vives dans l’os du fémur,
ce qui caraftérifoit un fpinofa ventofa. Apres avoir
donné iflùe par une incifion, à une grande quantité
de matière affez fétide, je portai mon doigt dans le
foyer de cet abfcès, il paffa par-deffus le mufcle va-
fte interne, à la partie poftérieure du fémur, où je
fentis un trou à l’os qui pénétroit dans la cavité. Il
fallut néceffairement faire l’amputation de la cuiffe,
n’étant pas poffible de travailler à la deftru&ion de
la carie dans un lieu où l’os eft recouvert d’une aufli
grande quantité de mufcles & de vaiffeaux confidé-
irables. ( T )
SPINAL, L E , adj. en Anatomie, fe dît des parties
qui ont quelque relation avec l’épine. V oy e{ Épine.
Les arteres fpinales font principalement les deux
produites par l’artere vertébrale. Voye^ V ertébrale.
L’artere fpinale antérieure eft produite par la
réunion des deux rameaux des arteres vertébrales
furl’apophyfe bafilaire de l’os occipital. Voye^Os
OCCIPITAL.
L’artere fpinale poftérieure eft produite par la réunion
de deux rameaux produits parles arteres vertébrales
à leur entrée dans le crâne. Voye^'Crâne.
Ces deux arteres defeendent le long de .la partie
antérieure & de la partie poftérieure de la
ïïiôelîe alongée, & communique avec des rameaux
des intercoftales & des lombaires. V oy e{ Intercosta
l , Lombaire , &c.
SPINELLE, adj. (Gram. Joaillerie.) on. dit rubis
fpinelle (Voyez l'article R u b i s ) , lorfqu’il eft de couleur
de vinaigre ou de pelure d’oignon. Quoiqu’il
ait la dureté du rubis b alai, il n’en a pas le prix.
SP1NEUSES , f. m. (Mythal. ) dieu qui préfidoit
au défrichement des ronces & des épinps.
SPINHUYS , f. m. (Jlift- mod. Econorn. politique.)
ce mot eft hollandois, & lignifie maijon où Con file ;
on donne ce nom en Hollande à des maifons dé force
établies dans prefque toutes les villes, dans lefquelles
on renferme les femmes de mauvaife v ie , qui ont attiré
l’attention de la police ; on les y occupe à filer
& à différens autres travaux convenables à leur fexe;
on ne leur épargne point les corrections, lorfqu’el-
les manquent à remplir la tâche qui leur eft impofée.
Ces fortes de maifons font ordinairement fous la direction
de deux échevins , qui nomment un infpec-
teur & une infpeCtrice, qui leur rendent compte.
SPINOSA, PHILOSOPHIE D E , {Hiß. delàphilofi)
Benoît Spinofa, juif de naiffance, 5c puis déferteur
du judaïfme, & enfin athée, étoit d’Amfterdam. Il a
été un athée de fyftème,& d’une méthode toute nouvelle
, quoique le fond de fa doCtrine lui fut commun
avec plufieurs autres philofophes anciens & modernes
, européens & orientaux. Il eft le premier qui
ait réduit en fyftème l’athéïfme, & qui en ait fait un
corps de doCtrine lié & tiffu, félon la méthode des
géomètres ; mais d’ailleurs fon fentiment n’eft pas
nouveau. Il y a long-tems que l ’on a cru que tout
l ’univers n’eft qu’une fubftance, & que Dieu & le
monde ne font qu’un feul être. Il n’eft pas fûr que
Straton, philofophe péripatéticien, ait eu la même
opinion, parce qu’on ne fait pas s’il enfeignoit que
l ’univers ou la nature fût un être fimple & une fubftance
unique. Ce qu’il y a de certain , c’eft qu’il ne
reconnoiffoit d’autre dieu que la nature. Comme il
fe moquoit des atomes & du vuide d’Epicure, on
pourroit s’imaginer qu’il n’admettoit point de diftin-
Ction entre les parties de l’univers ; mais cette con-
féquence n’eft point néceffaire. On peut feulement
conclure que fon opinion s’approche infiniment plus
du fpinofilme que le fyftème des atomes. On a même
lieu de croire qu’il n’enfeignoit pas, comme faifoient
lesatomiftes,que le monde fut un ouvrage nouveau,
& produit par le hazard ; mais qu’il enfeignoit, comme
font les fpinofiftes, que la nature l’a produit né-
ceflairement & de toute éternité.
Le dogme de l’ame du monde, qui a été fi commun
parmi les anciens, & qui faifoit la partie principale
du fyftème des ftoïciens, eft, dans le fond,
celui de Spinofa ; cela paroîtroit plus clairement, fi
des auteurs géomètres l’avoient expliqué. Mais comme
les écrits où il en eft fait mention, tiennent plus
de la méthode des rnétoriciens, que de la méthode
dogmatique ; & qu’au contraire Spinofa s’eft attaché
à la précifion , fans fe fervir du langage figuré, qui
nous dérobe fi fouvent les idées juftes d’un corps de
doCtrine : de-là vient que nous trouvons plufieurs
différences capitales entre fon fyftème & celui.de
l’ame du monde. Ceux qui voudroient foutenir que
le fpinofifme eft mieux lié , devroient aufli foutenir
qu’il ne contient pas tant d’orthodoxie ; car les ftoïciens
n’ôtoient pas à Dieu la providence : ils réunif-
foient en lui la connoiffance de toutes chofes ;
au lieu que Spinofa ne lui attribue que des con-
noiffances féparées & très-bornées. Lifez ces paroles
de Seneque : « Eundem quem nos , jovem intelli-
» gunt, eufiodem , recloremque univerfi., animum ac
» fpiritum , mundani hujus opéris dominum & artifi-
» cem , cul nomem omne convenu. Vis ilium fatum vo-
» çarc ? Non çrrabis ; hic efi ex quo fujpenfa funt om-
» tua, tauja caufarum. Vis ilium providentiam dicere ?
