partie du royaume d’Abkhasie et de Géorgie
sous David II et sous Thamar, qui soumirent
petit à petit l’intérieur du Caucase et le convertirent
au christianisme.
Quand le royaume d’Abkhasie et de Géorgie
comme un vieil habit usé tomba par lambeaux,
l’obéissance des Souanes devint nulle : les Soua-
nes seuls de la haute vallée de la Tskhénitskali
restèrent soumis au Dadian de Mingrélie ; les
autres Souanes des rives de l’Engour furent gouvernés
héréditairement par des anciens et des
princes dont les démêlés causèrent souvent des
troubles dans le pays.
En dernier Heu les dissentions qui se sont élevées
entre eux, les sont engagés les uns et les autres
à se soumettre à la Russie qui a accepté leur
soumission en i 833. L’un des princes du pays
s’adressa pour cela au gouverneur d’Iméreth, le
général Vakoulski, pendant qu’un autre prince
faisait ses offres d’hommage à un général de la
ligne.
Les nouvelles données statistiques russes font
monter la population des Souanes de l’Engour
à 3o,ooo âmes distribuées sur une étendue de
3,5oo verst(i). Gtildenstâdt y comptait 5,ooo familles
pendant que Reinéggs réduisait ce nombre
à deux mille et quelques cents.
(i) Statistique d’Evetski, p. 169.
Ce sont de robustes montagnards , à peu près
comme les habitants du Haut-Ratcha, vivant
frugalement et en paix chez eux. Leur pays est
pauvre en général ; mais cette pauvreté ne les
a point entraînés au brigandage; ils laissent leurs
voisins en paix ; mais il ne veulent pas non plus
qu’on vienne lés tourmenter chez eux.
Reineggs (1) qui a traversé leur pays, en fait
un tableau que je vais reproduire : «11 est à
peine, dit-il, parmi les autres Caucasiens un
peuple plus malpropre, quelque belle que soit
leur figure et leur stature, chez les deux sexes.
Leurs maisons consistent en pierres posées à sec,
ou en treillis enduits de terre, sans fenêtre. Un
toit plat de poutres recouvertes de terre n’a
qu’un trou au mifieu pour laisser passer la lumière
et la fumée. Toute la famille, homme,
femme, enfants se contente d’une couche qu’elle
partage avec le bétail. Ils ne connaissent pas
l’usage des chemises et portent l’un sur l’autre
deux ou trois habits étroits qui ne recouvrent
ni la poitrine, ni l’avant-bras, et qui n’atteignent
pas le genou. Un tablier leur tient Heu de pantalons,
et de longues bandes de drap roulées autour
des jambes sont leurs bas. Ils enveloppent
le pied nu d’un morceau de cuir non tanné,
pointu par devant. Quelques-uns portent un
(1) Reineggs, II, 15 et seq.