bord fort bien, s’éleva à une hauteur de 2 pieds,
et sécha ensuite. Le même résultat a été obtenu
dans deux années consécutives.
Il a aussi fait quelques essais avec la vigne,
dont il a reçu des plants de Crimée. En voulant
la tenir basse et la traiter comme en France,
pendant trois années de suite on a eu une floraison
superbe et abondante, mais pas un grain de
raisin. Tous les fruits sont tombés à peine noués.
La cause en est dans les rosées excessivement
abondantes, qui entretiennent une humidité
perpétuelle jusqu’à plusieurs pieds au-dessus de
terre, tandis que la vigne qui est sur les arbres
est au sec et ne souffre pas du tout.
Parmi les raisins indigènes , on m’en montra
plusieurs espèces excellentes, entr’autres :
i° Une espèce à grains ronds de la grosseur
du chasselas ordinaire : il est très-sucré, ne devient
jamais noir. Sa chair est rosée, donnant un
vin délicieux, rose : le pédoncule du raisin devient
très-rouge à la maturité autour du placenta.
Cette espèce n’était que peu propagée, et
ne donnait que 4o védros (1) de vin, qu’un colonel
de Koutaïs achetait à raison de 5 fr . le védro.
2° Une espèce très-rare, à grains blancs, allongés,
gros, charnus, assez semblable au plant
(1) Le védro équivaut à 16 ou 17 bouteilles de Bordeaux.
de malvoisie, donne aussi un vin délicieux.
L’espèce commune est peu juteuse, a le grain
d’une grosseur au-dessous de la moyenne, la
peau épaisse, très-noire ; le vin est d’un beau
rouge.
La récolte, chez M. Mar, commence à la mi-
novembre et se continue jusqu’à la fin, et jusqu’en
décembre. On ne cueille que le raisin mûr,
et on laisse celui qui ne l’est pas terminer sa maturité.
Le vin fait avec du raisin qui a supporté
quelques gelées , n’en est que meilleur, que
plus fort, que plus capiteux. Les moindres qualités
sont les plus hâtives.
Le prix ordinaire est de 4 à 5 fr. le védro de
bon vin. M. Mar en vend pour 2,000 à 2,5oo fr.
par an à Koutaïs.
Madame Mar, Espagnole de naissance, me
mena chez madame la princesse, femme de
George Eristaf, et soeur du prince Lévan , da-
dian de Mingrélie. Cette princesse connaît déjà
les usages du grand monde, et nous reçut sur
la vaste et belle galerie de son château d’été (1).
Tout le pourtour de la balustrade, à l’intérieur,
est garni de bancs, sur lesquels on étend des
tapis pour les hôtes un peu distingués. Madame
Mar, qui avait appris le géorgien, me servait
d’interprète avec ces dames.
(1) Voyez un dessin de cette maison, IIe série, pl. 5.