» Recle dicis. Efi enim cujus confilio huic mundo pro-
» videtur. Vis ilium naturam vocare ? Non peccabis. EJl
» enim ex quo nata funt omnia, cujus fpiritu vivimus»
» Vis ilium vocare mundum ? Nonfalleris. Ipfi efi enim
» toturn quod vides , totus fuis partibus inditur, & f i
» fufiinens vifud. Qucefi. natur. lib. X I . cap. xlv. Et
ailleurs il parle ainfi: « Quid efi autem , cur non exifi
» times in eo divini aliquid exifiere , qui Dei par efi ?
» Totum hoc quo continemur, & ununi efi & Deus , 6*
» fiocii ejus fumus & membra. Epifi. g %. Lifez ainfi le
difcours de Caton, dans le IV. lïv. de la Pharfale, &
fur-tout confidérez-y ces trois vers.
Efi-ne Dei fedes nifi terra & pontus & aer *
E t ccelum & virtus? Superos quid quoerimus ultra ?
Jupiter efi quodeumque vides, quocumque moveris.
Ppur revenir à Spinofa , tout le monde convient
qu’il avoit des moeurs,fobre, modéré, pacifique,
défintéreffé, même généreux ; fon coeur n’étoit taché
d’aucun de ces vices qui déshonorent. Cela eft étrange
; mais au fond il ne faut pas plus s’en étonner ,
que de voir des gens qui vivent très-mal, quoiqu’ils
aient une pleine perfùafion de l’Evangile ; ce que
l’attrait du plaifir ne fit point dans Spinofa ; la bonté
& l’équité naturelles le firent. De fon obfcure
retraite fortit d’abord l’ouvrage qu’il intitula, traité
tliéologico-politique, parce qu’il y envifage la religion
en elle-même , 6c par rapport à fon exercice ,
eu égard au gouvernement civil. Comme la certitude
de la révélation eft le fondement de la foi ; les premiers
efforts de Spinofa font contre les prophètes. II
tente tout pour affoiblir l’idée que nous avons d’eux,
6c que nous puifons dans leurs prophéties. Il borne
à la fcience des moeurs tout le mérite des prophètes.
Il ne veut pas qu’ils aient bien connu la nature 6c
les perfections de l’Etre fouverain. Si nous l’en
croyons, ils n’en favoient pas plus , 6c peut-être
qu’ils n’en favoient pas tant que nous.
Moïfe, par exemple, imaginoit un Dieu jaloux J
complaifant 6c vindicatif, ce qui s’accorde mal avec
l’idée que nous devons avoir de la divinité. A l’égard
des miracles, dont le récit eft fi fréquent dans les
Ecritures, il a trouvé qu’ils n’étoienr pas véritables.
Les prodiges, félon lu i, font impoflïbles ; ils déran-
gerolent l’ordre de la nature, 6c ce dérangement eft:
contradictoire. Enfin pour nous affranchir tout-d’un-
coup & pour nous mettre à l’aife, il détruit par un
chapitre feul toute l’autorité des anciennes Ecritures;
Elles ne font pas des auteurs dont elles portent les
noms, ainfi le pentateuque ne fera plus de Moïfe ,
mais une compilation de vieux mémoires mal dirigés
par Efdras. Les autres livres facrés n’auront pas une
origine plus refpeCtable.
Spinofa avoit étonné & feandalifé l’Europe par
une théologie qui n’avoit de fondement que l’autorité
de fa parole. Il ne s’égara pas à demi. Son premier
ouvrage n’étoit que l’effai de fes forces. Il alla
bien plus loin dans un fécond. Cet autre écrit eft fa.
morale , où donnant carrière à fes méditations phi-
lofophiques , il plongea fon lefteur dans le fein d e
l’athéifme. C ’eft principalement à ce monftre de har-
dieffe, qu’il doit le grand nom qu’il s’eft fait parmi les
incrédules de nos jours. Il n’eft pas vrai què fes fçc-
tateurs foient en grand nombre. Très-peu de per-
fonnes font foupçonnées d’adherer à fa doCtrine, &
parmi ceux que l’on en foupçonne, il y en a peu qui
l’aient étudié, & entre ceux-ci il y en a peu qui
l’aient comprife, & qui foient capables d’en tracer le
vrai plan , & de développer le fil de fes principes.-
Les plus finceres avouent que Spinofa eft incompré-
henfible, que fa philofophie fur-tout eft pour eux une
énigme perpétuelle , 6c qu’enfin s’ils fe rangent de
fon parti, c’eft qu’il nie avec intrépidité ce qu’eux-
mêmes avoient un penchant fecret à ne pas croire.