foncent la muraille de l’autre ; de grosses pierres
roulent sur le plancher ; les planches cèdent
et des nuages de cendre et de poussière remplissent
ma chambre, où j ’écrivais tranquillement
mon journal; le plancher s’enfonce, et un pauvre
petit garçon trop curieux tombe à travers
les fentes en poussant des cris lamentables ; je
me précipite hors de cet affreux spectacle, et
prêt a passer le seuil de ma porte, je me trouve
face a face avec madame la princesse, qui se sauvait
aussi sans voile pour se réfugier dans la
hutte voisine. Elle était effectivement belle,
grande, bien faite, jeune encore ; cependant son
costume n’entrait pour rien dans sa beauté ; car
il ne consistait qu’en une robe de soie grise, façon
géorgienne, dont les. longues manches,
qu’on peut mettre et ôter à volonté, pendaient
sur ses épaules, laissant voir la robe de dessous
d’une couleur plus claire, pour laquelle les dames
préfèrent le vert, le rose, le rouge, qui
ressortent d’autant mieux. Il n’j a pas de pays
ou elles poussent plus loin la coquetterie qu’ic i ,
quoiqu’elles ne se voient qu’entre elles. On n’en
verra aucune aussi qui n’ait les cils ou sourcils
peints en noir ; quand les sourcils sont trop larges,
on les rase pour leur donner l’air d’arcs.
Une femme non fardée, quel crime de lèze-poli-
tesse, si elle osait se présenter ainsi. Cela Va
sans dire qu'on ne manque jamais non plus de
se teindre les ongles en rouge avec du henné ;
les femmes âgées qui ont des prétentions s’en
peignent aussi les cheveux.
Je trouvai impatronisé chez madame la princesse
, le chef du district de la Sarapana : on
me logea dans la même chambre que lu i, et je
ne fus guère édifié de sa manière de traiter les
affaires en lisant sa gazette.
Une affaire qui l’appelait au monastère de
Djroudji le dérangeait beaucoup, vu qu’il fallait
quitter sa gazette et le coin du feu, pour s’exposer
aux intempéries de la saison , dans des vallées
sauvages. Je le priai de me permettre de
l’accompagner , ce qu’il ne pouvait me refuser.
A peine avions-nous quitté Satchekhéri, que
nous fûmes assaillis par une bourrasque de neige
qui ne cessa que lorsque nous approchions du
monastère, éloigné de i 3 verst. Il domine une
gorge, au fond de laquelle coulé la Djroudjoula,
qui se jette dans la Kvirila. La route qui mène à
Oni, dans le Ratcha , où les tsérételli ont aussi
de beaux domaines, passe par ici.
Le trajet que nous avions fait jusque-là nous
avait d’abord mené à travers un pays collineux,
couvert de débris de calcaire crayeux ; en descendant
dans le lit de la Djroudjoula, quenous côtoyâmes
l’espace de 8 verst jusqu’au monastère,
nous ne trouvâmes que des roches mélaphyri