apparemment un ouvrage de l’a rt, et que cou-'
ronnaient de grandes ruines qui témoignaient
de l’existence d’un magnifique château. Il ajoute
que c’était la que les rois d’Arménie allaient
prendre le divertissement de la chasse, particulièrement
pour la grue et pour le canard.
Nul doute qu’il ne parle ici d’Ardachar.
Mais comment se fait-il.qu’aujourd’hui il ne
reste pas le moindre vestige < de ruines aussi
remarquables ?- Y aurait-il quelque vérité dans la
tradition qui prétend qu’un sardar d’Erivan fit
emporter toutes les pierres qu’il put trouver à
Ardachar pour des constructions de la forteresse
d’Erivan. C’était faire, venir de bien loin ( de
4o verst ) des pierres quand on en a si près.
La ville même d’Ardachar avait à peu près
7000 pas de tour, et était défendue comme la
forteresse par une double muraille en partie en
briques et en plus grande partie en terre glaise,
tirée du fossé. Il n’y a pas de traces visibles de
grands édifices, excepté quelques fondements
de murailles et les ruines d’une petite église.
Vers le sud, au centre du vaste rempart, je
trouvai une dizaine de collines tumulaires formées
uniquement de débris de vases et d’ossements
brûlés. Elles ont de i 5 à 20 pieds d’élévation.
La poterie de ces vases dont je ne déterrai
que des fragments, me parut fort remarquable
en ce qu’elle était vernissée, démaillée
comme notre poterie ordinaire, de dessins jaunes
ou verts (1). Tous ces vases ayant servi à des
usages funéraires que l’introduction du christianisme
en Arménie à fait disparaître, étaient
antérieurs au troisième siècle de notre ère. Je
ne sache pas qu'on ait trouvé nulle part de la
poterie ainsi vernissée plus ancienne que celle-
ci, car ni Panticapée, ni la grande Grèce, ni le
nord de l’Allemagne, si riches en urnes de tous
genres, n’en ont offert d’exemples.
Parmi ces débris vernissés s’en trouvaient
d’autres non vernissés, mais ornés de dessins en
relief.
Quelques murailles qui liaient ces collines funéraires
entre elles , renfermaient des jardins
plantés d’arbres, dans les bas-fonds.
Le beau quartier de la ville était entre ces
collines et la forteresse : la partie qui s’étendait
au sud vers l’Araxe était occupée par des jardins.
Voilà ce que je trouvai de cette grande ville
(1 ) La couleur générale, qui est ordinairement verte,
ayant été appliquée, on a gratté dessus, avec un instrument
quelconque, les dessins et arabesques dont on voulait
orner le vase, puis on a rempli les places grattées avec
un autre émail plus foncé qui paraît comme en creux, tandis
que la teinte générale est en relief. Ce creux et ce relief
se remarquent facilement au simple toucher.