a consacré inutilement 5,ooo toumans en farine,
en chaux qu’on délayait avec le sable pour l’affermir.
Le seul moyen serait de planter toute la
1 aviné et d affermir d’abord la terré.
Ainsi sur la plus grande partie de ces 23 verst,
nous ne vîmes que de la neige et pas un seul
village. Le terrain que nous parcourions était
légèrement ondulé, élevé de 5 à 6oo pieds au-
dessus du niveau de la Zenga, et tournait autour
de deux cônes volcaniques, dont l’un, moins
considérable , s’élevait à peu de distance de
Karavansérai, tandis que l’autre, beaucoup plus
imposant, couronnait l’extremité d’un promontoire
qui s avançait depuis l’Agmangan contre
la Zenga, à laquelle elle fait faire un détour de
io verst. Cette pyramide isolée et écrasée est le
Kiotangdagh.
Vis-a-vis du Kiotangdagh, sur la rive droite
de la Zenga, s’eleve un autre cône isolé; c’est
celui du Kami Arakh; de façon que la Zenga,
qui coule d abord encaissée dans des formations1
volcaniques, s’engorge entre les deux volcans
éteints, où elle ne passe que sur des pier-res
ponces, de l’obsidienne noire et de l’obsidienne
perlée, dont la plus grande partie a coulé du
cratere du Kiotangdagh : nous passâmes pardessus
ces coulées où plusieurs fissures me permirent
d’examiner la roche jusque dans son
sein et d’en rapporter plusieurs échantillons.
Ayant tourné le Kiotangdagh, nous entrâmes
dans un ravin par où passe un ruisseau qui se
jette dans la Zenga, et nous retrouvâmes une
vaste enceinte comme celle de Tchagris à Ran-
damal ; rien que collines, que digues de lave
déchirée, brisée, que blocs isolés , le tout coupé
de ravins semblables à des déchirures ; c était la
surface d’unie vaste coulée de lave qui s’était
étirée, tiraillée, tourmentée : M. Elie de Beau-
mont a décrit ces accidents de terrain sous le
nom de cheires, en sicilien schiarra (1).
Ce champ de débris s’étend entre le Kiotangdagh
et le Nieghart-hassar ou Naltapa, et forme
un plateau de plusieurs verst de large, élevé de
quelques centaines de pieds au-dessus de la
Zenga, se terminant le long de la rivière comme
une muraille dans laquelle on entrevoit aussi les
étages des coulées de lave.
Plusieurs belles sources qui jaillissent du pied
des montagnes font la richesse d’une dizaine de
villages, qui trouvent moyen de tirer parti de
ces amas de pierres et de leur faire produire
quelque chose.
Mais la plus grande partie de la population
est concentrée le long des bords de la Zenga
elle-même , où les beaux et grands villages
(1) Mémoires pour servir à une description géologique
de la France, t. IV, p. 63.