Suppofons maintenant que l’obfervateitf pafle du
foleil fur la terre au point C , la diftance des étoiles,
fixes eft fi grande, que celle du foleil n’eft qu’un
point par rapport à elles ; par conséquent l’obferva-
teur, qui eft à-préfent fur la terre, verra la même
face des cieux, les mêmes étoilçs, &c. qu’aupara-
vant ; avec cette feule différence qu’au lieu qu’aupa-
ravant il s’imaginoit que la terre etoit dans les cieux
& le fo ld l au centre, il s’imaginera maintenant que
le fo ld l eft dans les cieux & la terre au centre.
Donc la terre étant en C , l’obfervateur verra le
foleil en Y ; & cet obfervateur étant emporté avec
la terre , & partageant fon mouvement annuel,
n’appercevra point fon propre mouvement ou celui
de la terre ; mais obfervant le fo ld l lorfque la terre
fera en D , le fo ld l lui femblera être en <3 : de plus
quand la terre avancera en A , le fo ld l paroîtra avoir
parcouru les lignes £5 , Ç f, & np ; & tandis que la
terre décrit le demi-cercle A B C , le fo ld l paroîtra
avoir parcouru fur la furface concave des cieux les
fix lignes , n i , «-f, ■ £, j s» , )( > de maniéré qu’un
habitant de la terre verra le fo ld l parcourir le même
cercle dans les cieux & dans le même efpace de
tems , qu’un obfervateur qui feroit dans le fo ld l,
verroit parcourir la terre.
C’eft de-là que vient le mouvement apparent du
f o ld l , par lequel il femble avancer infenfiblement
vers les étoiles du côté de l’orient ; de forte que fi
une étoile qui eft proche l’écliptique fe leve dans un
tems avec le fo ld l, quelques jours après 1 zfoleil fera •
plus avancé à l’orient de cette étoile, & l’étoile fe
lèvera & fe couchera avant lui.
Pour ce qui regarde les phénomènes qui réfultent
du mouvement apparent du f o ld l , ou du mouvement
réel de la terre, par rapport à la diverfité des
jours & des nuits, des faifons, &c. Foye{ T erre &
PARAL LELISM E.
Nature , propriétés , figure, &c. du foldl. i°. De ce
qu’on trouve que les taches du fold l reftent quelquefois
trois jours plus long - tems derrière le foleil,
qu’elles n’en employent à parcourir fon hémifphere
vifiblequelques auteurs ont conclu qu’elles ne font
point adhérentes à la furface du foleil, mais qu’elles
en font à quelque diftance.
Mais cette opinion ne paroît point fondée ; car il
femble au contraire que les taches fuivent une loi :
affez régulière dans leurs oppofitions.ily a certaines
taches du foleil à qui l’on a vu faire deux ou trois révolutions
de fuite ,& qui font revenues conftamment
au même lieu au, bout des 27 jours qui fe font écoulés
à chaque période. Or toutes ces taches ont employé
exactement 13 jours & demi à paffer du bord
ocçidental du foleil à fon bord oriental. Donc puif-
qu’elles ont employé à chaque fois la moitié du tems
périodique à parcourir le difque apparent du foleil ,
leur orbite doit convenir precifément avec la fur-
face extérieure du corps lumineux , c’eft - à - d ire,
qu’elles nagent, pour ainfi dire, fur 1 e foleil. S’il y a
quelques taches qui aient paru ne pas fuivre exactement
cette lo i , il faut croire que l’obfervation n’en
a pas été bien faite , & qu’on a peut-être pris d ’autres
taches pour les mêmes, ou que pâr quelque rai-
fon que nous ne faurions favoir , la révolution de
ces taches dans la partie poftérieure du foleil avoit
été retardée.
20. De ce que ces taches paroiffent &:. difparoif-
fent fouvent, même au milieu du difque du foleil, &
éprouvent différens changemens par rapport à leur,
maffe , ou à leur figure, ou à leur denfité , il s’enfuit
que fouvent il s’en élevede nouveau autour du foleil,
èc.qu’aufli il y en a qui s’é.vanouiffent.
30. Puifque les taches fe diffolvent fouvent &dif-
paroiffent même au milieu du difque du foleil, lama-.
tiere des taches, c ’eft-à-dire, l'es exhalaifons folairesi
retournent donc au foleil : d’oii il fuit qu’il doit fe faire,
différentes altérations dans la matière de cet aftre, &c.
