tagnes s’avance en promontoire dans la plaine.
Derrière ce promontoire grande vallée circulaire
avec le village de Sadaraki. De Védi jusqu’ici,
cette partie de la plaine, qui forme un
demi-cercle en s’éloignant d’une vingtaine de
verst de l’Araxe, est très-fertile, mais peu peuplée
à cause du manque de sources. Il paraît
cependant par des ruines de moulins dans des
ravins desséchés, qu’il n’en était pas de même
jadis, et qu’une cause quelconque, un tremblement
de terre peut-être, a fait disparaître ces
sources et leur a procuré d’autres issues. Dans
cette plaine, Védi a des eaux acidulées et
Dévalou, des eaux chaudes. Kussus qui est au-
dessus de Védi, sur le même ruisseau, est riche
en pétrifications.
Le côté est de la vallée de Sadaraki est fermé
par le promontoire si intéressant de la Dagna,
qui, se détachant comme le promontoire précédent
de la chaîne principale, va heurter contre
l’Araxe. On appelle aussi ce promontoire
Degmakh Dagna, place ou heurte (l’Araxe); de
degmakh, heurter.
Ce promontoire, près d’atteindre l’AVaxe,
présente une large ouverture entaillée dans le
calcaire noir et la porte de Dagna proprement
dite. Il est fort probable que l’Araxe lui-même
passait jadis par-là; plus tard il a obstrué lui-
même ce passage avec des cailloux et du gravier :
cette digue naturelle a à peu près 10 à 12 pieds
au-dessus de la plaine.
La Dagna ou ouverture est restée un marais
presque impraticable, où jaillissent une multitude
de sources qui ont à peine un écoulement.
La plaine qui entoure le promontoire est ce qu’on
peut voir de plus uniforme au monde, de façon
que sans cette digue de 10 à 12 pieds, rien n’empêcherait
l’Araxe dans ses épanchements de reprendre
son premier cours, et de rentrer dans
son ancien lit, dont il reste des traces très-visibles
le long de l'une des côtes du défilé. La
barre du Rhin qui, près de Sargans, digue ce
fleuve et l’empêche de reprendre son cours primitif
à travers le lac de Wallenstadt, donne une
idée très-exacte de cette barre de la Dagna.
La plaine qui est de l’autre côté de la Dagna,
vers l’est, est salée.
A quelques verst en avant de la Dagna , nous
avions passé à côté des ruines d’une forteresse
ou plutôt d’un karavansérai en briques, dans la
plaine.
En continuant notre route vers Norachène,
nous trouvâmes tout prè^, à peu de distance de
la Dagna, Gkoutchu ou Damourtchi Kouchou,
village avec une forteresse, puis Zevet Dou-
denghi (Zeiva Dodenghia) qui n’est qu’à 2 verst
de Norachène, où nous reçûmes l’hospitalité chez
un seigneur persan.