d’un pont qui établissait jadis la communication
entre Gori et cette populeuse vallée, que des culées
penchées dans le fleuve.
Plus loin, quatre ravins qui débouchent dans
le Kour, coupent le chemin ; ils ont été creusés
par les eaux dans un sol consistant par en haut
en alluvion, et par en bas en molasse. Cette molasse
se montre sur une marne ou glaise schisteuse
bariolée de toutes couleurs, dont les couches,
très-feuilletées, sont recourbées en forme
de dômes ou de dos sous la molasse.
Après un trajet de 10 verst, j ’approchai du
village actuel d’Ouplostsikhé, et je me trouvai en
face d’une montagne de forme grotesque, qui
surgit tout à coup au bord du Kour comme une
muraille crénelée et en ruines (i).
Toutes ces roches sont de molasse, dont les
couches ne sont pas horizontales, mais se relèvent
du sud vers le nord sous un angle de 20 à
25°, représentant ainsi des lits nombreux déchirés,
rongés, fendus et traverses de veines
dans tous les sens,
La plupart des couches ont une épaisseur de
plusieurs pieds.
Quelques-unes sont plus tendres que d’autres :
elles ont une couleur grise, jaune ou verdâtre ,
comme la vraie molasse de Fribourg en Suisse.
(1) Voyez atlas, IVese'rie, pl. 1.
Dans la même couche, on trouve souvent des
masses dures qui résistent à toutes les intempéries
de l’air, tandis que ce qui l’entoure est
rongé très-rapidement et tombe en sable jaunâtre.
D’autres couches sont d’un grain fin homogène
; d’autres sont remplies ou de gravier ou de
cailloux de schiste, de grès, de quartz, etc. Quelques
blocs sont d’une grandeur considérable ,
et comme noyés dans la molasse ; d’autres renferment
des masses rondes cristallisées à demi,
foncées, quelquefois noires. Des rognons ferrugineux,
des veines dans tous les sens sont
communs : souvent ces veines ou filons qui se
croisent sont de gypse transparent.
De loin, la vue de ces couches rongées sous
toutes espèces de formes, simulant des corniches
immenses, des figures bizarres de tous les
genres, sur lesquelles végètent péniblement des
genevriers épars et des plantes épineuses, est
très-extraordinaire.
Au pied de ce rocher s’étendent les huttes de
terre du village d’Ouplostsikhé qui remplissent
l’angle qui reste entre le K.our et la montagne
élevée, à son plus haut point, de 6 à 700 pieds
au-dessus du fleuve. Une vieille église, toute
rongée par le temps, cadre fort bien avec la
pauvreté du village.
De toute antiquité, il paraît qu’une population
nombreuse s’est attachée à ce sol, l’une des plus
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