458 S P H •dant que ceux du parti contraire faifoient tous leurs
•efforts pour défendre leur terreien, èc pour envoyer
la balle vers l’autre ligne. Cela caufoit une efpece de ,
combat fort échauffe entre les joueurs qui s’arra-
choient la balle, qui la chaffoient du pié & de la
main, en faifant diverfes feintes, qui fe pouffoîent
les uns les autres, fe donnoient des coups de poing,
& fe renverfoient par terre. Enfin le gain de la partie
étoit pour la troupe qui avoit envoyé la balle au-
delà de cette ligne qui bornoit le terrein des antagonistes.
On voit par-là que cet exercice tenoit en .
quelque façon de la eourfe, du faut, de la lutte & du
pancrace. .
L’exercice de la groffe balle étoit different des
précédens, non feulement à raifon du volume des
balles que l’on y employoit, mais auffi par rapport
à la fituation des bras ; car dans les trois principales
efpeces de petite fphèriflique, dont on vient de parler
, les joueurs tenoient toujours leurs mains plus
baffes que leurs épaules ; au-lieu que dans celle-ci,
cès mêmes joueurs élevoient leurs mains au-deffus
de leur tête, fe dreffant même fur la pointe du pié,
& faifant divers fauts pour attraper les balles qui
leur paffoient par-deffus la tête. Cet exercice , comme
l’on voit, devoit être d’un fort grand mouvement,
& d’autant plus pénible, qu’outre qu’on y
mettoit en oeuvre toutela force des bras pour pouffer
des balles d’une groffeur confidérable à une grande
diftance, les ccurfes, les fauts, & les violentes con-
torfions que l’on s’y donnoit, contribuoient encore
à en augmenter la fatigue.
La troifieme efpece de fphèri[tique connue des
Grecs, étoit l’exercice du ballon, appellé ,
dont nous favons peu de circonftances, fi ce n’eft
que ces ballons étoient vraiffemblablement faits
comme les nôtres, qu’on leur donnoit une groffeur
énorme, & que le jeu en étoit difficile & fatiguant.
L’exercice du corycus ^ qui étoit la quatrième efpece
de fphèrijlique greque, la feule dont Hippocrate
ait parlé, & qu’il appelle y.upuy.op,a.X'* •> qui eff la
me chofe que le «.upuno^ia, du médecin Arétée,
confiftoit à fufpendre au plancher d’une falle, par le
moyen d’une corde, une efpece de fac que l’on rem-
pliffoit de farine ou de graine de figuier pour les gens
foibles, & de fable pour les robuffes, 8c qui deicen-
doit jufqu’à la hauteur de la ceinture de ceux qui s’e-
xerçoient. Ceux-ci preffant ce fac à deux mains > le
portoient auffi loin que la corde pouvoit s’étendre ,
après quoi lâchant ce fac ils le fuivoient, & lorfqu’il
revenoit vers eux, ils fe reculoient pour ceder à la
violence du choc ; enfuite le reprenant à deux mains,
ils le pouffoient en avant de toutes leurs forces, &c
tâchoient malgré l’impétuofité qui le ramenoit, de
l’arrêter, foit en oppofant les mains, foit en préfen-
tant la poitrine leurs mains étendues derrière le dos;
en forte que pour peu qu’ils négligeaffent de fe tenir
fermes, l’effort du fac qui revenoit leur faifoit quelquefois
lâcher le pié, & les contraignoit de reculer.
11 réfultoit, félon les Médecins, de ces différentes
efpeces de fphéri(tiques, divers avantages pour la fan-
té. Ils croyoient que l’exercice de la groffe &C de la
petite balle étoit très-propre à fortifier les bras, auf-
li-bien que les roufcles du dos & de la poitrine, à
débarraffer la tête, à rendre l’épine du dos plus fou-
pie par les fréquentes inflexions, à affermir les jambes
& les cuiffes. Ils n’eftimoient pas que le jeu de
ballon fût d’une grande utilité, à cauie de fa difficulté
& des mouvemens violens qu’il exigeoit; mais
en général ils croyoient tous ces exercices contraires
à ceux qui étoient fujets aux vertiges, parce que
lesfréquens tournoiemens de la tête & des yeux,
néceffaires dans la fphèrijlique, ne pouvoient manquer
d’irriter cette indifppfition. Pour ce qui concerne
l’exercice du corycus , ou de la balle fufpendue,ils
S P H le jugeoient très-convenable à la diminution du trop
d’embonpoint, & à l’affermiffement de tous les mul»
clés du corps; fe perfuadant auffi que les fecouffes
réitérées que la poitrine & le ventre recevoient du
choc de cette balle, n’étoient pas inutiles pour maintenir
la bonne conftitution des vifceres qui y font
renfermés. Arétée en confeilloitl’ufage aux lépreux;
mais on le défendoit à ceux qui avoient la poitrine dé*
licate.