4°. Puifqu’en tout état le foleil paroît comme un
difque circulaire , fa figure , quant aux fens, doit
être fphérique ; cependant nous ferons voir bientôt
qu’elle eft réellement fphéroïde.
Outre les macules ou taches obfcures, plufieurs
auteurs parlent des facules, ou taches , qui font plus
brillantes que le reftedu difque du foleil. Celles-ci,
font en général plus larges, & bien différentes des
macules en figure , durée, &c.
Kirk e r , Scheiner, &c. fuppofent que ces facules
font des éruptions de flammes ; c’eft pourquoi ils re-
préfentent la face du fo ld l comme couverte de vol-;
cans, & c .. . . Mais Huygens prenant de meilleurs té-
lefcopes, n’a jamais rien pu trouver de femblable ,
quoiqu’il ait remarqué quelquefois, même dans le s .
macules, des endroits plus brillans que le refte,
5°- La fubftance du foleil eft une matière ignée;
voici comment on le prouve. Le foleil éclaire, &c fes
rayons raffemblés par des miroirs concaves, ou des
verres convexes, brident, confument & fondent le s .
corps les plus fôlides , ou même les convertiffent en
cendres ou en verre.
6°. Puifque les taches du foleil font formées par les
exhalaifons du foleil, il paroît que le foleil n’eft pas
un feu pur; mais que ce feu eft mêlé de particules hétérogènes.
7 0. La figure du foleil eft un fphéroïde plus élevé
fous fon équateur que fous fes pôles. En effet, le fo ld
l a un mouvement autour de fon axe, & par con-
féquént la matière folaire doit faire des efforts pour
s’éloigner des centres des cercles dans lefquels elle
fe meut, avec d’autant plus de force que les circonférences
font plus grandes. Or l’équateur eft le plus
grand cercle, & les autres qui font vers les pôles,
vont toujours en diminuant. Donc la matière folaire
tend à s’éloigner du centre de l’équateur avec plus
de force, que des centres des cercles parallèles. Par
conféquent elle s’éloignera du centre , plus fous
l’équateur que fous aucun des cercles parallèles; &
ainfi le diamètre du foleil qui pafle par l’équateur, fera
plus grand que celui qui pafle par les pôles, c’eft-à- ’’
dire que la figure du foleil n’eft pas parfaitement fphérique
, mais fphéroïde.
Il eft vrai que la différence des axes du foleil do it.
être fort petite, comme M. de Maupertuis l’a fait
voir dans fon Difcoursfùrlafigure des afires, & cela,
parce que la force centrifuge des parties du foleil eft
beaucoup moins grande que leur pefanteur vers le ‘
foleil. C ’eft pour cette raifon que nous n’apperce-
vons point d’inégalités fenfiblès entre les deux diamètres
du Jolèil.
Parallaxe du foleil. Foye^ PAR AL LAXE .
A l’égard de la diftance du fold l, comme fa détermination
dépend de celle de la parallaxe, & qii’ôn ‘
ne peut trouver la parallaxe du foleil fans faire des
calculs longs & difficiles ; aufli les Aftronomes ne font '
point d’accord fur la diftance du-foldl. ■ ■ 1 '
La moyenne diftance du foleil à la terre eft fuivant
quelques-uns, de 7490 diamètres de la terre; félon
d’autres 10000 ; félon d’autres 12000 , & fuivant
d’autres 15000. Mais fuivant la parallaxe de M. de
la Hire, qui eft 6" ; la moyenne diftance du fo ld l■
fera 17188 diamètres de la terre , & fuivant celle de
Caflini 14182. Foye^D istange.
