44° S P A ce fpath eft blanc & tranfparent comme du cryftal
de roche, c’eft ce qu’on appelle co f l^ dllflande.
6°. Le fpath en cryftaux ; ils different du cryftal
de roche en ce que leurs colonies font ordinaire-
menttronquées ou tranchées par le foin met. Ces cryf-
taux de fpath varient confidérablement pour le nombre
de leurs côtés ; il y en a de cubiques, d’exago-
nes , d’oftogones , de neuf cotes , de quatorze côtés
; les uns font prifmatiques ou à colonnes, d’autres
font par maffes cryftallifées qui préfentent toutes
fortes de figures fingulieres. Ils varient aufii pour
les couleurs ; il y en a de blancs , de jaunes, de rouges
, de violets, de verdâtres , éyc. c’elt proprement
à ces cfyftauxjpathiques que l’on doit donner le nom
àe fluors. Ils ont tous la propriété de devenir phofpho-
riques iorfqu’on les frotte les uns contre les autres,
ou lorfqu’on les chauffe légèrement fans les foire
rougir. . . .
7°. Le fpath fétide , appellé lapis fuillus, qui eft
oufphérique , ou rayonné, ou prismatique. Cette
pierre répand une odeur defagréable lorfqu’on la
frotte; mais fon odeur étant une chofepurement accidentelle
, ne mérite pas qu’on en foffe une efpece
particulière.
8°. Le fpath compare & folide, que l’on nomme
fpath vitreux parce qu’il reffemble affez à une maffe de
verre. Il eft plus ou moins tranfparent, fa couleur
eft ou blanche , ougrife, ou verdâtre, ou violette. Il
n’affeCte point de figure déterminée , mais il fe brife
en morceaux irréguliers, comme le quartz avec qui
il a beaucoup de reffemblance au premier coup d’oeil;
il ne fait point effervefcence avec les acides non plus
que lui ; mais Ce qui le diftingue du quartz, c’ eft qu’il
ne fait point feu lorfqu’on le frappe avec de l’acier ;
échauffé il devient phofphorique ou lumineux lorfqu’on
le frotte dans un endroit obfcur. D ’ailleurs il
eft rare qu’il foit d’un tiffu affez compaâe pour qu’un
oeil exercé n’ y apperçoive en quelque endroitune dif-
pofition à fe mettre en lames , ou quelques Surfaces
unies. C ’eft ce fpath que l’on nomme fpath fuflble ;
nous parlerons de Ses propriétés dans la fuite de cet
article, & des expériences qui ont été faites avec lui.
9°. Wallerius enfin ajoute à cés différentes efpeces
de fpaths celui qu’il nomme fpath dur ou fpathum py-
rimachum, parce qu’il donne des étincelles lorfqu’on
k frappe avec de l’acier. M. Pott Soupçonne que cela
vient de ce que ce fpath eft intimement combiné avec
des parties de quartz ; en effet, il eft confiant que de
foire feu eft ime propriété étrangère au fpath. Quoi
qu’il en foit, M. Wallerius dit que ce fpath fe partage
en morceaux cubiques rectangulaires, dont les
furfaeesfont très-unies. Poyc{ la minéralogie deWaliénas.
On voit par ce qui précédé que le fpath eû. un vrai
protée ; il fe montre fous une infinité de formes différentes
, par les arrangemens divers que prennent
les lames ou feuillets dont cette pierre ëft toujours
compofée, & qui ordinairement caraâérifent 1 ejpath.
C ’eft de l’arrangement & de la liaifon plus ou moins
forte de ces lames que dépend le plus ou le moins de
dureté & de folidité de cette pierre. Le fpath acom-
pagne un très-grand nombre de mines ; plus il eft tendre
, plus il donne d’efpérance que l’ofl trouvera de
métaux précieux, parce qu’alors il eft plus propre à
donner entrée aux exhalaiions minérales qui forment
les mines. Voye^Û article Mine & Ma tr ic e .
Les propriétés que nous avons affignées aux différentes
efpeces de J'path , fuffifent pour le mettre en
état de le diftinguer du quartz. En effet, cette deia
niere pierre ne le change point en chaux par la*calcination
; elle ne foit point d’effervefc ence avec
les acides; elle ne devient point phofphorique après
avoir été chauffée ; elle ne montre-point de feuillets
ni de difpofition à fe partager fuivant des plans ou
S P A furfaces unies, tandis que ces lignes conviennent en
tout ou en partie aux fpaths. Joignez à cela que
le quartz eft beaucoup plus dur; il eft d’un tiffu comp
a re comme celui du vterre ; il donne toujours des
étincelles lorfqù’on le frappe avec de l’acier. Voye^
QuaRt z .