Après avoir parcouru les efpeces de fphèrifiiques
en'ufage chez les Grecs, examinons préfentement ce
que les Romains ont emprunte d’eux par rapport à
cet exercice, & ce qu’ils y ont ajouté de nouveau.
On ne trouve dans l’antiquité romaine que quatre
fortes defphèrifiiques avoir le ballon, appellé follis;
la balle, lurnommée trigonalis ; la balle villageoife,
pila paganica, & Vharpajlum. Coelius Aurélianus leS
défigne toutes par l’expreffion générale de fphtera
italien, paume italienne. Le poete Martial les a toutes
comprimes dans ces vers.
Non pila, non follis, non te paganica thermis
Prceparat, aut nudi Jlipitis ictus hebes :
Vara nec injecto ceromate brachia tendis,
Non harpajla vagus pulverulenta rapis.
Le ballon étoit de deux efpeces, de la grande & de
la petite.. On pouffoit les grands ballons avec le bras
garni comme nous l’avons dit en parlant de celui des
Grecs. La petite efpece qui étoit le plus en ufage, fe
pouffoit avec le poing, d’où elle recevoit le nom de
follis pugillaris ou pugilatorius. La légéreté de ce ballon
le mettoit le plus à la portée des perfonnes les
i moins robuffes, tels que font les enfans , les vieillards
& les convalefcens.
La paume appellée trigonalis , fe jouoit avec une
petite balle nommée trigon, non pas de fa figure qui
étoit ronde & nullement triangulaire, mais du nombre
des joueurs qui étoient ordinairement trois dif-
pofés en triangle , & qui fe renvoyoient la balle ,
tantôt de la main droite , tantôt de la gauche , Ôc
celui qui manquoit à la recevoir, la laiffoit tomber,
perdoit la partie. Il y a trois expreffions latines qui
ont rapport à ce jeu , & qui méritent d’être remarquées.
On appelloit raptim ludere, lorfque les joueurs
faifoient en forte de prendre la balle au premier bond.
Datatim ludere fe difoit d’un joueur qui envoyoit la
balle à un autre , & qui accompagnoit ce mouvement
de diverfes feintes pour tromper les joueurs.
Enfin, expuljum ludere s’appliquoit à 1 aCtion des
joueurs qui fe repouffoient les uns les autres pour attraper
la balle ,& la renvoyer.
La paume de village, appellée pila paganica, n’é-
toit pas tellement abandonnée aux paylans,qu elle
ne fût auffi reçue dans les gymnafes & dans les thermes
, comme il eff facile de s’en convaincre par les
vers de Martial ci-deffus rapportés. Les balles qu’on
employoit dans cette forte de paume étoient faites
d’une peau remplie de plume bien foulee 6c bien en-
taffée, ce qui donnoit une dureté confidérable à ces
balles. Elles furpaffoient en groffeur les balles trigo-
nes &c les ballons romains. La dureté de ces balles
jointe à leur volume en rendoit le jeu plus difficile 8c
plus fatiguant.
La derniere efpece de fphèrijlique en ufage chez les
Romains & nommée harpaflum, n’étoit en rien differente
de l’harpafton des Grecs , de qui les Romains
l’avoiedt empruntée ; ainfi, fans répéter ce qui a et©
dit, on remarquera feulement que l’on s’exerçoit à
ce jeu fur un terrein fablé, que la balle qui y fervoit
étoit de la petite efpece, 8c que l’on y employoit
plutôt les mains que les pié s, comme il paroît par,
cette épigramme de Martial fur des harpajles :
Hoec rapit antcei velox in pulvcre Draucus,
S P H
. 'Grandia qui vano colla labore facil. ’î
Et par ces vers du même poète :
Sive harpajla manu pulverulenta rapis
Non harpajla vagus pulverulenta rapis.