Le diamètre apparent à\\ foleil n’eft pas toujours le
même. Lorfqu’il eft le plus'grand, Ptôlomée l’eftime'
de 33 ', 20" ; Tycho 3 2' ; Kepler 3 F , 4" ; Ricciôly
3 2% 8" ; Caflini 32 ', 20" •; de la Hire 3 2 ', 43". Son
diamètre apparent moyen, eft fuivant Ptolomée 3 éfcj
1 y" ; fuivant Tycho 31' ; fuivant Ricciôly 3 1' }/±o" ; I
fuivant Caflini 3 1 ', ^o; fuivant de la Hire 32', 10";
Ôc fuiyant Kepler 30', 3 o'-» Son plus petit diamètreapparent,
èft fuivant Ptolomée de 31 ' , 20" ; fuivant
Tycho 30'; fuivant Kepler 36'; fuivant Ricciôly
.31' ; fuiyant Caflini 3 1' , S" ; & fuivàrit de la Hire
3 f i , $%". Chàmbers'.' ( 0 )
Soleil , ( Crit.facr. ) cet aftre lumineux ; objet
de l’ancièri culte de la plupart des peuples de l’orient,
à donné lieu dans l’Ecriture, tantôt à des côniparai-
fonè , tantôt à des façons de parler figurées. Ainfi;
lorfque îes prophètes veillent marquer la durée d’une
choie brillante & glôrieufe, ils la comparent à l’éclat
& à lâ durée du foleil. Son trône eft femblable au fo leil
, dit David , pfi 88. 38. Le bonheur préfent,
c’efilé foleil qui s’élève.; au contraire, quand Jérémie'
déclare ch. xv. f . que lefoleilne luit plus pour
Jérufàlem, c’eft-à-dire , que fon bonheur eft pafle;
Les ardeurs du foleil m’ont ternie, s’écrie l’époufe,
dans le cantique , j . 3 . c ’eft-à-dire, je fuis dans l’af-
fliriion, dans la douleur. De même, lorfqu’lfaïe veut
peindre lin défaftre , une calamité, il dit feulement
que le foleil eft obfcurci, obtenebratus ejlfol, ch.-xïij;
ioe & c. Ce petit nombre d’exemples fuffitpouren
rappeller d’autres femblables à la mémoire du lecteur.
( D . J. )
S o l e i l , ( Mythol. Icoholog. ) cet aftre à été le
premier objet de l’idolâtrie. L’idée d’un être purement
fpirituel, s’étant effacée dans l’efprit des hommes,
ils portèrent leurs voeux à ce qu’ils trouvèrent
dans la nature dé plus approchant de l’idée qu’ils
avoient de Dieu : la beauté du foleil, le v if éclat de fa
lumière, la rapidité de fa courfe, fa Régularité à éclairer
fucceflivementtoute la terre, & à porter par-tout
la lumière & la fécondité ; tous ces carafteres effen-
tiels à la divinité, trompèrent aifément les hommes
grofliers ; c’étoit le Bel, bu Baal des Chaldéens ; le
Moloch des Chananéens ; le Béelphégor des Moabi-
tes ; l’Adonis des Phéniciens & des Arabes ; le Saturne
des Carthaginois ; l’Ofiris des Egyptiens ; le Mi-
thras desPerfes; leDionyfius des Indiens ; & l’Apollon
ou Phoebus des Grecs & des Romains. Il
y a même des favans qui Ont prétendu que tous les
dieux du paganifme fe réduifoient au fo le il, & toutes
les déefles à la lune : ces deux aftres furent les
premières divinités des Egyptiens}
On/ait, par les marbres d’Arondel j que les Grecs
adorbient le foleil > puifqu’ils juroient par cet aftre ,
line entière fidélité à leurs engagemens. Ménandre
déclare qu’il faut adorer le foleil comme le premier
des dieux , parce que ce n’eft que par fa bienfaifancé
qu’on peut contempler les autres divinités. LesRho-
diens , dit-on, lui avoient confacré leur magnifique
Colofle. Il étoit adoré par l'esSyracufains & les Troé-
zéniens , fous le nom dé Jupiter libérateur. Les Corinthiens,
félon Paufaniâs , lui dédièrent plulieiirs
autels. Sa fête fe folemnifoit à Rome, fous le nom
de Soli invitlo , & l’ori célébroit des jeux publics en
fon honneur , à la fin de chaque année;
Sileshàbitans de Hiéropolis défendirent qu’on lui
drefsât des ftatues, c’étoit parce qu’il étoit affez vifible
; & c’eft peut-être la raifon pour laquelle ce même
dieu n’étoit repréfenté à Emefe , que fous la fi-
§ur^d’une montagne ; enfin, félon Jules-Céfar, les
anciens Germains adoroient aufli le fole il, & lui fa-
enfibient des chevaux , pour marquer par la légèreté
de cèt animal, la rapidité du cours de cet aftre.
