de sources ; toutes les eaux se perdent dans les
fentes et crevasses de ce volcan éteint et ne ressortent
qu’à l’extrémité d’une coulée de lave, à
moitié chemin entre Etchmiadzin et Agdja-
Arkh, où l’on voit d’abord un petit lac nommé
Aïgher-Ghoul (lac des étalons), rempli d’une
eau limpide et profonde, mais sans écoulement.
Il est à moité encaissé dans la lave poreuse et
gèle en hiver (1).
Plus bas, à peu de distance, à i 5 pieds à peu
près au-dessous de son niveau, jaillissent les
sources nombreuses du Karasou qui s’échappent
aussi de dessous les laves. Elles sont rangées en
demi-cercle sur une distance de plus d’un ~ verst
et s’écoulent toutes dans un grand marais qui est
à quelques pas de là, et qui abmente le Karasou
(eau noire) (2). Ces sources ont + i 3° de température.
Jamais elles ne gèlent en hiver^ni même
le Karasou qui est extrêmement poissonneux.
Cette rivière arrose en grande partie la plaine et
la fertilise.
M. Chopin m’avait chargé d’examiner s’il n’y
aurait pas moyen d’élever les eaux du lac pour
(î) Selon Saint-Martin, Mém. hist., I, 63, ce petit lac
portait anciennement le nom de Kaïlod, lieu rempli de
loups, et le Karasou celui d’Arhoun.
(2) Les Arméniens appellent ce marais Tsevtchour.
Klapr. Mém. relatifs à l’Asie, p. 297.
alimenter un canal qui allât fertiliser une partie
inculte de la plaine. Il sera facile de comprendre
d’après la description que je viens d’en faire,
qu’il serait inutile de vouloir le diguer, vu qu’il
n’a point de déversemeut, et qu’il paraît nourrir
une partie des sources du Karasou, qui sont au-
dessous et qu’il faudrait commencer par boucher,
ce qui est impossible,
A 12 verst d’Etchmiadzin sur le Karasou , et
à € ou 8 verst du lac en descendant, se voient
les ruines d’une petite ville qui s’appelait jadis
Dadéa, son nom actuel est Seidabad. Dans le
deuxième siècle de notre ère, le roi Diran I la
donna au Persan Trovasb son ami (t).
Nous allâmes passer la nuit à Agdja-Arkh, chez
le prince Djalil-Beg, ancien topchi-bachi ou
commandant de l’artillerie du sardar d’Erivan.
Il nous reçut avec toute la pompe des Persans,
dans sa hutte d’hiver, au milieu de son écurie ;
mais il avait eu soin de tendre tout l’appartement
de riches tapis ^ et de cette façon nous
n’eûmes rien à craindre de l’indiscrétion du
bétail.
Pendant que l’on préparait le souper, le général
m’apprenait à prononcer quelques lettres
géorgiennes et à les écrire, et ce n’est pas chose
facile pour un Européen et surtout pour un
(1) Sain t-Martin, 1. c. I, 63.
III.