avec des inscriptions tatares (persanes); ce qui
me prouva que ces figures n’ont pais été employées
exclusivement par les Arméniens comme
je le pensais auparavant. J’y vis un mausolée
dodécagone de genre persan supérieurement
construit en pierres de taille de grès rouge (1).
Un cheval sellé, bridé, avec étriers, kindjal,
sabre recourbé* d’un travail assez grossier et
sans inscription, reposait aussi sur une tombe en
guise de monument (2).
Au pied de la coulée de lave qui supportait la
citadelle et la ville haute, s’étendait le long de
l’Araxe la ville basse et quelques jardins abandonnés
depuis longtemps. Les piliers d’un ancien
pont sur l’Araxe existent encpre.
Les Arméniens montrent près des ruines de
Karakala l’arbre sous lequel ils supposent que
Job reçut la visite de ses trois amis. J’ignore sur
quoi ils se fondent pour prouver que le pays de
Huts, d’où était Job, répond à la province arménienne
d’Ararad.
A deux verst de Karakala, nous descendîmes
insensiblement de la coulée de lave dans la
plaine basse de l’Araxe, que la lave n’encaisse
plus. Les collines d’argile feuilletée ou de trass
sur lesquelles a coulé la lave, se retirent au S.E.
(1 ) Voyez ce mausolée, Atlas, IV e série, pl. 29.
(2) Voyez Atlas, IV e série, pl. 28.
et font un long circuit en longeant le pied des
montagnes, et en revenant le long du pied de
l’Ararat.
La plaine est extrêmement unie* à peine élevée
de quelques pieds au-dessus de l’Araxe, et sans
pierres. De nombreux Canaux l’arrosent dans
tous les sens, et vont même longer le pied des
montagnes. Cette plaine, par un effet d’optique,
au pied des montagnes, paraît plus basse que
l’Araxe, qui, à différentes époques , a parcouru
toute cette étendue ; il n’est pas difficile de concevoir
comment Ardachar se trouve aujourd’hui
à 6 verst de l’Araxe.
Ce sol de glaise fertilisée est couvert de villages
en terre* entourés de jardins et de superbes
champs.
Jusqu’à Karakala la petite pluie du matin avait
rendu notre marche très-silencieuse; toute la
caravane était sérieuse ; mais à peine eûmes-nous
atteint la vaste plaine de l’Araxe, que le temps
se remit et que la gaîté ranima notre troupe
engourdie, qui reprit ses j eux, recommenç3a ses
évolutions. Tout le long du chemin ce n’était
qu’attaque, poursuite de cavalier à cavalier ; on
sé lançait le djérid ou bâton brûlé par les bouts,
en cherchant à atteindre du plus près possible
son adversaire qui s’enfuyait bride abattue,
et qui esquivait fort souvent par son adresse les
coups qu’on voulait lui porter. En pleine course,
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