On a déjà foit remarquer qu’il y àvoit une efpece
de J'path qiie lés Allemands ont nomm éflujf-fpath où
fpath fuflble. C e nom lui a été donné, foit parce qu’on
s ’en fert comme d’un fondant dans les fonderies, foit
parce qu’il entré en fufion avec' une facilité fingu»
liere pour peu qu’on y joigne de fel alkâli.
M. Pott croit que ct fpath fufibie eft redevable de
fa fufibilité & de fa dureté, à une pofrion de terré
de caillou ( terra filicea ) qui s’y trouve combinée
avec la tertre fpathique ou calcaire. On a lieu de foup»
çônner outre cela quelqu’autre fubftance dans le
Jpath fiilible. En effet, la pefonteur extraordinaire de
cette pierre donne lieu de croire qu’elle contient
quelque fubftance métallique. Quelques auteurs ont
cru que c’étoit de l’arfénic ; mais M. Pott affure qu’ayant
fondu quelquefois du J'path fuflble avec du
marbre blanc * a obtenu quelques grains de plomb ;
mais il convient que cette expérience ne lui a point
toujours rétilîi ; ée qüi vient, félon lu i, de ce que
l’aftion trop violente du feu a pu diffiper là partie métallique
durant la fiifion.
M. de Jufti, , très-habile chimifte allemand, con-
tefte la vérité de cette expérience de M. Pott ; il pa-
roît que ce n’eft point fans raifon , vu que le marbre
blanc ne contient point de matière propre à pre»
duire la réduction d’un métal. D ’un autre côté , M.
de Jufti affuré n’a voir jamais pu tirer le moindre
atome d’urte fubftance métallique du fpaih , quelque
fondant ou quelque matière qu’il ait employé pour
en faire la réduction. De plus, il dit n’avoir jamais
pu parvenir à faire entrer en fufiôn un mélange de
fpath & de marbre , quelque degré dé feu qu’il ait
donné, & quelque variété qu’il ait mife dans les
proportions. M. Pott n’a pas manqué de répliquer à
M. de Jufti, & dans fes réponfes il perfifte toujours
à maintenir la vérité de fes expériences, & il en
rapporte encore de nouvelles, par lefquelles il perfifte
à maintenir la fufibilité du Jpath avec le marbre ;
expérience que M. de Jufti n’a jamais pu effectuer :
fur quoi ce dernier foupçonne fon adverfaire de s’être
trompé fur la qualité de la pierre qu’il travailloit, de
l’aceufe de ne pas connoître le fpath pefant. En effet,
à la vue de résultats fi différents, on a lieu de croire
que ces deux chymiftes ont opéré fur des matières
tout-à-foit différentes. Selon M. de Jufti, le fpath
qu’il appelle pefant > fe diftingue de toutes les efpeces
de fpaths par fon poids extraordinaire, qui furpafle
non-feulement celui de toutes les autres pierres ,
mais encore qui eft plus grand que celui de plufieurs
mines métalliques, & qui égale prefque celui de l’hématite
, qui eft une mine de fer très-pefante. M. de
Jufti préfume du poids de ce fpath, qu’il doit nécef-
foirement contenir une portion confidérable de
quelque fubftance métallique ; il fe fonde encore fur
les effets que ce J'path pefant produit dans les diffol-
vans. Les diffolvans agiffent très-promptement fur
les différens fpaths, fur-tout lorfqu’ils font réduits
enpoudre, & les diffolvent entièrement; au lieu que
l’eau-forte n’agit point, félon lu i, fur lé J'pathpefant,
à moins que d’être bouillante, & même alors il dit
que l’on voit clairement que ce diffolvant n’attaque
pas la totalité de cette pierre , mais feulement quelques
unes de fes parties. L’eau régale ne parôît point
non plus avoir d’abord aucune aCtion fur ce fpath ;
mais lorfqu’elle commence à -bouillir, elle attaque
vivement la totalité de la pierre ; mais elle lâche
bientôt les parties qu’elle a voit diffoutes, ce qui,
félon lu i, annonce la préfence d’une fubftance me-
t tallique
S P A tallique fut laquelle l’eau-fofte a dé la prife, tandis
que l’eau régale ne peut la diffoudre.
