kiecles d’ignorance, font devenus de nos jours lüïc
‘nation du fiord des plus éclairées , & l’une des plus
'libres des peuples européens qui-ont des rois. Outre
.que la monarchie y eft mitigee, la nation fuédoife
•eft encore libre par fa belle conftitution , qui admet
•les payfans mêmes dans les états généraux.
La couronne de Suède , anciennement elethve,
n’eft devenue fucceflive & héréditaire que fous le
"régné de Guftave I. Il fut réfolu dans ime aflémblée
de la nobleffe, tenue à Stockholm en 1680, & cort-
-firmée à la diete en 168a, que les filles fuccéderoient
•4 la couronne , fi les mâles venoient à manquer dans
la famille royale. . • , •
Les états du royaume avoient beaucoup plus d autorité
qu’ils n’en o n t , depuis qu’on a changé la forme
du gouvernement. Il confifte en quatre ordres,
qui font la nobleffe, le clergé, les bourgeois-, & les
payfans. Ces quatre états compolés d’un millier de
gentilshommes, de cent eccléfiaftiques, de cent cinquante
bourgeois , Si d’environ deux cens cinquante
payfans, failoient les lois du royaume. ,
On convoque ordinairement les états de quatre en
quatre ans ; & quand ils s’affemblent a Stockholm
, c’eff dans la grande falle du château. La nobleffe
a pour chef le maréchal de la diete, qui eft
nommé par le roi : elle eft partagée en trois claffes ;
la première eft celle des comtes & des barons , la
fécondé, celle des maifons illuftres par les charges
de la couronne , ou par les emplois confidérables >
& la demiere eft celle dqs fimples nobles.
Cette diftinûipn n’a été introduite que depuis que
la couronne eft héréditaire : car du tems de l’éleftion,
il n’v avoit que la vertu & le mérite qui miffent'de la
différence entre les gentilshommes. L’archevêque
d’Upfal eft à la tête du clergé , en qualité du primat
du royaume. Les bourgeois ont ordinairement à leur
tête le bourguemeftre de Stockholm, & les payfans
choififfent un préfident. Le roi congédie le plutôt
qu’il peut l’affemblée des états,de peur qu’elle ne cent
r e l’adminiftration publique, & ne propofe des réformations.
Le fénat eft le corps le plus confiderable du royaux
me après les états généraux. Le corps des fénateurs,
aujourd’hui réduit à douze , étoit autrefois libre,
iu*e des aftions & de la v ie du roi ; il n’ eft plus aujourd’hui
que le témoin de fa conduite, & quoiqu’il
entre en connoiffance de toutes les affaires d’état, fa
fon&ion eft de lui donner confeil, fans pouvoir lui
rien preferire. , . , ,
Le roi feul a le droit d’établir les impôts, de régler
les étapes pour les foldats des provinces , de
Faire battre la monnoie, & de faire creufer les mines
de falpêtre , à-moins qu’elles ne foient dans les terres
eccléfiaftiques. Il nomme à toutes les charges du
royaume, & à toutes les magiftratures; il lui eft permis,
en cas de néceflité, de lever le dixième homme
pour aller à laguerre;mais il prend en échange l’argent
qui feroit employé à cette levée , & trouve, par ce
moyen, le fecret de ne pas dépeupler fes états ; ce
qui fait que les armes de Suède font prefque toutes
compofées de foldats étrangers, 8c particulièrement
•d’Allemands.
Outre les fénateurs, il y a dans ce royaume, cinq
grands officiers de la couronne, qui font régens nés
du royaume pendant la minorité des rois. Ces cinq
officiers font le droffart, ou le grand jufticier, le connétable
, l’amiral, le chancelier, 8c le grand tréfo-
rier. Ils préfident chacun à une chambre , composée
de quelques fénateurs ; quand leur charge vient
à vacquer, le roi la donne à qui bon lui femble, 8c
■ ordinairement au plus ancien lénateurde la chambre.
Le grand jufticier préfide au fuprême confeil de
juftice, auquel on appelle de tous les autres ; c’eft lui
jgui a le privilège de mettre la couronne fur la tête
du roi dans la cérémonie de fon courô'rinéitfétm
Le connétable eft le chef du confeil de guerre, &
prend foin de tout ce qui regarde les armées. Aux
entrées des rois, il marche le premier devant eux
tenant l’épée nue ; Si dans sl’affemblée des états , il
eft afiis devant le trône, à main droite.
