et festoyant, mon Nicolas à la tête. Quels estomacs
que ceux-là ! Je fus bien fàcbé de l’interrompre
dans son hilarité, pour l’engager à lever
la séance, et à partir pour Signaghi, où nous
devions aller passer la nuit dans le voisinage
d’un maison de chasse de Dadian.
Phasis et Poti.
Signaghi à 7 verst de Nakoiakévi, a un bazar
et une vieille église; il est déjà dans la plaine
uniforme du Phase entouré de bouquets de bois
de hêtres, et dans une position superbe pour des
chasses. Chemin faisant, le prince Ghiboidzé me
donna des échantillons des talents de Son faucon,
qu’un fauconnier portait encapuchonné sur le
poing derrière lui. Depuis Gordi, nous nous
étions amusés souvent de ce délassement; et
même chez Alexandre Dadian, il y eut une
grande lutte, pour savoir lequel l’emportait du
faucon de ces deux chasseurs.
Partis le 26 septembre pour Sakharbet, nous
passâmes au pied du château de Chekhèpi dont
j ’ai parlé plus haut et qui appartient à Nicolas
Dadian, qui réside ordinairement à Kvasikhori,
à 2 verst de Signaghi.
Les soulèvements de la craie s’avancent jusqu’ici
; plus avant dans la plaine, les porphyres
mélaphyriques n’y causent que de légères bour-
soufïlures.
Nous passâmes la nuit à Sakharbet bien fatigués
d’avoir trotté dans une boue épaisse qui
recouvre infailliblement les routes de l’Odichi
après les moindres pluies. Les efforts que faisait
mon cheval firent tomber du pommeau de ma
selle où je le tenais suspendu, l’étui de fer-blanc
où je mettais mes dessins ; je ne m’aperçus de
ma perte qu’à Sakharbet même; aussitôt Nicolas
sauta à cheval et partit comme un trait pour
aller à la recherche de mes trésors ; il était consterné
de mon malheur, tant il avait pris part à
mes recherches, et y mettaitdu prix. Trois heures
après je le vis accourir en triomphe levant en
l’air l’étui brillant, où il ne manqua rien du tout.
A force de demandes, de recherches, il était parvenu
à apprendre qu’un paysan l’avait trouvé
et l’avait emporté chez lui; croyant avoir fait
l’acquisition d’un bel étui d’argent ; il fallut déterrer
ce paysan dans ce labyrinthe inextricable
de sentiers. A force de patience, il le trouva;
il eut bien de la peine à le convaincre que sa
trouvaille, qu’il grattait déjà pour l’essayer,
n’était que du fer étamé.
Voulant nous rendre à Poti, nous gagnâmes
les rives du Phase, qui coule à 6 verst de Sakharbet.
A peine vîmes-nous une maison sur tout ce
trajet. Le terrain est entièrement plat. La végé