Sous prétexte d’aller faire une visite en Turquie
, ils s’étaient fait accompagner de quelques
personnes auxquelles ils firent toutes sortes de
promesses, de ces jeunes gens sans expérience,
qui, ne soupçonnant pas le mal, sont alléchés
par l’espérance des récompenses ou par le désir
de voir du pays. Une fois en Turquie, ils furent
vendus, et les braves vendeurs d’àmes s’en revinrent
chez eux, prêts à recommencer une
seconde trahison. La plupart furent dévoilés.
L ’un d’eux, qu’on n’avait jamais pu convaincre,
a été même pris sur le fait lorsqu’il passait la
montagne avec un de ces pauvres innocents :
pour l’engager à partir, il lui avait fait cadeau
d’une maison, d’un jardin; il comptait bien l’empêcher
de venir les réclamer.
Cependant ce ne sont pas toujours les princes
et les nobles qui font ce trafic ; on a vu l’année
i 833, quatre paysans s’emparer de leur
seigneur qui était venu visiter son champ, où
il les faisait travailler. La frontière était voisine;
on l’eut bientôt passée. Là les paysans voulurent
forcer leur seigneur à leur donner une lettre
de liberté : il ne voulut pas y consentir; les
paysans le menèrent dans la ville voisine, l’y
vendirent et se firent mahométans.
Le pope qui nous traitait à Tchamokmodi,
nous disait son embarras ; il ne pouvait ni gronder
ni punir ces gens dépendant de l’église; car
au moindre mécontentement, il pouvait compter
qu’ils se sauveraient en Turquie, et que c’était
fini pour lui.
Il n’est pas de ruse que ces vendeurs d’âmes
ne mettent en pratique ; pour sauver les apparences,
à présent ils font semblant de vouloir
faire une tournée àKobouléti, se font accompagner
de quelqu’u n , donnent avis aux Turcs ,
qui se mettent en embuscade dans les montagnes
et tombent sur eux : le vendeur d’âmes se
sauve, puis revient en cachette partager le profit
avec les Turcs qui se sont saisis de la victime
et qui l’ont vendue.