si haut au-dessus de votre tête sur une avance
de rochers, présentent leur sein entr’ouvert et
effraient l’imagination. Il serait impossible au
milieu de cette belle végétation, dominée par ces
remparts et ces masses énormes de murailles, de
se croire à Tiflis ; on se supposerait plutôt près
des ruines de Heidelberg, si des costumes
orientaux sous ces ombrages ne vous ramenaient
en Asie.
Un canal tiré du Tsavkissi arrose le jardin. La
rive opposée est bordée d’autres jardins qui appartiennent
à des particuliers (1) et près du sommet
de la colline,- là tm ne croît plus rien à cause
de la sécheresse du sol, se dégradent les tombeaux
en briques des Persans dont le style a
♦ quelque chose d’élégant et de pittoresque (2). 1
En poursuivant votre route , vous trouverez
sous ces noyers terrassés et cette vigne en berceau
où des Géorgiennes qu’étouffent leur teha-
dra par une marche pénible sous ce brillant soleil,
se croyant seules, le soulèvent ou même
(1) On cultive dans les jardins de Tiflis des amandiers,
des abricotiers, des pêchers, des poiriers, des pommiers,
le prunus avium (merisier), le prunus cerasus (cerisier),
le prunus insititia (le prunellier domestique), le prunus
domestica (pi-unier), la figue, la grenade, la noix, la noisette,
la jujube, le lotus, la mûre, la vigne, la corme, le
coing, la nèfle. Stéven.
(2) Voyez Atlas, IVe série, pl. 29.
s’en débarrassent pour jouir de l’air ambiant qui
le s restaure, un sentier qui s’élève petit à petit
sur la pente de la montagne; on l’a bordé de
clombes, et les lézards, les scarabées brillants se
jouent sous les pierres.
On plane de plus en plus sur la vallée toujours
plus sauvage, et l’on se croit au terme possible
de sa promenade quand une petite porte s’ouvre.
En effet, vous êtes parvenu jusqu’à cette muraille
que fit construire le fameux Châh-Abas,
pour couronner le mont Solalaki de toute sa longueur
(1), et vous ne faites qu’un pas pour passer
de la sauvagerie d’un paysage à tout ce qu’il
y a de plus vivant. Vous planez sur toute la
ville de Tiflis comme sur une carte de géographie
: vous voyez toutes les personnes qui passent
dans les rues ; vous les reconnaissez ; vous
êtes au marché, au bazar, à la place de parade,
au pont, à la procession d’église à la fois, et si
vous voulez jouir à votre aise, allez vous placer
sur le bastion à demi-renversé qui forme l’extrémité
delà grande muraille, et qu’on appelle encore
1? trône du Chah [Chahi talcht), vous aurez
encore un plus grand contraste : le vallon du
Tsavkissi d’un côté et Tiflis.de l’autre ; ne craignez
pas les lézards qui se cachent sous les
• (î).Voyez cette longue muraille et le trône du Chah
dans la pl. 24 de la IIe sei-ie de mon Atlas,