7 -8o S Y S
les plus petits ; & ces intervalles premiers, qui font
les élemens du fyfilme s’appellent par les Grecs diafi
tèmes. Voyt{ ce mot. ’
Il y a une infinité d’intervalles différens ; il y a ,
par conféquent, autant de fyfilmes poflibles. Pour
nous borner ici à quelque choie de réel, nous parlerons
feulement des Jÿfienits harmoniques ; c’eft-à-
d ire, de ceux dont les élémens font, ou des confon-
nances, ou des intervalles engendrés médiatement ou
immédiatement par des conionnances. ^by^.lNTERVALLES.
.
Les anciens divifoient les fy filmes znfyfilmes particuliers
Sc en fyfilmas généraux. Ils appelloientfyf-
tème particulier tout compofé d’au-moins deux intervalles
, tels que font l’o&ave, la quinte, la fixte, &
même la tierce. J’ai traité de ceux-ci au mot I n t e r v
a l l e .
Les fyfilmes généraux qu’ils appelloient plus communément
diagrammes, étoient formés par là iomme
de tous les fyfilmes particuliers , Sc comprenoient
par conféquent tous les fons employés dans la mélopée.
C’eft de ceux-là qu’il me refte à parler dans cet
article.
On doit juger des progrès de l’ancien fyfilme par
ceux des inftrumens de mufique deftines à l’exécution
; car ces inftrumens accompagnant la voix , Sc
jouant tout ce qu’elle chantoit, dévoient néceffaire-
ment rendre autant de fons difFérens qu’il en entroit
dans fyfilme. Or les cordes de ces premiers iriftru-
mens fe touchoient à vuide ; il y falloit donc autant
de cordes que le fyfilme renfermoit de'lons, & c’eft
ainfi que des l’origine de la Mufique , on peut fur le
nombre des cordes de l’inftrument déterminer le
nombre des fons du fyfilme.
Tout le fyfilme des Grecs ne fin donc d’abord compofé
que de quatre cordes qui formoient l’accord de
leur lyre ou cithare. Ces quatre fons, félon quelques-
uns, formoient des degrés conjoints, félon d’autres,
ils n’étoient pas diatoniques, mais les deux extrêmes
fonnoient l’o&ave, Sc les deux Ions moyens la
partageoient en une quarte de chaque côté, Sc en un
ton dans le milieu ; de cette maniéré :
Ut — trite dîezeuomencn,
Sol — lichanos melon,
F a — parypare mefon ,
Ut — parypate hypàton.
C’eft ce que Boëce appelle le tretracorde Mercure.
^ fy film e ne- demeura pas long-tems borné à fi
peu de ions. Chorèbe, fils d’Athis , roi de Lydie , y
ajouta une cinquième corde, Hyagnis une frxieme
Terpandre une feptieme , à l’imitation du nombre
des p'anetes, Sc enfin Lichaon de Samos la huitième.
Voilà ce que dit Eoëce ; mais Pline témoigne que
Terpandre ayént ajouté trois cordes aux quatre anciennes,
joua le premier de la cithare à fept cordes',
que Simonide y en joignit une huitième, Sc Thimo-
thée une neuvième. Nicomaque le Gérafcnien attribue
cette huitième corde à Pythagore, la neuvième
à Théophrafte de Piérie, puis une dixième à Hif-
tyée de Colophon, & une onzième à Timothée de
Milet, &c. Phérécrate , dans Plutarque, fait faire au
fyfieme un progrès plus rapide ; il donné douze cordes
à la cithare de Mélanip^pide, Sc autant à celle de T imothée
;& comme Pherécrate étoit contemporain de j
ces muficiens, fon témoignage eft d’un grand poids j
fur un fait qu’il avoit, pour ainfi dire fous les yeux.
Mais comment pourroit-on à un certain point s’af-
furer de la vérité parmi tant de contradiaions , foit
entre les auteurs, foit dans la nature même des faits
qu’ils rapportent ? Par exemple , le tétracorde de
Mercure donne évidemment l’oftave ou le diapason
Comment donc s’ eft-il pu faire qu’après l’addition
de trois cordes, tout le diagramme fe foit trouv
é diminué d’un degré & réduit à un intervalle de
. S Y S
feptiemt? ç’eft .pourtant ce que font entendre là pif,
part desyauteure anciens ,• & entr’autres ffieomàdij.'
