une gorge que couronnent les couches de calcaire
suspendues sur le porphyre.
Plusieurs espèces de porphyres alternent
entre elles ; ces porphyres sont tantôt verts r
durs, comme l’échantillon décrit ; tantôt jaunâtres.
Ils remontent l’Akstafa l’espace de
6 verst, après quoi le calcaire redescend pour
la seconde fois, mais horriblement mutilé, formant
d’énormes moraines, composées de débris
roules, entasses, sous lesquels percent quelquefois
les porphyres ; une terre bleue ou un jaspe
vert, comme à Baragone, se mêlent à ces différentes
roches, qui, pêle-mêle, forment une colline
de 800 pieds d’élévation.
Avant de pénétrer dans ce chaos, digne de
ceux de la côte de Crimée, je visitai les ruines
d’une église et d’un ancien village.
Au-delà, le village de Tchargatche est la limite
de cette seconde apparition du calcaire sur les
rives de l’Akstafa ; bientôt après, il remonte
rapidement sur le dos des porphyres et disparaît
entièrement. Les deux pentes de la rivière ne sont
composées que de porphyres de toutes couleurs.
Celui qui est près de Dilijan rappelle beaucoup
celui du Castèle et de l’Ajoudagh en Crimée ;
il est par miettes. Parmi les pierres tumulaires
du village, je remarquai aussi un porphyre annulaire
d’un beau vert. Les anneaux, d’un pouce
au plus de diamètre, sont de couleur brune.
Dilijan était naguère un des grands yillages
du pays. Il est dans une position très-extraordinaire,
étalé tout le long de la première assise
du sol, à îoo ou i 5ô pieds au-dessus de l’Akstafa,
et adossé à des pentes de montagnes boisées
très-escarpées} il faut aimer à monter, pour
venir s’établir dans une position comme celle-là.
Du reste, Dilijan possédait ses avantages. Son
assiette en amphithéâtre dominait la vallée, et
l’on avait de beaux points de vue sur l’autre
rivé de l’Akstafa', où les villages, perchés de
même sur des assises ou sur des plateaux de
montagnes, se voient à peine tant ils sont élevés
et perchés sur la hauteur.
Tandis que toute la plaine du Kour est grillée
par les ardeurs de l’été, on jouit à Dilijan d’un
délicieux climat, et tout est fleur et vefdure sur
les coteaux d’alentour.
Enfin, Dilijan est le grand point de communication
entre l’Arménie et la Géorgie ; c’est le
dernier village qu’on rencontre en remontant
l’Akstafa avant de passer l’Echak-Meydan, continuation
de la chaîne du Bambak qui sépare la
Géorgie de l’Arménie, et du système de ses
rivières.
Dilijan qui , lors du passage de Chardin ,
comptait 3oô maisons , n’en aVait plus que 140.
en 1827, lors de la guerre de la Russie contre
la Perse ; néanmoins ce village était très-floris