la montagne sur le sommet de laquelle est le mo-
nastère, on côtoie la rive gauche de la Bzoudji.il
est peu de pays qui soient mieux arrosés ; outre
les rivières que je viens de nommer, nous rencontrions
à chaque pas de petits ruisseaux grossis
par les pluies de l’automne. Les eaux étaient
très—limpides , et cette circonstance me fait supposer
qu il n’y a pas de schiste liasique dans
cette partie de la chaîne : je n’en ai vu d’ailleurs
aucune trace au milieu des débris porphyriques
et granitiques qui remplissent le lit des ruisseaux.
Jadis Tchamokmodi était un monastère fortifié
comme l’étaient tous ceux de cette contrée,
si souvent ravagée par amis et ennemis. Il a été
demantele par les Russes à la suite d’une insurrection
et de l’assassinat commis sur le colonel
Pouzerefski par un jeune garçon de seize ans.
Il n est reste au centre du fort démoli que
l’antique église épiscopalede Tchamokmodi dont
tout le Gouria ressortissait.
Ce monument remarquable se compose de
deux nefs accolées l’une contre l’autre. La plus
petite, en même temps la plus ancienne, éclairée
par un dome octogone, était murée dans l’intérieur
en briques et à l’extérieur en gros cubes
de porphyre grünstein bleu. Rongées par le
temps, ces pierres donnent au bâtiment un air
très-antique.
L’iconostase me frappa par le nombre des
figures en cuivre doré travaillées en bosse, avec
des inscriptions géorgiennes, et des petits tableaux
en émail de travail byzantin,dans le genre
des figures de Ghélati. Les inscriptions de ces
émaux sont grecques; sur quelques-uns on a gravé
grossièrement quelque chose en géorgien.
Cette église était le St-Denis des rois du Gouria.
Leurs tombeaux ne sont que des caisses ou
sarcophages en dalles rapportées : ils ont 7 pieds
de long sur 3 de large et s’elevent d’un pied et
demi au-dessus du pavé du temple. Trois ou
quatre dalles tiennent lieu de couvercles. Tous
ces tombeaux ont été ouverts et violés dans
les fréquentes invasions des Turcs. Quelques
dalles manquent çà et là et on voit les os de Leurs
Majestés entassés pêle -mêle, à moitié brisés,
attendant aussi piteusement le jugement dernier
que le Potocki de Boudzanof en Gallicie. Quelques
crânes même trament honteusement sur
le pavé moisi......
La plus grande église, qui est la plus nouvelle,
est construite en pierres de taille à l ’intérieur et
à l’extérieur. Le pavé, plus riche, se forme d’un
assemblage grossier de marbre blanc rubanné
de bleu, dans le genre de celui des colonnes des
anciennes églises grecques de la Crimée. J’ai
cherché inutilement quelques restes de colonnes
ou d’ornements. La fenêtre de la façade est travaillée
dans le genre des fenêtres de l’ancienne