(leux longs côtés, On y joint encore des tapis
quelquefois fort beaux, fort riches, tapis de
Perse, tapis de Bacou, qui sont les articles qui
distinguent l’homme aisé d’avec le pauvre;
car celui-ci ne mettra pas 200 à 500 francs
sur un tapis comme le riche. Les plus beaux
sont en velours de laine dont les couleurs sont
très-vives, niais les dessins bizarres, imitant le
goût des Cachemiriens.
Ceux qui m’ont paru les plus agréables ne sont
que des espèces de feutres qui ont plus du doigt
d’épaisseqjj, mous, élastiques, et pour le moins
aussi ricljes en ornements, en dessins, en peintures
que les autres. Tous les dessins ont été
travaillés simultanément avec le feutre. Il y en a
quelques-uns qui imitent parfaitement les dessins
des châles de Cachemire : ils sont fort
chers.
Les Géorgiens aiment à relever en forme
d’estrade les places où l’on pose ces tapis; mais
les Arméniens ne le font pas ordinairement. On
s’y accroupit à la turque ; on s’étend dessus
comme on veut sur des coussins qui font le tour
de ce divan.
Le vent soufflait encore au coucher du soleil,
et le thermomètre était descendu à i 30^.
Le lendemain au lever du soleil (8 février) l’air
était calme; le joùr brillant et le soleil qui se
levait derrière l’Agmangan paraissait «comme un
disque étincelant d’argent sur un fond d’azur.
Tout était immobile dans la nature, comme dans
un moment’ de repos parfait, et des particules
brillantes scintillaient dans l’air. En sortant de
mon souterrain, je me crus transporté sous le
ciel de la Courlande lors de ces fortes gelées qui
glacent les étangs et les rivières aux environs de
Noël et des premiers jours de février. Je me
hâtai de consulter mon thermomètre ; il descendit
jusqu’à — 26° ! Je n’en pouvais croire
mes yeux , et cependant ce n’était que trop
réel.
Quand nous eûmes sellé nos chevaux, chargé
notre bagage, pris congé de nos hôtes, le thermomètre
montrait encore — 220 au moment de
notre départ.
Ali était calme et ne parlait plus de faire arrêter
son agresseur ; au contraire, il semblait
éviter tout ce qui aurait pu rappeler l’histoire
du jour précédent; j ’étais étonné; mais bien
aise de n’avoir plus à me mêler de cette affaire,
et je me tus aussi de mon côté, faisant mes réflexions
tout bas, et cherchant à m’expliquer ce
changement de conduite. J’avais déjà eu quelques
soupçons de ce qui s’était passé, et je supposai
que notre Ali, lorsqu’il était entré pour
nous préparer un logement, avait agi à sa façon,
c’est-à-dire qu’il avait commencé par faire du
train, par insulter les gens, et par en venir peut