Le pouvoir de l’amiral eft fort confidérable : il à
le commandement des armées navales; il a le choix
de tous les officiers de guerre 8c des finances qui fer-
yent dans la marine , 8c auxquels il donne des provisions.
La juftice de l ’amirauté lui appartient, 8c fe
rend en fon nom; il a les amendes, les confifcations*
; le droit de dixième fur toutes les prifes 8c conqiiê-
• tes faites \ la mer, le droit d’ancrage -, i ’infpeôion fur
les àrfenaux maritimes, 8c la diftribution des congés
à tous les vtuffeaux qui partent des ports 8c havres
du royaume. Il eft •préfident du confeil de marine ,
qui connoït de toutes les entreprifes de guerre, des
gbus 8c des malverfations commifes par les officiers
' de marine ; enfin il juge définitivement 8c en der-
: nier reflbrt toutes les affaires qui concernent l’ami-*,
raiité.
Le chancelier eft le chef de la police, en coirige
les abus, 8c fait, tous les réglemens néceffaires pour
le bien public ; il eft dépofitaire des fceaux de la,couÀ
rônne ; il expédie toutes les affaires d’état, 8c expofe
les volontés du roi aux états-généraux ; il préfide ail
confeil de police , 8c c’eft en fes mains que le roi
dépofe la juftice pour la foire, rendre à fes lujets.
Le grand-tréforier a l’adminiftration des finances
& des revenus du roi. Il fait rendre tous les comp^
tes des fermes aux tréforiers particuliers : c’eft lui qui
figne les ordonnances, 8c autres expéditions du tré-
for * qui ordonne des fonds, 8c qui paie tous les officiers
du royaume ; il préfide à la chambre des comptes
, qui expédie tous les arrêts portant impofition
fur les peuples i, 8c oh l’on rapporte toutes les affaires
qui regardent les finances;
Le revenu des rois de Suède à été beaucoup aug-,
menté depuis le changement de religion, par la pof-
feffion des biens du clergé, 8c par la réunion au domaine
de tous ceux qui en avoient été aliénés. Le
roi tire encore fon revenu de droits qu’il leve fur les
mines du royaume, furies amendes, 8c fur les mar-,
chandifes.
La juftice eft adminiftrée èri Suède par quatre tri-**
bunaux fouverains j qu’on nomme parlerriens, qui
connoiffent des affaires civiles 8c criminelles-en dernier
reffort dans leur jurifdi&ion. Ces quatre parle-
mens font, celui de Stockholm, celui de Jenkopingj
celui d’Abo en Finlande, 8c celui de "Wifmar , qui a
dans fon département les états que le roi de Suedé
poffede en Allemagne.
La religion luthérienne régné en Suède; L’Eglifé
de ce royaume eft gouvernée par un archevêque ô£
par dix évêques, qui ne font embarraffés de l’admis
niftration d’aucune affaire particulière, 8c qui ne font
jamais appellés au confeil que lorfque les états s’affemblent.
Leurs revenus font forts médiocres. Ils
ont fous eux fept ou huit furintendans qui ont tous
autorité d’évêques, mais qui n’en ont pas le nom ?
8c fur chaque dix églifes, il y a un prévôt ou diacre
de la campagne. Il a quelqu’aütorité fur les eccléfiaf-,
tiques inferieurs qu’on compte pat le nombre de9
églifes, qui montent, tout-au-plus , à deux mille *
tant dans le duché de Finlande, que dans la Suède*
Les chapelains 8c les curés grofliffentle corps des ec-,
cléfiaftiques de près de quatre mille perfonnes. Us
font tous fils de payfans, ou de fimples bourgeois »
8c par conféquent ils fe contentent du petit revenu
qu’ils tirent de leurs charges. Lorfqu’il meurt un evê-
que, le clergé de chaque diocèfe, propofe trois perfonnes
au ro i, qui choifit l’une des trois pour remplir
la prélatine Yacante, ïq u s le s chapitres duroyau-,
S U E
me donnent suffi leurs fuffrages pour Péleflion d'un
archevêque , mais ladécifion appartient au roi feul
qm de plus, a le patronage de toutes les églifes, à la
réferve de quelques-unes, dont la noble® difpofe.
