partie est encore assez bien conservée , quoique
portant les traces visibles de l’âge : quelques
tours carrées semées de distance en distance, en
coupaient le pourtour. Voilà ce que Procope
appelait le château, les portes d’en bas.
Dans l’intérieur de la forteresse où la nature
dispute la place aux monceaux de décombres,
aux vieux fondements d’édifices qu’elle recouvre
d’une vigoureuse végétation, un vieil édifice a
encore su se faire respecter jusqu’à être reconnaissable
de nos jours sous le lierre, qui y rampe
de toutes parts : les murs sont en grandes pierres
de calcaire gris taillées grossièrement. Tout
le plain-pied, autrement dit souterrain, est aussi
voûté avec la même pierre. L ’étage avait une
grande porte avec un portique qui précédait une
grande salle : tout autour régnait une estrade en
pierre comme à l’appartement d’hiver de la reine
Thamar àVardsie ; des fenêtres basses et étroites
l’éclairaient. L ’étage supérieur avait disparu.
Voilà ce qui reste de ce palais qui était celui des
rois des Lazes.
Le portique et la grande porte donnent en
face sur une très-vieille église, très-simple, avec
un dôme fort bas dont j ’ai donné un dessin (1).
Elle est bâtie moitié en pierres, moitié en briques,
comme Pitzounda. Le choeur est simple, l’abside
( i ) Voyez Afias, IIe série| pl. 8, et IIIe série, pl. 4.
de gauche a été rajoutée plus tard. Les peintures
sont fort grossières et très-effacées. Elle porte
tous les caractères du style byzantin primitif le
plus pur. Point de sculptures ni d’inscriptions.
Rien que du lierre et des figuiers qui en voilent
la nudité.
Il est intéressant au suprême degré de retrouver
ce monument qui, selon toute apparence, date
du régne de Justinien et de l’époque où Zathus,
converti au christianisme, fit adopter ce culte
par les Lazes, et fonder une église dans sa capitale.
Il est probable aussi que ce fut Justinien
qui la fit restaurer, comme Procope le dit : « Jus-
tinien répara aussi en Lazique une vieille église
des chrétiens, dont la construction menaçait
ruine (1). »
Le clocher, en grandes pierres de taille comme
le palais, est à 100 pas de l’église ; on y monte par
un escalier muré à l’extérieur ; il est plus moderne
que l’église.
Il paraît que cette partie de Nakolakévi est démantelée
depuis longtemps, et qu’elle n’a pas pu
toujours servir à se défendre avec ses murailles
délabrées, quoique fort épaisses ; car sur un tertre
rocailleux qui remplit un des côtés de l’enceinte,
on retrouve un château fort intérieur, construit
en grande partie en cailloux, comme quelques
(1) Procopius de Edif. Just. lib. III, cap. 7.