qui dit qiîe Pythagore.trouvant tout lé
pofé feulement de deuxtetracordes conjoints qui
inoient entre leurs extrêmes un intervalle' dîffohnam'
il le rendit confonnant endivifantcesdeuxyetkçÊ’
des par l’imervaïle.d’un ton ,. ce qui pro'dtdfit l’dc"
tave. ■ i P':
Quoi qu’il en foit, c ’eft du-moins une çhofe certaine
que.le Jifëkm desiGrecs s’augmenta iHfenfibli’
meut,tant en haut qu’en bas , & qu’il atteignit &
pafta mêmel’ étéhdue du difdiapafon,ou de la double
odtaye ; étendue, qu’ils appellent fyjlünà perfiatn,
' inaximum, immuatum, le grand (yffème , lt lyfiènt»
parfait' , immuaUr par excellence , à caufe qu’entre
ces extrémités, dont l’intervalle formoit une confoit-
nance parfaite, étoient contenues toutes les-confon.
nancesfimples, doubles,direftes & renverfées, toits
. lesjy/lèmv particuliersj& , félon eux, les plus grands
intervalles qui puflent avoir lieu dans la mélodie:;
Çefyjlème étoit compofé de' quatre tétracordes-
trois conjoints & tmÆsroint, & d’un ton de plus’
qui fut ajouté aq-deffous du tout pouf achever la doté
ble oûaye , d’o ii la corde qui le farmoit prit le nom
de projlambanoment pu $ ajoutée. Cela n’auroir dû
produire que quinze fons danslegenre diatonique il
y en avoit pourtant feize. C ’eft que la disjonaionfe
fatfant fentir tantôt entreie fécond 8c le troifieme
tantôt entre le troifieme tétraccji de & le quatrième’
41 arriyoit dans le premier'cas qu’après de fôn la lé
plus aigu du fécond tétracorde,fuivoit en montant le
fo n / qui commençoit le troifiémé; où-bien, dans
le fécond cas , que ce même ion la commençant lui-
même le troifieme tétrîicordè étoit immédiatement
fqm du/bémol ;:car le premier degré decha'queté-
; tracorde étoit toujours d’uh femi-toh. Cette différeh.
.çe.produifoit doncunfeizieme fon, à caufe du Ænaturel
qu’on avoit d’un côté,. & de l’autre le f i bémol
.Ces^feize fons étoient représentés par dix-huit noms |
oeft-a-dtre que l’ut & fe rc étant, ou les deux derniers
fous , ou les fons moyens du troifieme tétra-
.corde , félon ces deux différens cas de disjonûion
,;on donnoit à chacun de ces deux fons des noms qui
marquoientces.diverfes circonftances. ' ■ 1
Mais comme le fon fondamental varioit félon le
mode , il slenfuivoit pour chaque mode dans Ie /»ƒ•
■ t.ot5I >,lme différence du grave à l’aigu qui irai-
tiphott de beaucoup, les fons. Car fi les divers mo-
.des avoient plufieurs fons communs, ils en âvoient
auffi de particuliers à chacun ou quelques-uns féule-
ment. Ainfi, dans lefeulgenre diatonique l’étendiie
.de tous les fons admis dans les quinze modes dénombres
par A lypius, eft de trois oftaves & un ton ; &
comme a différence de chaque mode à fon voifm
etoit feulement d ’un femUton, il eft évident que tout
cet.efpace gradué defemi-ton enfemi-ton, produi-
loitdans le diagramme général la quantité de 39 fons
pratiques dans la mufique ancienne. Que fi déduifant
toutes les répliqués des mêmes fons on fe renferme
dans les bornes d’une feule oftave, on la trouvera
divifée chromatiquement par douze fons différens,
comme dans la mufique moderne ; ce qui eft de la
derniere évidence par l’infpeflion des tables mifes
par Meiboiîiius à la tête de l’ouvrage d’Alypius. Ces
remarques font neceffairés pour relever l ’erreur de
ceux qui s’imaginent, fur la foi de quelques modernes
, que toute la mufique ancienne n’etoit compo-
lee que de feize fons.
