'KocXauoç, eto-Topa, ancienne bouche, embouchure.
Si c’est par là que débouchait le Phase, cela ne
peut avoir eu lieu qu’à une époque très-reculée ;
car Slrabon en parlant de la position de l’Em-
porium de Phasis, dit bien qu’il est entre le lac,
la mer et le Phase, ce qui prouve que le Phase
avait déjà alors un cours indépendant du lac
comme aujourd’hui.
Il n’est resté de traces de cette ancienne communication
du lac avec le Phase, que par le canal
Nadorta ; il paraît que les Romains qui le creusèrent
sous l’empereur Justinien pour se fortifier,
trouvèrent un aneien bas-fond, un ancien bras
desséché dont ils profitèrent : c’est ce que l’inspection
des lieux m’a prouvé. Nettoyé dernièrement,
ce canal n’a que 10 à 12 pieds de large;
il est entaillé dans un terrain de dépôt semblable
à celui des bords du Phase. Ses rives n’ont pas
plus de 6 à 7 pieds d’élévation au-dessus des eaux
basses du fleuve, et quand les eaux sont hautes,
tout est inondé et on peut aller en cayouque dans
les forêts qui bordent le canal.
Si le Phase se jetait par-là dans la mer, le lac
n’était alors qu’un golfe profond et commode;
il s’est changé en un lac salé de 7 verst de long
sur 4 verst de large, sans compter les marais qui
l’entourent. Ses bords sont couverts de joncs et
de roseaux et par conséquent très-bas ; ils n’ont
guère plus de 2 à 3 pieds d’élévation. Les forêts.
ne commencent qu’à quelque distance des rives,
qui restent nues par le bord septentrional qui
avoisine la ruine du vieux castel.
Un canal naturel fait communiquer ce lac
avec la mer. Cette communication d’abord fut
directe; mais la barre la bouchant sans cesse
l’a détournée et repoussée toujours plus loin ;
de façon que le canal, qui commence à 1 verst
au-dessus de Poti, n’arrive à la mer qu’à 8 verst
au sud de l’embouchure du Phase. A sa sortie du
la c, il a communément de 200 à 25o pieds de
large, et jusqu’à 10 à 12 pieds de profondeur :
on dirait d’abord qu’il court se jeter tout droit
dans le Phase, dont il n’est séparé que par une
langue de terre de | de verst de large; mais revenant
tout à coup sur lui-même, comme effrayé
de son entreprise, il suit la direction que j ’ai indiquée
ci-dessus (1).
L ’espace compris entre le Phase, les canaux
et le lac Paléastome est donc un vrai delta, de
la même nature que les autres îles vastes et nombreuses
qui partagent le fleuve et qui sont si
basses qu’elles ne manquent pas d’être inondées
quand les eaux sont hautes.
(1) On pourrait envisager la première partie du canal,
comme appartenant encore à l’époque où le Phase traversait
le lac ; dès qu’il changea de cours, la barre dut fermer
le canal, et lui faire prendre une autre direction , le courant
n’étant plus assez fort pour lutter contre la barre.