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griffon déchirant aussi une biche , ce qui rapelle
si bien les fables et les devises des rois du Bosphore,
qui, comme je l’ai prouvé plus haut, ont
été aussi maîtres de la Colchide. Cependant ces
sculptures ne paraissent pas remonter si haut :
elles sont dans le style des moulures et des chapiteaux
de l’église métropolitaine de Koutaïs (1).
Il n’en est pas de même d’un autre relief qui,
muré au milieu des premiers, m'a paru des plus
remarquables : il représente un roi ou prêtre
assis dans un fauteuil orné, et portant une grande
coupe à ses lèvres : à droite un homme assis sur
un pliant regarde cette cérémonie; plusieurs
autres figures l’entourent. Le cadre de ce relief
est composé de figures de griffons, d’un loup
dévorant nn homme, etc., les griffons sont à peu
près comme dans les autres reliefs ; mais le style
de la sculpture est très-différent; les figures sont
mieux dessinées et le cadre est d’un fort beau
travail (2).
La façade d’entrée précédée d’un portique est
décorée, sous l’angle du fronton, d’une figure
de J. C. tenant les deux doigts en l’air, avec
l ’inscription géorgienne suivante gravée en belles
lettres sur les deux jambages de la grande fenêtre.
« J’étendrai ma main vers le ciel ; je jurerai
(1) Voyez atlas, IIIe série, arch. pl. 21 , fig- 6 et 7.
(2) Même planche, fig. 8.
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de la main droite, en disant : je suis vivant dans
l’éternité. »
L ’ouvrier qui a construit l’église a aussi mis sur
cette fenêtre son nom en fort belles lettres en
relief ornées comme à Nikortsminda. «Krist,
aie pitié de l’architecte Mikael Ouplari. >•
La corniche du choeur est marquée de caissons
sur lesquels on a sculpté de doubles figures
de saints, très-durement travaillées, à peu près
comme à Nikortsminda, ou comme au monastère
de Sion.
Aucune inscription ne faisant mention de la
date de la fondation de cet édifice, ce n’est que
par analogie que je pourrai la fixer : elle appartiendra
à la fin du onzième siècle, ou au commencement
du douzième; on peut la placer
entre la construction de l’église métropolitaine
de Koutaïs et celle de Nikortsminda.
On s’est, servi d’un calcaire crayeux jaunâtre
comme pour les églises de Koutaïs, de Ghélathi,
de Nikortsminda ; les restaurations ont été faites
en tuf.
A quelques pas de l’église un vieux clocher
noirci par le temps, et qui m'a plutôt l’air d’avoir
été une tour de refiige comme celle du Ratcha,
sert d’habitation à un vieux moine qui s’est logé
tout en haut, et qui a fait voeu de n’en jamais
sortir. On monte chez lui par un long escalier
de bois appuyé contre la tour ; c’est l’échelle de