sa ruine. L’évêque n’en parut pas très-affecté;
il se peut bien que son inlreprête lui ménagea
un peu, dans la traduction, la vérité des paroles
du général ; du moins, il ne fut pas converti.
Le général major Dadian ne se lassait pas de
remontrer à son frère combien il y avait de faiblesse
de sa part à supporter l’ambition tyrannique
de sa femme et les intrigues calomnieuses
de l’évêque, l’encourageant à mettre fin à tous
ces troubles en éloignant de lui les Tsérételli.
Tout à coup on le vit expirer à la fleur de l’âge,
au commencement de l’hiver de i 833 à 34-
Le corps fut exposé selon l’usage, entouré de
ses enfants dans la plus profonde affliction.
L ’évêque devait venir faire les prières pour les
morts : au heu de paroles de paix et de consolation,
on n’entend sortir de sa bouche que des
anathèmes et des malédictions contre le défunt.
Les enfants, outrés de tant d’indignité, portent
plainte jusqu’auprès du général en chef, le baron
Rosen.
On eut bientôt un autre sujet d’horreur et
d’épouvante; depuis quinze jours lq cadavre
était exposé, et aucune mauvaise odeur ne s’en
exhalait : il sortait du sang par tous les orifices
du corps ; on cria au poison. On s’expliqua le
fait ; des évacuations multipliées avaient vidé
l’estomac et le bas-ventre. C’était un effroi général
; chacun craignait d’être empoisonné à son
tour : tout était en confusion, quand le prince
régnant, amenant avec lui l’exarque de Koutaïs
pour les funérailles du défunt, arriva à Martvili
où on avait transporté le cadavre pour y être
déposé dans le tombeau de sa famille.
L ’accusation était générale ; une foule de cin-
constances concouraient à prouver la part que
Lévêque avait pu prendre à ce crime. D’accord
avec le gouvernement, Dadian écrivit à son
beau-frère la lettre suivante : « Mon oncle, ayant
appris que votre santé exigeait les soins particuliers
des médecins, que l’on ne peut obtenir que
très-difficilement dans ce pays, je vous prie
d’accepter la permission que je vous donne de
résigner votre évêché, pour que vous puissiez
vous rendre quand vous le voudrez et pour aussi
longtemps qu’il vous plaira à Koutaïs ou à Tiflis,
ce qui est entièrement à votre choix. » Dadian
nomma aussitôt l’archimandrite du monastère
de la Khopi pour le remplacer.
Nakolakévi (Archéopolis ou Aea).
Je désirais faire de plus longues recherches
dans ce célèbre Martvili. Mon guide m’avertit
que le prince Dadian, campé dans la plaine où il
chassait, attendait pour entrer au monastère que
j ’eusse quitté son logement. Je renonçai à mes
recherches pour lui faire place, et nous nous