fils encouragèrent Miri à bâtir non loin de là le
bourg d’Atèni, en lui donnant à lui et à sa postérité
ce territoire, son peuple, le marché, l’église
du marché, dont j ’ai parlé plus haut, etc. Comme
les rois d’Arménie d’alors, Bagrat prend le titre
de roi des rois, et son fils porte en attendant
celui de couropalati, charge d’honneur auprès
des empereurs de Constantinople. Parmi les termes
les plus inusités se trouve celui de darbasita
pour p a la is, qui rappelle le Tsikhédarbasi, ancien
palais des rois des Lazes, près de Koutaïs.
J’ai déjà expliqué l’origine de ce terme.
La dernière inscription dont je parlerai est
une des plus remarquables en ce qu’elle est en
langue et écriture slave antique : on en trouvera
un dessin, IVe série, pl. 32.
Les peintures à fresque à moitié effacées de
cette église de Sion, étaient expliquées par des
légendes géorgiennes. Quant au grossier parvis
ou iconostase qu’on y voit actuellement, il est
évidemment de beaucoup postérieur à la construction
de l’église, et je ne sais d’où les Géorgiens
ont enlevé les tronçons brisés et les piédestaux
de marbre blanc dont ils l’ont orné : cela a
dû appartenir à quelque temple. Auquel? Cela
viendrait-il des ruines d’Armasi ?
Je vis aussi, des deux côtés de cet iconostase,
deux grandes rosettes en croix très-bien travaillées
, avec des lambeaux d’inscriptions géorgiennes
qui ont été apportées d’autre part.
J’ai déjà fait la remarque que les églises et en
général certaines constructions du pays, quoiqu’en
pierres de taille, n’avaient jamais la solidité
de nos constructions d’Europe. Ces pierres de
taille ne sont que du pur revêtissage, que des
plaques minces qui ne servent jamais à lier la
muraille et même pour les ajuster plus facilement,
les angles, au lieu d’être droits, sont aigus,
de façon que les pierres ne sont en contact que
par quelques points, et c’est sur ces points que
repose toute la charge. Aussi la plupart des
pierres ne tardent pas à éclater , à se fendre, et
toute une partie du revêtissage se détache de la
muraille et s’écroule, sans entraîner pour cela la
ruine de l’édifice. J’ai vu des églises superbement
travaillées qui ne dataient pas de 6o ans et qui
déjà tombaient ainsi en ruines. Cela se voit aussi
souvent en Arménie.
Sion était la résidence d’un évêque ; son siège
existe derrière l’autel, et trois estrades qui se
cerclent autour du choeur, étaient destinées à son
clergé.
Aujourd’hui Sion n’a plus de berger ni de
troupeau spirituel : ses parvis déserts, quoique
bien loin de tomber en ruines, ne servent qu’aux
troupeaux de brebis qui s’y réfugient comme
dans ime étable, et chaque année il faut que les
bergers déblaient la couche énorme de fumier