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diplomatiques), ses images, ses croix,
ses perles, son or et une foule de prisonniers.
Les Karthles regorgèrent de
butin.
1661. Lévan. La Chronique géorgienne de
M. Brosset le nomme Chahman-Dawlé ;
peut-être n’est-ce qu’un titré ou un
surnom. Lévan mourut en 1680 (i).
11 m’est impossible de poursuivre plus loin la
généalogie de ces princes : les troubles continuels
qui désolaient l’Iméreth et la Mingrélie
avaient attiré les armes des Turcs, qui s’étaient
rendus ces pays tributaires.
En 1769, sous le prince Katsi Dadian, on vit
pour la première fois les armes des Russes en
Mingrélie venir défendre les droits du prince
contre les envahissements de la Turquie. Dans
le traité, qui fut fait en 1774, entre la Turquie et
la Russie, la Mingrélie fut reconnue indépendante*
et la Turquie renonça au tribut d’esclaves
qu’elle percevait sur ce malheureux pays.
En 1804, George Dadian, fils de Katsi, se
reconnut définitivement vassal de la Russie ;
m Chardin est en contradiction avec lui-même ; il
suppose le successeur de Vamik, petit fds de Lévan, p. 128,
et p. 124, il le fait fils de Joseph, frère de Lëvan. PeyS-
sonnel (Essai sur les troubles de Perse et de Géorgie,
p. 22) est de ce dernier avis.
Depuis lors les rapports n’ont pas varié entré
l’empire de Russie, et les Dadians. Le Dadian
actuel Lévan, est fils de George.
Le système féodal est ici la base de toute administration
; c’est la féodalité dans toute sa
force , dans toute sa pureté, telle que les races
germaniques nous l’ont apportée de l’orient ;
mais ici elle est devenue coutumière au suprême
degré. Enracinée depuis des milliers d’années
sur ce sol, elle a modelé depuis longtemps les
esprits, l’intelligence, les préjugés : tout est devenu
routine jusqu’à la bizarrerie* Le serf qui
doit labourer le champ de son seigneur, s’il est
habitué à tirer son sillon dans un sens, ne le titrera
dans l’autre sous aucune condition. « Mon
aïeul l’a fait ainsi ; si vous voulez faire autrement
, trouvez quelqu’un d’autre que moi. » Celui
qui sème est autre que celui qui laboure et
que celui qui récolte.
Un vassal est obligé par servitude de donner
lin ou une domestique pour le service de son
seigneur : vous croyez, que celui-ci a plein droit
de l’employer comme il lui convient ? Point du
tout. Si vous voulezrfaire faire au nouveau venu
quelque chose d’autre que ce qu’a fait son prédécesseur
vous n’y parviendrez pas. « Mon aïeul,
vous d ira - t- il, versait à boire, et c’est mon
affaire ; trouvez quelqu’un d’autre qui vous cuise
du pain. » Il en est de tout ainsi.