et de l’autre toute une caravane de Perse arrêtée
devant le grand caravansérai d’Arzerouni,
qui retire 60,000 francs de ce vaste et bel édifice
décore d’une colonnade dorique du côté du
fleuve. Chaque marchand qui loge dans son caravansérai
lui paie, selon une taxe convenue,
tant pour 100 de la vente de ses marchandises,
pour location, et rien de plus.
En nous pressant à travers tous ces chevaux
persans chargés de caisses et de ballots, nous arriverons
devant la belle cathédrale de Sion, bâtie
en pierres de taille, avec son dôme pointu. Elle
était dépendante de l’évêque de Tiflis (Tibiélé).
Aujourd’hui les Russes y célèbrent le service
divin.
Le devant de l’église est toujours assiégé par
des mendiants qui offrent le triste spectacle de
l’humanité honteuse dans toute sa crudité. Le
coeur se soulève à la vue de tous ces haillons de
la misère, rangés le long de la muraille, qui
crient saus cesse eristessé (une charité) en cherchant
leur vermine.
Le quartier qui ayoisine Sion est le plus beau
de l’ancien Tiflis ou Kala. Excepté ces deux ou
trois rues, on ne voit qu’un amas de mauvaises
huttes séparées par d’étroites ruelles tortueuses,
semées d’immondices; point de façade, point de
fenêtres ; le plus souvent une porte donne toute
la lumière nécessaire. Mais petit à petit les
Russes changeront la face de la ville | qui a déjà
bien gagné depuis eux, après l’horrible dévastation
et le pillage de cette capitale de la Géorgie
par Aga-Mahomet-Khan, dont le nom sera
longtemps en souvenir d’exécration en Géorgie.
A l’une des extrémités de la grande rue est la
place de la Police, où l’on peut trouver le premier
exemple des nouvelles constructions du
gouvernement russe. Ici reparaissent ces édifices
à colonnes qui se ressemblent d’un bout de
l’empire à l’autre. Un corps-de-garde de Tiflis
ne diffère en rien de ceux de St-Pétersbourg ou
de Mittau.
Pour arriver à la grande place de Tauris,nous
traverserons la petite place de Sardarabad où
se rassemblent les ânes chargés de charbon.
On conçoit la consommation qui doit s’en faire
dans des boutiques toutes ouvertes où l’on ne
se chauffe du matin jusqu’au soir qu’avec du
brasier : il en est de même dans l’intérieur de
beaucoup de maisons.
La place de Tauris est encadrée de quelques
beaux bâtiments, parmi lesquels se distinguent
le palais de l’état-major, le gymnase, etc. .
En prenant par le bas de la place, la rue de
la poste débouche sur une seconde grande
place, celle d’Erivan, maigrement entourée de
quelques bâtiments rapetissés par la grandeur de
l’espace. Une belle perspective s’ouvre sur la