L’antiquité grecque & romaine ne nous fournit
rien de plus touchant les différentes efpeces de fphéri
(tiques ; mais on en découvre une tout-à-fait fingu-
lïerequi eff le jeu déballés de verre dans une ancienne
infeription trouvée à Rome en 1 591 , fous le pontificat
d’innocent X I. & que l’on voit encore aujourd’hui
attachée aux murs du Vatican : elle eff le feul
monument dont nous ayons connoiffance, qui faffe
mention du jeu de la balle de verre inconnu jufqu’au
tems d’un t/rfus Togatus mentionné dans l’infcrip-
tion, lequel s’en dit l’inventeur. Il eff difficile de deviner
précifément en quoi confiftoit ce jeu, & il faut
néceffairement, au défaut d’autorités fur ce point,
hafarder quelques conjeftures. M. Burette, dans une
differtation fur fa fphèriftique des anciens, qu’il a mife
dans le recueil des mémoires de l ’académie des Inf-
criptions , & dont nous avons tiré cet article, a de la
peine à fe perfuader que les balles de verre qû’on
employoit fu fient folides: 'car, dit-il, fi l’on veut-
ïeiir attribuer une groffeur proportionnée à celle de
nos balles ordinaires , elles euffent été d’une pefanteur
incommode 6c dangereufe pour les joueurs; fi au contraire
on les fuppofe très-petites., elles euffent donné
trop peu de prile aux mains, & euffent échappé aux
yeux. Il y auroit donc lieu de croire que ces balles
étoient autant de petits ballons de verre que les
joueurs s’envoyoient les uns aux autres ; 6c i’adreffe
dans ce jeu confiftoit fans doute à faire, en forte que
ces ballons fuffent toujours fouîenus en l’air par les
diverfes impulfions qu’ils recevoient des joueurs qui
les frappoient de la paume de la main, 6c à empêcher
qu’ils ne heurta fient contre les murs, ou qu’ils
ne tombaffent par terre, auquel cas ils né manquoient
guere defe brifer.Ce qui achevé de déterminer à cette
opinion eft un paffage de Pline le naturalifte, qui emploie
l’expreffion de pila vitrea dans une oceafion ou
ce ne peut être qu’une boule de verre creufe : Cum9
additd aquiz,vitreæ pilæ foie adverfo, in tantum excan-
defeant, ut vefes exurant. « Les boules de verre pleines
» d’eau, & expofées aux rayons du foleil, s’échauf-
>» fent jufqu’au point de brûler les habits ». Voilà du-
moins ce qu’on a penfé de plus vraiffemblable par
rapport à cette derniere efpece de fphénjtiquc, fi peu
connue d’ailleurs, & qui mériteroit certainement
d’être plus 'particulièrement éclaircie. ( D . J. )
SPHÉROÏDE, f.m. en Géométrie,eft. le nom qu’Archimède
a donné à un folide qui approche de la figure
d’une fphere, quoi qu’il ne foit pas exactement
rond , mais oblong, parce qu’il a un diamètre plus
grand que l’autre , & qu’il eft qngendré par la révolution
d’une demi-ellipfe fur fon axe. Ce mot vient
de <r<pdipet, fphere , & tiS~oç, figure.
Quand il eft engendré par la révolution d’une demi-
ellipfe fur fon plus grand axe , on l’appelle fphèrdide
oblong ou alongè ; 8c quand il eft engendré par la
révolution d’une ellipfe fur fon petit axe, on l’appelle
fphéroïde applati. ’
Pour ce qui regarde les dimenfions folides d’un
fphéroïde alongée, il eft les deux tiers de fon cylindre
circonfcrit. ,
Unfphéroïde alongé eft à une fphere décrite fur fon
grand a x e , comme le quarré du petit axe eft au
quarre du grand ; & un fphéroïde applati eft à une
Iphere décrite fur le petit a x e , comme le quarré du
grand axe eft au quarré du petit.
On appelle •aujourd’hui affez généralement fphè-
roide tout folide engendré par la révolution d’une
courbe ovale autour de fon axe, foit que cette courbe
ovale foit une ellipfe ou non. ( O )
Tome X V .
S P H 459.
