Les vallées adjacentes furent aussi ravagées à
différentes époques. Il ne reste pas pierre sur
pierre du trône de Tiridate à Karhni. Partout
des edifices ruinés ou renversés par les commotions
volcaniques, parmi lesquelles l’histoire
d’Arménie cite encore celle de i 3ig , qui détruisit
beaucoup de villes et de villages.
En 1,827 » au mois de novembre, un événe-i
ment de ce genre renversa la superbe coupole
del église de Retcharousse, et beaucoup d’autres
églises du Gokhtchai.
A l’occident de l’Arménie, toutes lès belles
églises de Koulpé, d’Erovantagerd, d’Erovan-
tachad, d Am, ont ete culbutées, et les fragments
énormes ont été lancés comme des quilles qu’un
coup de boule aurait abattues. On a peine à
trouver de ce côlé-là un édifice intact, non£
lézardé.
A côté d’une pareille dévastation, n’est-il pas
surprenant que sur l’Ararat même ,• les deux
églises d Arkhouri et de St—Jacques soient parfaitement
conservées, quoique plus anciennes
que la plupart des édifices renversés ? Ne l’est—
il pas encore bien plus que les trois églises
d’Etchmiadzin , qui datent des quatrième , cinquième
et sixième siècles, aient résisté à toutes
ces catastrophes, quoique placées dans la plaine
de l’Araxe entre 1’Ararat et l’Alaghèz ?
M. le professeur Parrot effectua, le 9 octobre;
(nouveau style) 1829, sa mémorable ascension
de l’Ararat.
Pendant que j ’étais à Arkhouri, nous voulûmes
faire causer Stépan-Aga, qui commandait les
Arméniens qui accompagnaient le professeur ;
mais nous eûmes bien de la peine à obtenir de
lui un aveu, tant il était intimidé ou plutôt indigné
de tous les interrogatoires qu’il avait été
obligé de subir à cause de cette ascension de
M. Parrot. Tout ce qu’on pouvait savoir de lui,
c’est qu’il niait que M. Parrot eût atteint le
sommet de l’Ararat : nos chèvres, disait—il dans
son dépit, vont en été beaucoup plus haut qu’il
n’a été. Quand on est obligé, comme M. Parrot,
de lutter contre des préjugés religieux, la plus
grande évidence ne peut parvenir à dissiper cet
épais brouillard.
M. Autonomoff, employé russe en Arménie, et
qui a effectué l’ascension de l’Ararat le 4 août
d 834(i), n’a pas eu un meilleur sort queM. Parrot
en Arménie ; on n’ajoute pas foi non plus à
son récit.
Que je me trouvai heureux d’avoir parachevé
mon pèlerinage jusqu’au mont St-Jacques encore
ce jour-là; car, pendant que nous étions chaudement
établis chez Stépan-Agan, très-occupés
(1) Magazin für die Litleratur des Auslandes, i 8 3 5 ,
n° 34-