M. de Jufti a pouffé plus loin fes expériences fur
1 e fpath qu’il nommé pefant. Il en prit un quintal poids
d’efl'ai, qu’il mêla avec trois quintaux de fable blanc
parfaitement pur, & dans lequel la calcination n’a*
■ voit développé, aucune couleur ; il y joignit un quintal
& demi de potaffe bien purifiée, & un quintal dé;
borax calciné. Il fit fondre ce mélange pendant deux
heures au feu le plus violent : par-là il obtint un verre
d’un beau jaune d’or foncé tirant fur le rouge. Il de»
vient plus foncé encore quand on ne fait entrer dans ,
le mélange que deux quintaux de fable contre un
quintal de fpath pefant. Voulant rendre la couleur de
ce verre plus claire, M. de Jufti fit le mélange d’une
autre maniéré ;.il prit un quintal poids d’effai de
fpath pefant, qu’il joignit avec fix quintaux de fable,
trois quintaux de potaffe, & un quintal & demi de ,
borax. Il fit fondre ce nouveau mélange pendant deux
heures » & obtint un verre de très-beau jaune d’or
tirant toujours furie rouge. Il affure avoir fait ces
expériences avec le même fuccès fur des fpaths pe*-
fans venus de différens endroits.
D’un autre côté , M. Pott, par fes expériences) a
eu des produits très-différens. Il prit deux onces de
fon fpath, fix gros de nitre & autant de borax, ce
qui lui donna un verre verdâtre ;, pareillement trois
parties defpath avec une partie de fel aikali fixe bien
pur, lui ont donné une efpece de fcoriequireffembloit
à une agate d’un gris noirâtre. Enfin une partie de
fpatkzvec trois parties d’alkali fixe pur ont produit
une maffe noire.
Des produits fi différens doivent faire Conjecturer
qu’il n’eft guere pofiîble que ces deux auteurs habiles
aient travaillé fur la.même fubftance. Pour convenir
de leurs faits , il foudroit que ces deux chimiftes fe
fuffent communiqué une portion de la pierre que
chacun d’eux appelloit l?un fpath fuflble & , l’autre
fpath pefant, & que féparément ils euffent traité la
même fubftance de la même maniéré. Il peut fe foire
que leurs fpaths-, quoique très-conformes les uns aux
autres à l’extérieur , renfermaffent des mélanges ,
des combinaifons & même des métaux très - différens.
Le fpath qu’on nomme fuflble n’entre point en fu*
fion tout feul & fans addition ; il ne fait alors que fe
pelotonner, fans entrer en fufion dans les vaiffeaux
fermés. Quant aux fpaths cryftallifés & colorés, que
Fon nomme fluors, ils perdent leurs couleurs, & deviennent
tendres & friables. Mais le Jpath fufibie a la
propriété de communiquer une fufibilité étonnante
aux pierres & aux terres les moins fiifibles par elles-
mêmes ; c’eft y félon M. Pott, cette propriété qui foit
que l’on a trouvé très-avantageux de traiter les mines
qui ont le fpath fufibie pour matrice , vu que ces
mines portent leur fondant avec elles. Voye% la continuation
de la lithogéognofle de M. Pott, page /2(f-
‘ 37' Cependant M. de Jufti croit que 1 e fpath n’agit
point comme fondant dans le traitement des mines ,
mais comme précipitant, en fe chargeant de la portion
de foufre que ces mines contiennent.
La différence que l’on remarque entre le fpath calcaire
& le fpath rnfible dont on vient de parler, pa-
roît dûe à la partie métallique, c’eft-à-dire, au plomb
qui eft, fuivant les apparences, contenu dans ce dernier
, d’autant plus que le plomb eft toujours un très-
puiffant fondant, comme le prouvent tous les tra-
. ^aux fo métallurgie. Il y a une mine de plomb que
Ion nommeJpathique , qui reffemble parfaitement à
au fpath par fon tiffu feuilleté, & qui eft une vraie
mine de plomb. Voye^Carticle Plomb. Il y a aufii une
mine d e ter fpathique, qui contient une très-grande
quantité de métal , ce qui n’empêche point qu’elle
ne reflemble parfaitement à du fpath. Telle eft la
Tome X V .
