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bonnet fronde comme les Imérétiens, sur leurs
cheveux hérissés et crépus : le plus grand nombre
va nu-tête. Les filles vont aussi nu-tête; les
femmes mariées s’enveloppent la tête d’un linge
rouge qui ne laisse voir qu’un oeil. Elles portent
un long habit de toile, le plus souvent rouge,
boutonné par devant, et par-dessus en hiver
un voile grossier de drap ; en été ce voile est
de toilè rouge.
« Ils ne récoltent que de l’orge, du millet, des
oignons, des radis et du tabac ; mais leurs troupeaux
de chèvres sont nombreux et ils ont beaucoup
de poules. Ifs n’ont point de s e l, et ne
mangent que de la viande rôtie. En hiver,
ils ont du pain d’orge mal cuit sous la cendre ;
en été ils préfèrent une pâte épaisse de millet
(gômi).
« Leur pauvreté ne les empêche pas de rechercher
les chaînes d’or et d’argent pour s’en parer,
hommes et femmes. Pour boire, ils n’ont qu’une
tasse commune, qui est ordinairement d’argent:
ils incrustent volontiers leurs armes de ce métal.
«Le prince David aurait pu être fier de sa
beauté et de sa taille superbe. Malgré tant
d’avantages corporels, il était si craintif qu’il
ne quittait jamais son village, et ne déposait que
rarement; même chez lui, sa cuirasse, son pistolet
et son poignard. »
Les Souanes de la Tskhénitskali sont encore
chrétiens et ont des prêtres et des églises : ils
relèvent de l’évêque de Mingrélie. Mais quant
à ceux de l’Engour, à peine ont-ils conservé
quelques traces de leur christianisme * et savent-
ils faire le signe de la croix; ils n’ont ni prêtres,
ni églises ; aucun d’eux n’a été baptisé.
LeSouaneth, outre la vallée de l’Engour, comprend
nombre de vallées latérales, dont la plus
considérable est celle du Nakar. La population
est répartie par villages, bâtis en partie comme
Reine ggs les décrit; quelques-uns ont des tours
comme dans le Haut-Ratcha. La carte de l’état-
major de Tiflis en indique 26 ; c’est la première
carte qui l’ait fait; car on n’en trouve aucun
marqué ni sur la carte du général Khatof, ni sur
les autres plus anciennes, excepté sur celle qui
accompagne la relation du père Archange Lam-
berti(i). Rograchi, le plus élevé de ces villages sur
l’Engour, n’est séparé deGhébi quepar un contre-
fort du Passmta : chaque année les habitants du
(1) Voici les noms de ces 26 villages. Sur FEngour, en
commençant par sa source : Bograchi, Moudjalou, Tsiormi,
Moulakh, Mestia, Lentéra, Sala , Latani, Dolg, Iscour
(Scuroti , Lamberti), Ghesséri, Dimkhéra, le Petit et le
Grand Likha (Lacqua, Lamberti), le Grand Lakhmoula,
tous sur la rive droite du fleuve. Sur le Gouba : Soupi,
Katskhi et Pari. Sur le Tsarèli : Tsarèli, Kakheldache
et Tchoubari. Sur le Nakar : Nouka, Lachekharache,
Tavrar, Djoukhrani, Jéroukal.