On ne connoiffoitpoint en Suède, en Danemarck
& dans le relie du nord, avant la fin du feizieme fie-
c le , aucun de ces titres dé comte , de marquis, de
baron, fi fréquens dans le relie de l’Europe. Ce fut
le roi Eric, fils de Guftave Vafa, qui les întroduifit
dans fon royaume , vers l’an 1 561 po.ur fe faire des
créatures ; mais ce fut une foiblc reffource , & ce
prince laiffa au monde un nouvel exemple des malheurs
qui peuvent fuivre le defir de fe rendre defpo-
tique. 1
Le fils du reftaurateur de la Suède fufacCufé de
plufieurs crimes parÆvant les états allémblés, & dé-
pofé par une fentence unanime, comme Chriftiern
II. l’avoit été en Danemarck ; on le condamna à une
prrfon perpétuelle, & on donna la couronne à fon
Frere Jean III.
Les forces militaires du royaume de Suède conïif-
tent fur terre à près de cinquante régimens, qui font
60 mille hommes. Chaque régiment eft ordinairement
de 1100 hommes, y compris 96 officiers dans
chacun ; comme ces régimens font toujours com-
plctsmrpn peut affembier en. fous tems une armée dé
zo mille hommes fur les frontières de Danemarck &
deNorwge. Outre les fonds ordinaires, on aaffefté
a chaque régiment vingt fermes furnuméràires, pour
faire fubfifter les officiers qui ne font plus en état de
fervir. On a auffi établi pour les foldats quliginthors
de fervice çar leur âge; ou par leurs bleffures , Un
hôpital général qui jouit d’un bon revenu , indépendamment
duquel, chaque officier qui s’avance paie
au profit de [’hôpital , Une foraine d’argent proportionnée
au grade qu’il acquiert. Un colonel pale
cent écuâ; & les autres officiers à-proportion. U y
à;à Stockholm un grand magafin d’armes toutes pre-
tes! & un autre au château de Jeiîcoping ,.iitué vers
les frontier.es.de Danemarck. ■ ' ’-é
Les Suédois font grands, bien faits , d’une conftitution
ngoureufe , & capables de fupporter touteï^
fortes de fatigues. La nature du climat & la bonne
éducation leur procurent ces avantages. Leur génie
léS portant aux chofes férieufes, les fait réuffir dans
les etudés de ce genre. Depuis la réformation, les :
Lettres ont percéum Suède. Guftave Adolphe les
protégea, & la. reine Chriftine imita fon exemple,
Stockholm eft aujourd’hui décorée d’une illuftre académie
dés Siences ; & l e premier botanifte d e l’eu-
rope eft un fuê|oîs; ( Le Chevalier D E Ja u c o v r t . )
SUEL, ( Géog. anc.) ville de l'Efpagne Bétique.
Pline, l. III. c .j. la met fur la côte. Pomponius Me^in
la , l. IL c. vj. nomme auffi cette ville. Ptolqmée la
•marque fur la côte de la mer Ibérique'; :mais le ma-
nuferit de la bibliothèque palatine lit d’or«, au lieu
de Sud.
Dans une infcriptio'n rapportée par lleinéfius ,p.
131. on litees mots , municipio fulitario comme
cette inferiptiori avoit été trouvée à Fuenvirôla village
à quatre lieues de M alaca, quelques-uns’ s’é-
toient imaginé que cé village étoit l’ancienne Sud.
Le P. Hardouin n’eft pas de ce fentiment ; il fou-
tient, mais fans en donner aucune raifon, quel’in-
icnption dont il s’agit eft fuppofée & moderne , &
ajoute que Sud eft aujourd’hui le château de Moli-
na, au royaume de Grenade, entre Marbella & Ma-
laça.
Q u°i qu il en foit, voici l’infcription en entier
telle que la donne Bernard d’Aldfette dans fes origines
de la langue caftillane, L. I. c, ir\
Neptuno Aug.facriwi
L. Junius Puteolanus
VI. Vir. Auguftalis
Tome X V «
In Municipio fuclitano.
