est encore dans la verdure, et petit à petit, en
montant, on voit que la mort a de plus en plus
empreint ses pas jusque sur les sommets neigeux.
Pendant l’été d’ailleurs, les montagnes
sont presque toujours dans les nuages; c’est la
saison des orages , qui se jouent autour des cimes
et des pyramides glacées.
Au-delà de Simonetti, on descend dans le lit
de la Dziroula aux pentes glaiseuses, que couronne
l’ancien manoir de la famille Goudili,
aujourd’hui éteinte. Les tours de cette partie du
pays, qui servaient de heu de refuge, sont plus
larges, plus écrasées, que celles du ïtatcha; elles
vont en se rétrécissant vers leur sommet,
comme une pyramide tronquée ; du reste l’intérieur
est le même. L ’église qui dépendait du manoir
était supérieurement travaillée , quoique
simple chapelle seigneuriale. On ne me donna
pas le temps de copier une grande inscription
en caractères moitié modernes, moitié ecclésiastiques
, qui se ht sur la porte principale. Des reliefs
ornaient le frontispice : deux chevaliers
Combattaient l’un contre l’autre : un grand lion
luttait contre un chevreuil. L ’iconostase encore
subsistant était couvert de sculptures.
Au-delà du manoir, nous tournâmes autour
d’un plateau élevé pour atteindre Tchekhari,
distant de 3 verst. Tchekhari, jadis gros bourg
avec une superbe église épiscopale, n’est aujourd’hui
qu’un bazar arménien en ruines sur le
penchant d’une montagne crayeuse. Son église,
dans le style géorgien, et surtout son clocher
dodécagone avec ses douze frontons, sont intéressants
à voirt
Pendant que j’étais à faire mes remarques et à
satisfaire ma curiosité, mes compagnons de
voyage, qui n’étaient pas aussi curieux que moi,
disparurent. Lorsque je voulus continuer ma
marche , je m’aperçus que j ’étais seul, que la
nuit tombait, et que je pouvais me perdre dans
un dédale de chemins qui se croisaient dans tous
lés sens. La crainte me donna des ailes ; je ne rejoignis
mes compagnons qu’à 5 verst de Tchekhari,
sur la hauteur de Skanda, où ils m’attendaient,
pendant que l’un d’entre eux était
allé nous chercher un asile pour la nuit. Un
paysan du village voulut bien partager avec
nous Son vestibule sans porte, par une nuit qui
couvrit la terre de givre. Le cheval de l’hôte et
deux des nôtres prenaient les meilleures places;
pendant qu’on leur apportait des grappes;de millet
, on nous offrit du pain et du madjiar ( vin
nouveau.) pour notre souper, après quoi, étendus
nonchalamment sur une natte de paille autour
du feu, nous attendîmes paisiblement le jou r ,
nous retournant de temps en temps pour réchauffer
l’épaule ou la jambe sur laquelle soufflait
la fraîcheur de la nuit, ou nous rele