On trouvera, dans nos Pl.de Mujiq.une table dufy f
tlme général des Grecs pris dans un feul mode &dans
le genre diatonique. A l’égard des genres enharmoni-
ques & chromatiques, les tétracordes s’y trouvaient
bien divifes , félon d’*autres proportions ; mais çom-
me ils contenoient toujours également quatre fons2c
S Y S
trois intervalles confccuti&f de même que dans le
genre diatonique , ces fonS^portoient chacun dans
leur genre le même nom que chaque Ion qui leurcôr-
refppndoit pprtoit dans le diatonique. C ’eft pourquoi
je ne donne point de tables particulières de chacun
de ces genres; V o y e ^ G e n r e . Les, curieux pourront
confulter celles queMeibomiusamifes à la .tcte
de l’ouvragé d’Ariftoxene ; on y en trouvera fix ,
une pour le genre en harmonique, trois pour le chro- ‘
matique , & deux pour le diatonique , félon les di-
verfes modifications de chacun de ces genres.
Ce fyfilme demeura à-peu-près dans cet état jufq.u’à 1
l’onzieme fiecle, oii Guy d’Arezze y fit des changement
confidérables. Il ajouta dans le bas une nou-‘
velle corde j qu’il appella hypoprofiumbanomene, &
dans le haut , un cinquième tétracorde qu’il appella
le tétracorde des fuvaigu'ês. Outre cela , il inventa, dit-
on,le bémol,néceffaire pour diftinguer le_/£, deuxieme
note d’un tétracorde conjoint d’avec le f i du même
tétracorde disjoint, c’eft-à-dire qu’il fixa cette lignification
de la lettré b , que S. Grégoire, avant lui ,
avoit déjà aflignée à la note f i : car puifqu’il eft certain
que les Grecs avoient depuis long-tems ces mêmes
'conjonûions & disjonûions de tétracordes, &
par conféquent des fignes pour en exprimer chaqué
degré dans ces deux différens cas , il s’enfuit que ce
n’étoit pas un nouveau fon introduit dans ce fyfilme
par G u y , mais feulement un nouveau îïom qu’il don-
noit à ce fon , réduifant ainfi à un même degré ce
qui en faifoit déux chez les Grecs.
On conçoit- aifément que l’invention du contrepoint,
à quelque auteur qu’elle foit due, dut bientôt
reculer encore les bornes de ceJyfibne. Quatre parties
doivent avoir bien plus d’étendue qu’une féiile.
Le fyfilme fut fixé à quatre o&aves I & c’eft l’étendue
du clavier de toutes les anciennes orgues. Mais
enfin on s’eft trouvé gêné par des limites , quelque
efpace qu’elles puffent avoir ; on les a franchies , on
s’eft étendu en at & en bas : on a fait des claviers
à ravallement; 011 a démanché fansceffe ; & enfin ,
ons’ eft tant donné de licence à cet égard, que le fyf-
tbne modernè n’a plus d’autres bornes daùs le haut,
que le caprice des compofiteurs. Comme on ne peut
pas de même démancher pour defeendrë, la plus baffe
’.corde des baffes ordinaires ne paffe pas encore le
c fo lu t ; mais on trouvera également le moyen de
gagner de ce côté-là en baiffant le ton du fyfieme général
: c’ eft même ce qu’on fait inl’enfiblement ; & je
tiens pour une chofe certaine que le ton dé' l’opéra
eft plus bas aujourd’hui qu’il ne l’étoit du tems de
Lully. Au contraire celui de la mufique inftrumen-
tale eft monté, & ces différences commencent même
■ à devenir affez-fenfibles pour qu’on s’en apperçoive
dans la pratique.
Voye^ dans nos PL. une table générale du grand
clavier à ravallement, & de tous les fons qui y font
contenus dans l’étendue de cinq oûaves. («£) S y s t è m e , {Finance.') on a donné très-bien ce nom
vers l’an 1720811 projet connu & exécuté par lelieur
Law écoffois , de mettre dans ce royaume du papier
& des billets de banque pour y circuler, & repré-
fenter l’argent monnoyé , comme en Angleterre &
en Hollande. J’ai vu plufieurs éloges de ce grand projet
, &: quelques-uns faits avec éloquence. C ’étoit,
dit M. D u to t , un édifice conftruit par un habile ar-
chitefte, mais dont les fondemens n’a voient été fait/
que pour porter trois étages. Sa beauté furpaffa même
les efpérances que l’on en avoit conçues , puifqu’il
fit méprifer pendant quelques mois l’or & l’argent
, elpece de miracle que la poftérité ne croira
peut-être pas. Cependant, fans égard au bien que
la poftérité pouvoit retirer de cette idée, une puif-
fante cabale formée contre l’archite&e , eut affez de
crédit pour engager le gouvernement à furcharger
S Y S . 781
ou à élever cet édifice juiqu’à fept étages, en.forte’
que les fondemens ne pouvant fuppôrter cette fur-
charge , ils s’écroulèrent , & l’é.difice tomba cie fond
en comble. Voilà bien de 1’efprrt en pure perte'.':
Je veux croire cependant qtieie fieurLaw en formant
une bano.ie , le propôlbir d’augmenter utile- '
ment la circulation publique, de faciliter le commerce
> ^ de ftmpliher là pèrOeprion; des revenus du
roi; mais comment pouvoit-ilfcflatter dans la difette
là plus générale;, d’établirxinè banque de crédit qui
eut la confiànce 'de la nation & dès étrangers ? Si l’on
parut pendant quelques mois donner la préférence
dès billets de. fâ banque à l’argent réel; c’étoit dans la :
vue de lés fondre, & d’en tirer du profit dès qu’ils
auroient hâüffé davantage par le délire de la nation.'
