premier village ont le droit d’exiger de ceux de
Ghébi un boeuf, qu’on mange en commun à la
fête de Pâques.
Dans le petit résumé historique de la Géorgie
qui est en tête du second volume, j ’ai traité des anciennes
voies de communication qui faisaient du
Souaneth un pays de passage important. Le pays
a encore actuellement, à travers le Caucase, deux
chemins de communication avec les vallées de la
Téberda à l’ouest de l’Elbrous, et avec celles du
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Baksan à l’est. Le gouvernement russe a voulu
faire reconnaître ce dernier passage : l’officier
de l’état-major, prince Chakofskoi, chargé de
cette mission, l’a accomplie on ne peut mieux
en juin i 834. Les Souanes l’accompagnèrent
jusque chez un de leurs konacs de l’autre pente
du Caucase, qui le remit à son voisin ; le prince
arriva ainsi d’étape en étape à Pétigorsk où je
l’ai vu. Il avait pris le costume tcherkesse, et
s’était laissé croître la barbe ; mais comme il ne
savait aucun mot de la langue du pays, il fut forcé
de contrefaire le muet toutes les fois qu’il fut
rencontré par quelqu’un d’étranger.
Il me reste encore à parler des richesses minérales
de ce pays : il paraît qu’il renferme des
mines de plomb et de cuivre que les Souanes
savent fondre, tandis qu’ils ignorent, dit-on,
l’art de traiter le fer. Quand à l’or qui de tout
temps a embelli les mythes de la Colchide et que
l’on recueillait alors chez les Souanes, il paraît que
t ô ü t cela n’est pas pure fiction. La Genèse, II, n ,
ne cite-t-elle pas déjà le Phison, notre Phase, qüi
passe en tournoyant à Iravèrs Îe pays d’Havila
où se trouve de l’or? Strabon qui connaissait si
bien la Colchide, qui la décrit d’une manière si
viaaie, ne dit-il pas que chez les Souanes et leurs
Voisins* l’on rècueillait l’or des rivières sur des
planches creuses percées de trous ou sur des
peaux couvertes de leurs toisons ? Appien fait le
même rapport. . . . Le mythe de la toison d’or
s’est répété d’âge en âge chez les peuples de la
Grèce. Cet accord général doit avoir été basé
sur quelque fait. Or l’on sait que de tout temps la
Tskhénitskali, on dit aussi l’Abacha, ont charié
des paillettes d’or, et il n’y a pas cinquante ou
soixante ans que les rois d’Iméreth affermaient
encore le droit de recueillir ces paillettes. Les
Souanes soumis à Dadian, occupant la haute
vallée de la Tskhénitskali, il serait facile de s’expliquer
comment c’est chez eux qu’on a reporté
la source de ces richesses (i).
Pour être conséquent, M. Eichwald qui confond
les Soüanes avec les Tsannes, chez lesquels sont de riches
mines de cuivre et d’or dont parle déjàProcope-, nie, p. 333,
Alte Géographie, etc., qu’il y ait lçs moindres traces de
mine d’or chez les Souanes, et que le pays puisse en receler.
Les mines de cuivre et d’or de Procope sont à Gou-
michekané, dans le voisinage de Trébizonde et sont très-
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