sent à la construire, ce fut là que saint Grégoire
voulut constater sa victoire sur le paganisme. .
Cette église fut appelée Etchmiadzin en arménien,
c’est-à-dire descente du Fils unique, et
de nos jours c’est encore l’église patriarcale de
l’Arménie.
Tiridate fit ensuite élever deux autres églises
à Vagarchabad, sur les places où sainte Ripsimé
et sainte Caïane avaient été lapidées. Avec l’église
patriarcale, elles ont seules survécu à la ruine
de cette grande ville.
Vagharchabad cessa d’être capitale de l’Arménie
en 344 : elle tomba alors en ruines ; les patriarches
cependant y conservèrent leur siège jusqu’en
452 : plus tard ils allèrent s’établir à Tovin
auprès des rois. Ce ne fut qu’en 1441 qu’ils revinrent
occuper Etchmiadzin, l’église mère qui a subi
bien des révolutions depuis saint Grégoire l’il—
luminateur. Déjà en 618 elle tombait en ruine, et
ce fut le patriarche Gomidas qui la fit restaurer.
Le monastère même ne fut fondé que vers l’an
524, sous Nersès II, vingt-huitième patriarche
selon saint Martin, et le vingt-neuvième selon
Chardin.
L’église est bâtie en croix : quatre piliers
supportent le dôme qui forme le centre#de la
croix.
Cette église peut servir à l’histoire de la religion,
et les changements qui y ont été effectués
ne sont provenus que des innovations qui se sont
opérées dans le culte.
L ’autel principal, orné d’un dais et de colonnes
d’albâtre de Tauris, désigne l’endroit, le vrai
Etchmiadzin, oùJ.-C. apparut à saint Grégoire :
il est placé au centre de l’église sous le dôme.
C’est là d’origine qu’était la table de la cène
et des agapes, dans l’église primitive, et aucun
autre autel ne décorait alors le reste de l’église,
qui était richement éclairée par de grandes fenêtres.
Chaque abside même en avait trois. Aujourd’hui
, elles sont presque toutes murées,
principalement celles des absides, dans lesquelles
on a placé des autels obscurs qui les
masquent (1).
L’intérieur de l’église est peint à la manière
persane avec de grandes fleurs, on y soupçonne
çà et là quelques lambeaux de dorure.
La plus grande partie des nefs est fermée aux
profanes par une balustrade ; les moines et les
choeurs seuls osent pénétrer dans cette espèce
de sanctuaire qui comprend aü moins les trois
quarts de l’église. Lors des cérémonies religieuses,
les moines et les jeunes aspirants vien—
(1) Tous les tableaux des autels 'ont été peints par un
Arménien nommé Nagache Jonathan, qui vivait du temps
de Thamas-Kouli-Khan, autrement dit Nadir-Chah, c’est-
à-dire après 1736.