Les anciens poètes, & particulièrement Homéré,
ont communément diftingué Apollon du Soleil, &
les ont reconnu pour deux divinités différentes ; en
c^e t î.^. av° it fes facrifices à part , & fon origine
n etoit pas la même ; il paffoit pour fils d’Hypérion,
& Apollon l’étoit de Jupiter. Les marbrès,lesmé-
daules , & tous les anciens monuméns les diftinguerit
ordinairement, quoique les phyficiens aient pris
Apollon pour le foleil, comme ils ont pris Jupiter
Pour i,air » Neptune pour la m er, Diane poutlalu-
Tome WM V
1 ne, & Cérès polir les fruits de la terfe:
1 Onreprefentpit ordinairementXefoleil èiijeune
homme, qui a là tête rayonnante ; quelquefois, il
f tient dans fa main uhe corné d’abondance ; fymbolé
: de la fécondité dont le foleil éft l’âutelir ; affez fouvent
il eft fur fori char tiré par quatre chevaux ; ie£
quels vont tantôt de front ; & tantôt comme féparés
èn deux couples: (J?> J.) .
Soleil , (* Infer. Médail. 'j Plufieiirs écrivains &Z
poètes grecs,. donnent.au foleil le titre de feigneur-1
S'iinro'iHç, à la mode des Orientaux ; qui l?ont appel-
lé béel-famen, ou balfchamain j c’eft-à-dire, feieneür
dû ciel. . 1 . . . . . .
Ammien Marcellin,-/. X F I I . citeiine inferiptibri
greque d’un obélifque, portant ces mots en grec ;
Jôl deus magnus, defpotes cczli : Gruter, l. X X X I I I .
c. iv. en indique une latine , avec ces mots : domino
foil.
Quant aux médailles., ôn à celies d’Âurélieri ;
ayant pour infeription y fo l dorninus imperii romani'. ■
On eonnoit aufli deux médaillés d’Héliogabale; l’une
repréfente un foleil couronné de, rayons, avec cetté
legende : fanBo deo f o l i , au foleil dieu faint ; fur la
fécondé on lit : invicîofoli, à l’invinciblë foleil. Il ne
faut pas s’en étonner, car ce prince fe glorifia tou- •
jours d’avoir été prêtre du foleil, dans la Syrie , &
par reconnoiffance, il lui confacra un fuperbe temple
à Rome.
Mais pour dire quelque chofe cîe plus fingulier Ü
fe trouve des médailles de Conftantin , .frappées à
l’honneur du foleil; c’étbit vraifemblablement avant
qu’il eut renoncé au culte des faux dieux. Dans ces
médailles, le foleil eft repréfenté comme le guide &
le protecteur de cet empereur, avec l’infcriptiori/o-
li invicio, ou foli inviclo comiti : une de ces médailles
offre à la vue la tête toute radieufe du foleil ; l’autre
repréfertte ce dieu debout ; avec fa couronne rayonnante
$ un globe dans la main gauche , & mettant de
la droite une couronne fur la tête de Conftantin, qui
tient lé labarum : l ’une & l’autre médailles portent
au revers le nom & la tête dé Conftantin. (D . ƒ.)
Soleil , {Poefîe anc. & mod.f comment Pindarey;
Noroere ; Virgile , Ovide , 6-c. n’aüroient-ils paS
célébré dans leurs écrits le pere & le modérateur des
faifons , l’oeil & le maître du monde, les délices des
humains, la lumière de la vie ; car ce font là autant
de furnoms que les Grecs & les Romains don-
rioient foleil. Cependant j’aime encore mieux les
tablëaux que nos poètes modernes & autres ; ont
faits de cet aftre du jour, que les deferiptions de l’antiquité;
je les trouve plus nobles, plus remplies d’te
mages, & plus philofophiques.
On ne peut s’empêcher de louer ces beaux vers dé
Milton :
Oh fon ! o f this great worhts , both eye and foiit !
Oh thou ! that with furpafjing glory crown’d ,
Look’f i from thy foie dominion , like the god
O f this great worlds, at whofefight all the fiars
Hide their diminished heads.
Soled afire du jour ,-
Toi quifembles le dieu des cietix qui t’environnenty
Devant qui leur éclat difparoit & s’enfuit,
Qui fait pâlir le front des afires de la nuit ; &Cj
On eonnoit encore davantage les vers luivans dé
M. de Voltaire;
Dans le centre éclatant de ces orbes immenfés ,
Qui n’ont pu noué cacher leur marche & leurs difiahceèj
! Luit cet afire du jour par Dieu même allumé,
Qui tourne autour defoifur fon axe enflammé ;
De lui partent fans fin des torrens de lumière ;
/ 1 donne en fe montrant, la vie à la matière ,
E t difpenfe les jours, les faifons, & les ans 2
R r i j