Enfin, Jes rembourfemens du fieur La-wn’ont enrichr
que des familles nouvellès-ën ruinant les anciennes ,
6c les débris de fon fyfi'eme ri’ont produit dàn’s l’état
qu’une compagnie exc.lufivc de commerce', ftont je'
laiffe Ycle plus habiles que moi à calculer lesavantages
'relativement au bien public. (Z)
SYSTEME , {Rubanier. ) fe dit en galon ptour la fa- •
brication duquel on fe ferrdè deux navettes , l’tmç
de filé d’or ou d’argent pour’travailler en-d;effus , Si
l’autre de foie convenable à la cOulèur pôiir le def-
fous ; par ce moyen il ne pàroît point de filé du tout
en-deffous, ce qui épargne confidérablèmentiès étoffes'
d’or ou d’argent.
SY STOLE, i. f. en Médecine, eft la côntràâion
du çèeur'd’an animal, par laquellé le fahgeff pouffé
des ventricules du coeur dans- les arteres.1 ' VÔye^
C oeur , 'Sang' , A r t er e , '6^.;"'
La Jyftole du'cceur eft très-bien expffquée^àr
Lower, qui montre que le coeur eft un véritable*rîiuf-
cle , dont les fibres, font mifes en aclion1 conVmë
celles des autres mufcles, par le moyen cie;certain2S
branchés de la huitième paire dé nerfs qui s’y diftri-
buent y Sc qui y tranlmettent du cerveau’ lé fluide
nerveux, autrement les efpr’its animaux. L’abord .de
ces efprits fait enfler les fibres midi ulaires du coeur ,
Sc ainli lès laccourcit. En conféquence la longueur
du-coeur diminue, fa largeur ou fon épaiflèur augmente
, la capaèité des vèntticu'lés'devient moindre’,
Ls orifices tendineux des arteresfedilatent, ceux des
veines fon; formés par leurs valvules, & le liing
contenu dans les ventricules.eft exprimé dans* lès
orifices des aïteres. Voye\ Muscle.
Tout cela s’appelle fyfiole ou cont/Jclion du coeur. *
L’état oppofé à celui-là le nomme- la diafiole- la
dilatation du coeur. Voye{ D IA S TO L E & POULS.
Drake ajoute à l’explication de Lower, que les
mufcles intereoftaux Sc le diaphragme contribuent à
la Jyfiole , en ouvrant au fang un paflage du ventricule
droit du coeur au ventricule gauche à-travers les
poumons , fans quoi le fang ne poürroit paffer d’un
ventricule à l’autre ; Sc par ce moyen l’obftacle que
le fang contenu dans le ventricule droit formeront né-
ceffairement à fa contrariion, nefubfifte plus. Voyeç
C o ntr ac tio n.
Lower Sc Drake prétendent que la fyfiole eft l’état
naturel du coeur , Sc que la diaftole eft fon état
violent. Boerrhaave prétend aü contraire que \4A. fyfi-
tole eft l’etat v iolent, Sc la diaftole l’état naturel.
SYSTOLE , dans la Poéfie greque & latine, figure ou
licence poétique , par laquelle d’une fyllabe longue
on en fait une breve, comme dans ce vers de Virgile.
Matri longa decem tulerunt fafiidia menfes.
SYSTYLE, f. f. {Arckitecl. ) bâtiment où les colonnes
font placées moins près-les unes des autres,
que dans les pyenoftyles ; la mefure de cet efpace-
ment eft d’ordinaire de deux diamètres, ou de quatre
modules entre deux fûts. Ce mot eft compoléde
avy, avec , Sc <rr6xos, colonne.
I# «