troisième d’Erivan, se rencontrèrent quelque
part. Le premier dit aux autres : Chez nous, l’on
ne saurait distinguer le riche d'avec le pauvre.
A Tiflis, dit le second, l’on ne peut distinguer le
jeune d’avec le vieux. Hélas! à Erivan, dit enfin
le troisième, impossible de distinguer les vivants
d’avec les morts.
Si le climat d’Erivan n’est pas favorable aux
hommes, il l’est par contre aux arbres fruitiers
qui forment le principal revenu de cette ville.
Erivan renferme près de 1,470 jardins plantés
en arbres ou en vigne. Presque chaque maison a
le sien : l’étendue de cette ville paraît avec raison
immense à un étranger, relativement à la
population qui se monte à 11,460 habitants des
deux sexes (1), répartis en 2,751 familles et dans
1,736 maisons.
Les habitants d’Erivan portent principalement
leurs soins sur la vigne, sur le poirier, le pommier,
l’abricotier, dont les fruits en général sont
exquis : les figues et les grenades ne sont qu’une
culture secondaire ; les figues de Tiflis sont bien
meilleures.
La rudesse de l’hiver force les cultivateurs à
enterrer la vigne pendant cetle saison le raisin
qu’elle produit est peu juteux, mais doux et
(1) Voyez ci-après le tableau de la population de l’Arménie.
excellent à manger. Le vin violent qu’on en
fabrique porte à la tête : on en fait même qui
brûle au feu comme de Peau-de-vie; il faudrait
pouvoir arroser la vigne largement pendant les
1 5 jours qui précèdent la récolte qui se fait à la
fin de septembre. Le vin y est traité comme
dans les. autres provinces du Caucase. Après
Erivan, lçs localités qui produisent le meilleur
sont Etchmiadzin et Parakiar. Les amateurs de
ce vin d’Arménie lui trouvent de l’analogie avec
le Madère et le Porto. Après ceux d’Iméreth et
de Cakhéthie, qui sont rouges et si agréables à
boire, j ’eus de la peine à me faire à la violence
du vin d’Erivan et à sa teinte jaune terne, tirant
quelquefois sur le brun,, qui est sa couleur générale
en Arménie, où l’on ne. -cultive presque
pas de raisins rouges.
Les Arméniens trou vent du profit à fabriquer
avec leurs vins, de l’eau-de-vie qu’ils vendent
4 francs 5o centimes la iounga ou les 5 bouteilles,
tandis qu’une pareille mesure de vin se
débite pour ,le prix d’un franc et demi jusqu’à
2 francs et demi.
L ’on exporte les beaux fruits d’Erivan jusqu’à
Tiflis, où l’on sait les apprécier : mais la majeure
partie sont séchés, surtout les abricots, qui sont
devenus un .article de commerce. Non séchés,
ils se vendent 4 francs la charge de 4oo livres