jusqu’à Tiflis, où une nouvelle fente ou éclusô
s’ouvre pour laisser repasser le Kour. Toute cette
chaîne consiste principalement en schiste noir-et
en grès crayeux : le schiste se montre ici à nu avec
ses singulières ondulations de couches »Ses masses
ont été bouleversées et soulevées ici comme
partout ailleurs, et le point de réunion du Tsav-
kissi et du Kour, au milieu même d£ Tiflis, est
le centre de cet effort plutonien : là , sous les
roches schisteuses, on voit surgir des jets de
porphyre pyroxénique (1) qui, en s’épanchant
au milieu des schistes, en ont empâté quelquefois
des masses considérables. Le lit du torrent
du Tsavkissi (2) est une vraie déchirure dans
ces terrains du milieu desquels jaillissent, sur la
rive droite du torrent , de superbes sources
chaudes^ulfureuses qui fournissent l’eau nécessaire
à plusieurs bains : ils sont assez bien entretenus
et fort fréquentés , surtout par les
femmes, qui se plaisent à y faire des parties de
plaisir. Je trouvai la température de ces sources
de 35 à 37° de Réaumur (3).
(1) Voyez Atlas, Ve série géologie, plans, coupes, pl. 3.
(2) On appelle.aussi Dobakhan, Zarkira.
(3) Rottiers,p. io 5 de son Itinéraire, dit qu’elle est de
4o° et en donne l’analyse suivante que je n’ai pu vérifier.
Sur 100 livres d’eau :
Subcarbonate de soude. 19 grains.
Sulfate de soude. 36.
— —
Tiflis doit sa première origine à ces bains
chauds, qui lui ont fait donner le nom de Tbilis :
la racine tbl et tpi, dans les langues slaves et
géorgienne^, exprime la chaleur, d’où téplo,
chaud en russe, le tepidus des Latins, Tôph'z,
Célèbre par ses bains chauds | etc.
Avant l’an 38o de J.-C., Tiflis n’était qu’un
village; mais s©us le règne de Varza Bakour, le
gouverneur persan qui venait de ravager le Rani,
le Movakhani, trouva cette position propre à s’y
fortifier, et il construisit, près de ce village, le
fort de Khouristsikhé; et en 455 (1), Vakhtang
Gourgaslan y fonda le Tiflis actuel, qu’il divisa
en trois quartiers, Khalissi, la ville forte, aujourd’hui
Khalaubani, Tbilissi, ou étaient les
bains, et Nissam, aujourd’hui le faubourg d’Av-
labar, sur là rive gauche du Kour, en face des
deux premiers. Il orna ce dernier quartier de
Muriate de soude. 24
Subcarbonate de chaux. 20
— de magnésie. 8
— de fer. 2
Terre siliceuse. 9
Extrait résineux. 4
Ces sources, selon lui, ressemblent à celles de Tibe-
riade.
(1) Chronique de Rlaproth, éd. ail. Dans son Voyage,
éd. franc., il écrit 469.