plus grandes ont servi de refuges aux habitants
du pays dans les époques d’invasion, telles que
celles des Tatars et des Turcs. J’ai déjà çité à
cette occasion celle de Mourvan-Krou oü le
sourd qui fait le sujet des traditions des habitants
du pays (1).
11 a suffi, pour la plupart de ces cavernes,
d’en murer l’entrée, de la percer de quelques
fenêtres comme une façade , et la maison a été
faite : d’autres ont été agrandies , régularisées ,
etc. On en compte plusieurs étages les uns sur
les autres , et qüelques-unes sont si élevées qu’il
est de toute impossibilité d’y parvenir aujourd’hui.
Comment y montaient les anciens habitants
? Elles sont toutes inhabitées , excepté celles
dans lesquelles se sont établis les habitants
actuels du village et du monastère de Gvimé,
où nous nous arrêtâmes après avoir passé les
deux premières fois la Kvirila.
Ici, par un luxe particulier, presque toutes
les maisons de Gvimé sont bâties en entier avec
toit et murailles dans l’intérieur d’une série des
plus vastes de ces grottes dolomitiques qui se
suivent en file au pied du rocher. Une deuxième
rangée de ces grottes était perchée au-dessus, le
long d’une légère corniche qui servait de rue. Il
n’y a plus dans celles-ci que l’église du village
(1) Voyez le IIe tome de mon Voyage.
qui, quoique assez vaste et commode , est bâtie
aussi tout entière sous la voûte de la plus
grande des cavernes : elle est construite en
pierre de taille de calcaire dolomitique, et richement
ornée de sculptures et de. croix. On
nous montra les calices , les croix, les ciboires ,
le livre dont la femme du roi David II fit cadeau
à l’église. Mais ce qui excita encore plus mon intérêt
, fut la porte à deux battants qui est en face
du choeur ; chaque battant , qui peut avoii
1 i pied de large, est d’une seule planche de
vigne} on le raconte ainsi ^ au moins n en ai—je
pas pu juger autrement sous les sculptures et ciselures
dont on les a couverts.
On peut faire tout le totir de l’église. Il y a
même eu assez de place à côté pour y bâtir une
petite chapelle 5 le dessus de porte en est orne
d’une inscription dont les lettres sont très-maniérées
et ornées comme celles de Tsikhé-Dar-
basis, dont j’ai donné un fac-similé (1).
Derrière l’église, dans la grotte qui a 5o à 60
pas de profondeur, se trouvent, outre cela, un
caveau rempli d’ossements, et à côté un grand
bassin muré, dans lequel on a fait entrer une
eau très-abondante qui tombe au fond de la
grotte sur un groupe de stalactites.
Quelques grottes qui sont sur la même ligne
(1) Voyez atlas, IIIe série, pl, 21.