SVELTE , W È B Ê K Ê m ce terme tiré de
1 italien/ve/m, & dont on fait mjÿi en pjrl.iaS f|„
deffcin, delà peinture , de la fculpture^Sc mêm e*
l archifeaure , e f tl’oppofé du goût lourd & écrafé-
il donne l’idée d’un morceau exécuté avec crac^ *
avec- légèreté, d’une maniéré dégagée & un Dln
? e‘là h ^ f v d e e eft une figure
dehee & d une taille legere & délicate b
SUELTÉR1ENS, l e s , ( Géog. anc. ) Sueheri
peuples de la Gaule Narbonnoife ; c’eft Pline liv
E M U Ü “ Païle’ 1 habi‘ «cn, dans les di’oce-
les de Fréjus, vers la nviere d’Argens oh font au
jourd’hui Brignole & Draguignai C’eft U In t iment
d’Honoré Bouche , l. V U c vii »
eftfuivi par le P Hardouin , &favoriié'par k fitua -
tion que la table de Peutinger donne aux Sdmi.,
qui lont les memes que les SucUeri ( D J '1 *
B S D H H c’eft rendre de'lafueur,
voyei l amde S u e u r U fe dit auffi métaphyfique-
mentdes murailles & de leur humidité. Les murs
Juent. Voye^ Les articles fui vans.
[ Sd e e , ( Jardinage.) fe dit des blés., des foins;
c eft un refte d humeur qui eft en-dedans du blé &
du foin & qm .rayant pas encore perdu fa chaleur,
enfort & ,ette cette humeur en s’évaporant.
R S? E* ’ U B W B B B TaU‘ - ) P°“ r « l î | fucr
les feuilles de tabac, on choifit un grenier fec oir
il y ait de 1 air. Là au fortir de la pente, c’eft-à-
dire, apres quelles ont feché pendues à des cor-
des , on en fa.t un ht fur le plancheV de la longueur
quon v eu t, fur la argeur de deux longueurs de
feuilles. La manière de les y placer eft pointe contre
pointe outete contre tête,.en couvrant le premier
lit: de nouvelles feuilles jufqu’à ce que le monceau
ait enytr.on trois pies de hauteur. En cet état, les
feuilles sechauffént & fuent naturellement ; après
un certain degre de chaleur, on défait le tas, & on
retourne les feuilles qu’on arrange comme la première,
fois : lorfque le tems eft conveoabll la fueur
sacheve eu quinze jou rs;fi elle tarde, on couvre
les feuilles de planches, & o n les charge de quel-
ques pierres. Labat Voyag. (JD. J.) ^
SUERIE f. f. ( Mamf. de tabac. ) c’eft ainfi qu’on
appelle en Amérique la café, la maifon, le bâtiment
[îi P antes ne tabac coupées font apportées pour
les farte reffuef Sc fermenter. On les étend dans la
Juenc le?unes fur les autres , on les couvre de quelques
méchantes toiles, ounates avec des planches
pardeffus, & de pierres pour les tenir en fujétion ;
c elt ainfi qu onles lai® trois ou quatre jours pendant
lefquelles elles fermentent,ou pour parler com-
me aux îles . elles reffuent, après quoi on les feit
lecher. (D. ƒ,)
SU ESSA ARUNCA, ( Géogr. anc. ) ou Sueffk
Amplement, ville d’Italie dans la Campanie On
rapporte, dit Tite-Live, l. VII. c. xv. que les Arun-
ceg épouvantés abandonnèrent leur ville , & fe reti-
rerent avec leurs femmes & leurs enfans à SuelTa
qu’ils fortifièrent. Cette ville fut nommée Arunca du
nom de ces peuples, pour la diftinguer de SuiiTa
lurnommée Pometia. J
L’hivoire ne nous apprend point que les Arunces
aient été forcés dans Sueffa Arunca. Quant à leur
ancienne capitale, elle fot détruite par les Fidicins.
Dans 1 annee 440 de la fondation de Rome, le fénat
envoya une colonie à Sueffa Arunca. Du tems
de Cicéron elle avoit le titre de Municipe’. Il en foit
cet eloge magnifique. Lautifjimum oppidum, nunc mu-
nicipium honeflifjimorum quondam colonorum Sutffam
foniffimorum militum fanguint ( Antonius ) implcvit.
Cicéron ne lui donna point en cet endroit de fur-
nom, Ô£ Silius Italiens,/, VIII. y, 4g 8 en ufe ainfi
K K k k ’