Gori, si je voulais passer par Satchekhéri, où il
avait affaire. J’acceptai avec jo ie , me réjouissant
fort de faire ce détour qui me menait dans l’une
des vallées les moins connues du Caucase : pas
un voyageur ne l’avait visitée, à ma connaissance,
avant moi.
Je quittai à regret Koutaïs, le 1 ^ , et
je jetai pour la dernière fois les yeux sur ce
Phase-Rion, qui grondait sourdement contre
les rochers que l’automne parait encore de pla-
neres jaunissants et de la verdure du buis, du
grenadier et du jasmin blanc.
Ayant traversé la Tskaltsitèli, au-dessous de
la belle grotte , nous abandonnâmes la grande
route de Souram pour nous tenir sur la hauteur,
au milieu des cônes porphyriques qui ont façonné
ce côté du bassin de la Colchide. Des
lambeaux de craie montent et descendent, suivant
les ondulations des ravins. Au fond de celui
de la Sabanella, je retrouvai le calcaire blanc
de Sakharbet et de Gariskhèvi, mêlé de silex
jaspé rouge ou jaune. C’est ici que M. Ehren-
berg aurait pu faire des observations multipliées
en faveur de ses nouvelles découvertes de carapaces
siliceuses d’infusoires dans les sémi-opa-
les et les silex pyromaques.
Plus loin, en montant sur les hauteurs de Si-
monetti, reparaissent les formations tertiaires
de l’argile feuilletée et du calcaire grossier oolithique
ou coquiller. Ce sont les analogues du
tertiaire de Kertche. Des myriades de petites Vénus
composent principalement ce calcaire ; les
autres coquillages sont rares.
Cette observation , unie à celles que j ’ai déjà
faites plus haut à Bagdad, à Kvantche-khara, à
Surapana, à Ghélathi, prouve que tout le bassin
de la Colchide a été un bassin tertiaire ; qu’à
l’époque du dessèchement du bassin, il s est fait
de grands bouleversements, des soulèvements ,
dans différentes parties du bassin , puisque quelques
lambeaux de ce tertiaire ont été portés jusqu’à
près de 2,000 pieds au-dessus du niveau de
la mer, pendant que d’autres sont restés dans le
fond du bassin ; qu’enfin les jets de porphyre
pyroxènique ont été les principaux agents de
ces changements, vu que l’on retrouve leurs
masses et leurs filons jusque dans les formations
les plus récentes.
Le village de Simonetti, placé ou plutôt semé
au long et au large sur un plateau élevé de forme
radoucie, domine toute la plaine de la Kvirila .
On y jouit de la vue la plus magnifique sur toute
la chaîne d’Akhaltsikhé , dont les pointes et les
cimes, dessinées de noir et de blanc, font un
effet qu’on ne peut rendre. L’automne est la
plus belle saison dans ce pays-ci pour jouir
d’une vue des montagnes, pour admirer de brillants
reflets d’ombre et de lumière. Le pied