SPHÈROMÀCHIE, f. f. {Antiq. greq.-)
efpece particulière de jeu de paume , dont les balles
étoient de plomb , & fe nommoient <r$ci7poi. Potter,
Archaol. grcec. 1. JI. c. xx j. t. I.p. 448. Voye{ Sph É-
RISTIQÜE. (D . /. )
SPHETTUS, ( Géog. anc. ) municipe dé la tribu
Acamantide, félon Etienne le géographe. Paufanias -,
/. II. c. xxx\ en fait une bourgade de l’Attique '; ce
qui revient au même , & dit qu’elle fut fondée par
Sphettus, fils de Troezen. Phavorinus lit Sphittds
pour Sphettus. Il eft fouvent fait mention de cette
bourgade dans les orateurs & autres écrivains grecs;
Le vinaigre y étoit très-piquant, & les perfonnes
fort fatyriques , comme nous l’apprennent Arifto-
phane & Athénée. M. Spon, dans la lifte des bourgs
de l’Âttique, rapporte une infeription qu’il avoit
vue à Conftantinople chez M. de Nointel, ambaffa-
deur, quil’avoit apportée d’Athènes. On y iifoit cès
niots :
AHM HTI 0 2
A H îvl H T P I O Y
2 4 H T T I O 2i
Dans une autre infeription qui fe voyôit ftir la
bafe d’une ftatue à Eleufine, on lit auffi le mot 2<t>HT-
1102 vers la fin de l’infcription. ( D . J. )
SPHINCTER , en Anatomie, eft un terme dont
on fe fert pour lignifier une efpece de müfcles circulaires,
Ou mufcles en forme d’anneaux , qui fervent
à former & rétrécir différens orifices du corps, & à
empêcher l’excrétion de ce qui y eft contenu. Voye^
Muscle.
Ce mot eft forme du grec inpiyxTi>p > jlrictor on con-
friclcur, quelque chofe qui bouche &r tient unedhofè
bien clofe ; ces1 mufcles ont un effet à-peu-près fem-
blable à ceux des cordons d’une bourle.
Le fphincler d.es levres , vojeçORBicULAiRE.
Lefphincter du vagin eft un mufcle conftri&eur
qui fert à empêcher le reflux du fang du clitoris, &c. ’
pendant le coït. Foye[ V a g in , C lito r is .
Sphincter de l’anu s, {Anatomie.') c’eft unmufi
cle large, épais , charnu, qui borde l’anus tout autour
: fa figure & la tiffure de fes fibres en-dehors
immédiatement fous la peau forme une efpece d’ovale.
Il tient par-devant à l’accélérateur de Burine
& par derrière à l ’os coccyx. A mefure qu’il avance
phis loin furie corps de l’inteftin droit, fes fibres deviennent
circulaires , 8c ont à-peu-près deux doigts
de large. Il eft beaucoup plus large dans les hommes
que dans les animaux ; & cela, parce que l’homme
ayant le corps dreffé perpendiculairement, il faut
beaucoup plus de force à ce mufcle pour retenir les*
éxerémens, fon&ion pour laquelle il eft fait. (Z). 7 .)
Sphin cter de la vessie , (Anatomie.) Failopé
ôbferve que les Anatomiftes de fon fiecle n’ont pas
bien décrit la fituation de ce mufcle, en le plaçant
àu-deflous des proftates ; car fi cela étoit, dit-il*, la
femence dans le coït ne pourroit pas être éjaculée
fans urine ; obfervation que les auteurs modernes
n’ont point faite, ou par inadvertance , ou parce
qu’ils ont été trompés par une partie des levatores
aniy qui reftoient fur les proftates, & que Riolan appelle
fphincter externus.
Le fphincter de la vejjie eft fitué à la partie fiipé-
rieure du cou de la velue, immédiatement au-deffus
des glandes proftates, où, dit Fallope , nous ne devons
pas nous attendre à trouver un mufcle entier,
& une fubftance diftintte de celle du canal, fembla-
ble à celle de l’anus ; mais feulement la partie la plus
charnue du cou de la veffie compofée de plufieurs
fibres tranfverfales, dont la contraction empêche la
fortie involontaire de l’urine. Pour découvrir ces fibres
tranfverfales , l’auteur confeille de plonger la
veffie dans de l’eau bouillante , en commençant pa*
, M m m ii