S P A 4 4 1
a in e de t a Manche d’AIvare en Ûaüphhfo. f W
Tamck Fer* Tout cela prouve que le coupufceil ex*
terieur ne peut fuffire pour nous Élire connoître ia
' nature des pierres , qui ne font prefque jamais ho*
mogenes & pures, lors même qu’elles le paroiffent.
On peut donner le nom de fpath calcaire à toute
pierre calcaire qui paroît compofée d’un affemblage
de lames ou de feuillets luïfahs i ëinfi les flalaaites
les congélations t fisc, font du fpatà, Les particules
luifantes que 1’on.remarque dans le marbre de Paros
font auffi .fpathiques ; mais elles font enveteppées
d’un gluten qui leur donne la dureté dumarbrefKri
Paros , Marbre de. En général il paroît que le
fpath eft là pierre calcaire la plus pure, & que les
feuillets ou lames dont il eft compofé' eft la' figure
propre à cette pierre , iorfqu’elle eft dâhs fa plus
grande pureté.
On a cru devoir s’étendre fur cet a rticle, vu quë
le fpath, parla variété dé fes figures, de fes couleurs
& de fes propriétés , eft une pierre d^achoppement
pour tous ceux qui commencent à s’appliquer à l’étude
de la minéralogie. On fe flatte qu’au moyen de
ce qui a été dit ici , on pourra fe faire une jufte idée
du Jpath, qu’on le diftinguera des pierres gypfeufes
& des pierres talqueufes qui font feuilletée/comme
il l’eft ordinairement, & fur-tout qu’on ne le ccrifon*
dra point avec le quartz ; inconvénient dans lequel
font tombés prefque par-tout les auteurs anglois •
qui donnent indiftinftement le nom de Jpath à toutes
les cfyftaliifations qui accompagnent les mines. D ’un-
autre cote, l’on ne fera point furpris des grandes, va*-
rietes de cette pierre, quand on considérera que dans
fa formation elle a pu le combiner avec des fucs la-
pidifiques d’une nature différente de la Tienne , ce qui.
en a pu foire un corps dont les propriétés ont été a 1-*
ter.ees. Tout fpath pur eft une pierre calcaire & en à
les propriétés. Voye[ Pierre. (—)
SP A T H A , Ç Lexic. medic. ) o*rrd&n ; Ce terme eft
fingulierement équivoque ; il lignifie quelquefois une
côte, fouvent une fpatule dont fe fervent les Àpoti-
caires ; dans Celfe , L V il. ci X. une efpece de bi*
ftoun ; d autres fois, une forte d’épée tranchante '
enfin , il défigne l’enveloppe extérieure du fruit du
palmier. ( D. J. )
SPATHALIUM, (Littéral.) GTraùaxîoy, efpecô
de bracelet rouge que les damas romaines portoienÉ
fur le poignet, tel à-peu-près que feroit un bracelet
fait de grains de coraiL; mais le même mot dans Martial
, defigne une branche de palmier avec Ion fruit.
SPATULE , fi f. eft un infiniment dont les ChU
rurgiens & les Apoticaires fe fervent, qui eft plat pat
un bout & rond par l’autre, & qui fert à étendre les
onguens.
Ce mot vient du latin fpatka, du grec anaALv, qui
a la même lignification.
Les Chirurgiens ont de petites fpatules d’acier $
les Apoticaires ont aufii de grandes fpatules de bois,
pour remuer leurs drogues quand ils les délayent,
les mélangent, & les font bouillir.
La fpatule des Chirurgiens eft longue de cinq pou»
ces deux ou quatre lignes ; on la divife en deux parties
, dont une qui eft véritablement la fpatule, fe
nomme la palette, & l’autre fon manche. La palette
va du manche en augmentant jufqu’à fo fin ; elle a
deux pouces de long fur une ligne & demie d’épaif-
feur ; un des côtés eft exactement p lane, & l’autre
va doucement en arrondiffant.
Le manche eft une tige irrégulièrement cylindri-»
que ; il va un peu en diminuant jufqu’à fon extrémité
, oii ilfe termine différemment fuivant la volonté
des chirurgiens.
Les uns y font ajouter de petites rainures tranfver-
foles après l’avoir un peu applatie & recourbée; ce
K k k